Bob Mould - Beauty & ruin Le voilà ce nouveau disque de Bob Mould, le pape du rock alternatif US, le patron des structures binaires et passionnément rock 'n' roll, le chef d'orchestre des mélodies imparables, dans le circuit depuis tant d'années, adulé avec Hüsker Dü, respecté avec Sugar et dorénavant sublimé avec la publication de ses disques sous son propre nom. Et deux ans après le fabuleux Silver age, le patron revient aux affaires avec un Beauty & ruin à ranger dans sa rockothèque au rayon des grands crûs.

Car oui, Bob Mould est et restera à coup sur un homme de bon goût. De très bon goût. Beauty & ruin, à l'artwork discutable, est ce qu'on peut communément appeler un très bon disque. Du genre de ceux qui contiennent des pépites aux accents « punk pop », acidulées et bourrées de mélodies imparables. Le gars n'est pas né de la dernière pluie, éblouissant de son talent de songwriter un disque qui ne fera pas tâche dans une discographie plus que fournie. L'homme n'a plus rien à prouver, et la mise sur le marché d'une nouvelle galette ne peut que ravir ses fans (de la première heure ou pas) et plus généralement les aficionados de power punk pop rock bien branlé.

L'entrée en matière de cette cuvée 2014 se fait en douceur avec un « Low season » au rythme lent, prenant et caressant le sublime. Ce titre est touchant tant par son caractère émotionnel que par sa puissance mélodique. Puis le rythme cardiaque en prend un coup avec le nerveux « Little glass pill », véritable bombe atomique punk rock, envoyée sur fil du rasoir, laissant présager un disque sombre et perturbé. Mais cette morosité touchante et prenante laisse vite place à un merveilleux « I don't know you anymore » single parfait que tout musicien appliqué et concerné par ce genre rêverait d'écrire, Dave Grohl en tête. Le tube parfait, acidulé à souhait et saupoudré de la touche du génie qui fait la différence avec 1000 pâles copies. S'en suivra une alternance de brûlots punk envoyés pied au plancher (« Kid with crooked face », « Hey Mr Grey », « Tomorrow morning ») et de titres plus pop mais non dénués d'intérêt (« The war », la ballade « Forgiveness », « Fire in the city »), même si tout n'est pas parfait (l'intro de « Nemeses are laughing » est un peu litigieuse, et « Let the beauty be » en formule acoustique était plus que dispensable).

La voix de Bob Mould est toujours aussi magique, son sens de l'écriture est à jamais une référence du genre, et il est difficile de rajouter à tout ce qui a déjà été dit à propos d'un acteur majeur de la scène rock indie. Sinon de répéter inlassablement que ce gars est un génie. Celui-là même qui nous fera oublier, en quatre accords, toute cette supercherie que les radios et les maisons de disque les moins scrupuleuses tentent de nous servir quotidiennement comme étant le rock. Car oui, Bob Mould est l'incarnation du rock : un mec passionné qui sait faire varier les plaisirs dans le seul but de se faire plaisir. Une référence. Lancer Beauty & ruin dans votre chaîne hifi, votre mange disque ou votre lecteur multimédia et écoutez le résultat. Vous m'en direz des nouvelles !