Boneyard Moan - Lies & moonshine Tu l'as compris cher lecteur, il se passe un vrai truc avec le blues à Nancy, et si tu aimes ça, alors tu pourra pas consommer plus pur qu'avec ce Lies & moonshine qui viendra à coup sûr réchauffer ton salon pour cet hiver. Boneyard œuvre toujours dans un delta blues porté par John et sa voix houblonnée d'écossais et mené à la baguette par Fred et son groove à la Seasick Steve (Fred dont on t'a déjà vanté les talents il y a quelques numéros dans la chronique du premier album des Dirty Work Of Soul Brothers chez qui il tabasse également à ses heures perdues.).

Sauf que cette fois, et la basse de Max est loin d'être innocente, ça pulse un max avec une énergie rock'n'roll ultra efficace. L'alliance du classicisme de John et de la touche un peu folle de ses deux compagnons fonctionne à merveille, proposant un hillbilly blues carrément old school mais qui ne pue pas le vieux retraité et encore moins la démonstration de technique barbante.

D'autant que le trio a su varier les plaisirs, balançant tour à tour de quoi enflammer n'importe quelle salle de concert ("The devil in my soul", "Blackout blues" et sa batterie qui se prend pour une gatling) et des morceaux plus ambiancés ("Holly molly" et son design champ de coton) ou gavés de spleen et de classe ("Time" et ses solos langoureux). En faisant preuve à la fois d'audace et de concision, Boneyard Moan tient son auditeur jusqu'au bout.

Sans omettre le fait qu'il peut également se targuer d'avoir un son génial. Et ça, à l'instar de leurs compatriotes nancéien de Blondstone, c'est grâce à un enregistrement live et à des musiciens qui assurent pour de vrai, pas seulement en studio. Quand on vous dit live, c'est live de chez live, puisque le groupe s'est même passé de métronome. Les relous sortant de musicologie trouveront peut être une variation de tempo ici ou là, mais les vrais amateurs de rock'n'roll apprécieront la dynamique super vivante et fraîche d'un album qui rend de la manière la plus honnête qui soit la qualité des prestations réelles du groupe en concert. Une prod live, mais loin d'être crade, Romain (Dirty Work Of Soul Brothers) ayant encore fait une petite merveille de mixage avec une spatialisation du son absolument magnifique - que seul un lieu comme le TOTEM (R.I.P) était à même d'offrir - et des arrangements et overdubs (solos de guitare, nappes de claviers) qui viennent assaisonner tout ça de manière plus que pertinente.

Lies & moonshine est un album de hard blues bourré d'authenticité et de feeling, aussi bon dans l'exécution que dans la composition, tout en conservant ce côté blues old school de derrière les fagots comme on dit chez nous.