Quel délice ! La musique de l'all-star band de Belleville emplit de nouveau nos oreilles avec 5 titres toujours aussi pop et spatiaux. Je ne compte pas la première piste (avec le DJ remixer bricoleur The Toxic Avenger) qui n'est qu'une courte introduction instrumentale, les choses sérieuses commençant avec le titre qui donne son nom à l'EP "Turning worlds". Le temps se détend, suspend son vol, les mots s'étirent eux aussi, la sensation de ralenti disparaît peu à peu, les effets sur le chant le rendent plus direct mais malgré le renfort des guitares, le titre ne décollera jamais, préférant nous laisser dans une forme de mélancolie cotonneuse pas forcément désagréable. "Again" est davantage marqué par son tempo volontaire, la basse se fait nerveuse, les harmonies plus accrocheuses, on passe clairement en mode "rock" avec toujours ce petit goût de cold wave apporté par le timbre de Francis Caste. "Sorry" monte dans les aiguës et ne trouve pas forcément grâce à mes yeux (tout comme "The 6th continent" sur Empire of nights). "Come to me" (avec la participation des bidouillages de Clovis XIV à savoir le batteur des ex-Sna-fu Grand Desordre Orchestre) allonge un peu le propos et laisse de nouveau s'exprimer davantage les instruments. Il faut attendre l'ultime "The executioner" pour que tous les aspects de la musique de BLVL s'expriment vraiment ensemble avec un chant qui exploite toute sa palette et des instrus qui sortent davantage leurs griffes tout en restant dans cette espèce de bulle confortable où une forme de tristesse s'exprime sans faire de mal. Quand ils en ont le temps, les BLVL préparent un album et c'est une bonne nouvelle car leurs deux premiers EPs témoignent de leur talent et prouvent qu'on peut aussi bien produire des groupes énervés qu'écrire de jolies plages de douceur, et ce n'est pas Amaury Sauvé / Soja Triani qui dira le contraire.
Publié dans le Mag #41