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Interview : Bobby Singer, Bobby Singer en intervi OU (sept. 2020)

Bobby Singer / Chronique LP > Salvation

Bobby Singer - Salvation On le savait, Casse n'était qu'une mise en bouche avant l'arrivée d'un album, un petit EP pour patienter... et on a attendu moins longtemps que prévu, le coronavirus est passé par là et Bobby Singer qui fait toujours tout tout seul (ou presque, Duarba file un petit coup de main pour l'artwork) a profité de l'isolement pour terminer son premier LP qui peut apparaître comme le salut (Salvation) en ces temps troublés. On retrouve les trois excellents morceaux de l'EP ("Nous sommes", "Leurs regards" et "En cendres" sont en face B) et vu qu'ils sont difficiles à dénicher ailleurs, c'est plutôt une bonne chose pour celui qui découvre le post-screamo-noise-core du Limougeaud.

Alors que "Nous sommes" laissait s'installer une ambiance, l'album débute de façon plus brute avec un riff de guitare pour seul préliminaire, les choses s'énervent assez vite et le chant éraillé de "Demain" nous agresse assez vite, c'est en français et c'est triste ("et demain, nos deux mains, se toucheront une dernière fois"), un adieu pour commencer, c'est particulier mais on est dans le bain. La batterie et la basse balancent une grosse dose d'énergie pour enchaîner vers "L'apogée de la médiocrité", mélange de rock ultra pêchu et de "post" quelque chose grâce à la voix samplée. S'impose alors un commentaire nécessaire, bien que seul, Olivier arrive à équilibrer chacun des instruments (guitare, basse, batterie plus sa voix) comme "un vrai groupe", tout est soigné et aucune piste n'est lésée. A lui seul, le leader de Mister Godson arrive donc au niveau de ce que d'autres ont fait à plusieurs (on peut penser à quelques vieilles références comme Amanda Woodward, Gantz ou Gameness). Et il rajoute des parties instrumentales absolument magiques comme le début de ce "Qu'importe les autres", lancinant, touchant, il finit par devenir chaotique, saturé et suffisamment excitant pour qu'on retourne la galette. Des morceaux un peu plus courts et noisy occupent cette deuxième partie qui utilise deux vieux morceaux (qui restent néanmoins excellents) pour faire durer le plaisir jusque "Morne" et sa session rythmique qui se met en avant avec le jeu sur courant alternatif de la guitare, les textes sont à peine plus réjouissants ("Je ne suis pas encore mort, juste un peu borgne. Mais pas de quoi rester morne"). Toutes les fréquences s'agitent en même temps, "Une indécence resplendissante" envoie du bois, court et intense, le morceau est la dernière attaque en règle de l'opus qui se referme avec "En cendres" (qui reste mon titre préféré).

Le trois titres avait prévenu, l'album confirme, l'homme-orchestre Bobby Singer fait dans la dentelle, alliant écorchures, puissance et dynamisme dans des compositions réfléchies et savamment mises en place pour nous estomaquer. Comme quoi, le confinement peut avoir quelques bons côtés...

Publié dans le Mag #44

Bobby Singer / Chronique EP > Casse

Bobby Singer - Casse Quand tu cherches des infos sur Bobby Singer, tu te retrouves inondé par des articles qui traitent du personnage de la série Supernatural, Bobby étant "un chasseur de créatures surnaturelles" (je cite Wikipedia, ne connaissant pas la série). Une fois le tri effectué, je découvre que derrière ce nom ne se cache qu'un seul homme (la musique laisse pourtant penser qu'ils sont au moins trois ou quatre à œuvrer), en l'occurrence Olivier, guitariste et chanteur chez les punks de Mr Godson Will Be The Last One To Survive mais ici homme à tout faire (même la prod et l'enregistrement plutôt réussi). Ce trois titres à l'artwork changeant (la vue de la Casse est différente selon les éditions) donne dans le rock métal screamo-noise (qui ne pense pas alors à nos regrettés Sleeppers ?), un truc d'écorché vif qui se laisse parfois attirer par la lumière de quelques sons clairs mais qui porte une rage (qui s'exprime en français) et la laisse s'exprimer au travers de riffs gras, de rythmiques agressives et de phrases musicales obsédantes (j'adore le riff principal de "En cendres"). Bobby Singer ne nous a offert que trois morceaux mais annonce peaufiner un album, si la solution de simplicité voudrait qu'il intègre ces trois plages audit album, j'espère que le Limougeaud en composera d'autres pour profiter davantage encore de son talent évident. Et si l'aventure pouvait se poursuivre sur scène avec quelques comparses qui exécuteraient les compos en live, l'expérience n'en serait que plus excitante.

Publié dans le Mag #41