Attention chef d'œuvre ! Voilà donc le p'tit dernier des Ramones, fils caché et illégitime de Bob Marley et Dee-Dee Ramone (on est en 2021, tout est possible). Bon, je l'ai pris lui car c'était le plus porté sur la weed mais ça aurait tout aussi bien pu être Marky Ramone (je viens de finir sa bio, je vous la conseille), Joey ou Johnny. Encore que ce dernier, c'était plus le style un papa une maman et Manif pour Tous. Bref. Tout ce petit monde a forniqué du côté de la ville rose (va savoir pourquoi, l'axe New-York / Kingston passe par Toulouse) et accouché de ce projet au cours d'une soirée arrosée.
Les reprises de standards à la sauce punk rock sont légions, donnent parfois lieu à des concepts, que ce soit sur des compilations ou même des groupes ; Me First & The Gimme Gimmes, copiés en France par L'Opium du Peuple en ont par exemple fait leur fond de commerce et ça fonctionne généralement assez bien. Voire très bien, comme c'est le cas ici avec ce mash-up.
L'album s'ouvre sur "Durango 65", instru des faux frangins débuté à sa vitesse originale (one two three four) puis ralenti en mode reggae. Bon, ça c'était juste pour nous échauffer car ensuite ça part de manière tonitruante, tout à fond, après quelques coups de grosse caisse et caisse claire et un "get up stand up" lançant le morceau "I don't wanna stand up", jusqu'au final, plus posé il est vrai de "Bye bye redemption" (song). Oui parce qu'ils ont poussé la plaisanterie avec un souci du détail extrême, jusqu'à mixer parfaitement les titres de Bob avec ceux des Ramones, les paroles, la mélodie de l'un et la rythmique, l'instrumentation des autres. Dans le même genre de délire perfectionniste mais styles musicaux différents, ça me renvoie à Wugazi, qui mélangeait très justement du Fugazi et du Wu-Tang Clan. Hyper bien aussi. Mais revenons à nos moutons, lions, zion. Ce qui pouvait s'apparenter à une blague un peu potache rend complètement accro, tellement ça joue, chante et sonne juste. Tous les tubes de Bob ont été passés à la moulinette Jah punk, sauce OCBGB et dès la deuxième écoute, c'est pas qu'on les connaît par cœur - c'était déjà le cas avant, souvent sans le vouloir - mais les versions Bobby Ramone supplantent celles de Bob Marley dans le cerveau. C'est fou. Le caractère populaire et intemporel des morceaux originaux fait que c'est un disque qui va plaire à n'importe qui, quelle que soit sa chapelle musicale. J'ai fait le test de mon côté et converti toutes les personnes à qui j'ai fait écouter ce Rocket to Kingston. C'est scientifiquement imparable. Comment ne pas craquer sur "Today one love, tomorrow the world", "Jamming affairs", "Glad to see you cry" etc. ?
Pour preuve supplémentaire, le premier pressage du LP s'est retrouvé sold out en quelques jours seulement et faudrait pas trop traîner s'y tu veux acquérir ce bel objet avant qu'il ne coûte une blinde sur Discogs. Sinon il est en téléchargement prix libre (sympa !) sur bandcamp et vraisemblablement sur toutes les plateformes de streaming, pour pouvoir les caler dans tes playlists afin d'ambiancer tes potes en soirées.
Publié dans le Mag #47