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Biographie > Blueneck

Blueneck est depuis le début des années 2000 un collectif anglo-saxon, quartet, puis rapidement quintet, développant une musique à très haute teneur émotionnelle, oscillant entre ambient/post-rock/indie-pop et alternatif de grande classe. Hébergé par le label Don't Touch, le groupe livre en 2006 son tout premier album, Scars of the Midwest, assez remarqué dans les sphères spécialisé et tourne avec des formations britanniques comme Aereogramme, iLiKETRAINS ou Thirteen Senses. 3 ans plus tard, Duncan Attwood, Ben Paget, Johnny Horswell, Ben Green, Michael Maidment on entretemps signé chez Denovali Records, (qui a réédité Scars of the Midwest en 2008) et retournent en studio pour mettent en boîte The fallen host qui sort en 2010, avant de récidiver un an plus tard avec Repetitions, les deux albums sortant toujours chez Denovali.

Blueneck / Chronique LP > Epilogue

Blueneck - Epilogue Après trois albums de post-rock "chanté" de toute beauté (Scars of the Midwest, The fallen host et Repetitions), Blueneck a souhaité se remettre en question, effleurer le danger artistique en livrant un disque exclusivement instrumental, une forme de digression dans son cheminement créatif quasi parfait jusqu'alors. Une oeuvre pour laquelle la formation anglaise revendique des influences allant chercher du côté de Brian Eno, Air et des musiques de films signées Clint Mansell (Requiem for a dream, The fountain...) pour composer ici la bande-son d'un film imaginaire : Epilogue.

Et si l'on imaginait aisément le groupe relever ce nouveau défi sans grande crainte, on ne l'attendait peut-être pas à ce niveau de qualité. Si bien que lorsque résonne les premières mesure d'"Apogee", on sent qu'il se passe quelque chose. Quelques instants plus tard, au terme d'un "Carina" de toute beauté, on sait que Blueneck vient de marquer les esprits avec un opus qui fera date au sein de sa discographie pourtant déjà quasi irréprochable. Des mélodies diaphanes à fleur de peau, un sens de l'emphase parfaitement maîtrisée, une grandiloquence légère mais mesurée pour ne pas tomber dans le cliché cher à certains supposés "grands" groupes anglo-saxons que l'on ne citera pas, le résultat est déjà bluffant et les postrockeurs n'ont pas besoin de l'image pour libérer leurs effets.

Ceux-ci s'instillent en nous d'eux-mêmes, projetant ainsi des panoramas invisibles dans notre cortex pour ne plus en sortir et nous faire voyager jusqu'à "(eta carinae)". Le registre change alors quelque peu, passant d'un ambient/post-rock instrumental, ascensionnel et vibrant, à une musique plus expérimentale, bruitiste, parsemée de samples et de petites trouvailles sonores inspirées, avant de s'offrir le climax de cet Epilogue avec le diptyque "Civilization I & II". Ambiances étoffées, trame sonore particulièrement stylisée, les Anglais font étalage de toute leur classe et remettent le couvert quelques instants en renouvelant l'expérience sur un deuxième diptyque : "Symbiosis I & II". Un envoûtant mélange d'ambient discrètement électronique et de post-rock grésillant/velouté qui satellise l'auditeur pour lui faire atteindre des hauteurs, et quelques instants plus tard profondeurs, inattendues, ce dans un grand huit émotionnel à la classe étourdissante.

Sublime variation autour de la thématique du film imaginaire, Epilogue qui n'a du reste d'épilogue que le nom, le groupe ayant d'ores et déjà quasiment achevé l'enregistrement d'un quatrième album "classique" (son cinquième au total donc) à l'heure où sont rédigées ces quelques lignes, est une oeuvre qui boucle sa propre boucle musicale avec une finesse infinie sur "Supression"... Epilogue (là oui...) d'un vrai/faux album (le groupe ne le considérant pas réellement comme tel) pour un vrai/faux film que l'on ne verra sans doute jamais mais que l'on écoutera encore et encore avec un plaisir rare. Rideau.

Blueneck / Chronique LP > Repetitions

Blueneck - Repetitions En matière de post-rock anglo-saxon, derrière l'incontournable icône Mogwai, les formations contemporaines fourmillent depuis quelques années, s'éloignent de cette figure de marque incontournable et livrent quantité de disques tous plus réussis les uns que les autres. Jusqu'à faire du Royaume-Uni l'un des principaux pourvoyeurs de talents en la matière. Blueneck, Her Name is Calla, iLiKETRAINS, Yndi Halda et quelques autres sont de ceux-là. Les premiers-nommés, qui nous concernent aujourd'hui, ont déjà livré deux albums de haute volée (Scars of the Midwest et The fallen host), via Denovali Records, alors que sort ce Repetitions, toujours chez la même crèmerie, un disque à l'artwork sombre mais serti de deux cerfs dorés. La fameuse mode du cerf sur les albums, plutôt orientés postcore d'ordinaire, a encore frappé...

Que l'on se rassure, Blueneck n'a pas réellement changé ou plutôt s'il l'a fait, c'est pour aller plus loin vers les cimes du post-rock, déjà explorées par le passé, jusqu'à atteindre une intensité nouvelle. "Pneumothorax", première des neuf pièces que compte l'album, ne fait qu'en marquer l'évidence. Une longue intro au piano bercée par la voix brisée de son vocaliste, on vacille déjà et voici que le collectif anglais prend tout son temps avant de s'en aller tutoyer des sommets d'amplitude émotionnelle. Il a raison. Un crescendo d'une densité sensorielle incroyable, l'âme qui se déchire, traversée de parts en parts par ces torrents de mélancolie douloureuse et un climax étourdissant, Blueneck vient de marquer la scène post-rock de son empreinte. Et ne compte pas s'arrêter là. "Sawbones" le suit en promenant sa fragilité cristalline avant de s'offrir un nouveau grand-huit sur lequel les instruments s'entrechoquent pour aboutir à une nouvelle merveille de post-rock, maladif certes mais sublime.

Les morceaux se suivent et la formation anglo-saxonne poursuit cette exploration d'une âme qui semble s'être perdue dans un océan de larmes, hantée par ses fantômes intérieurs et au loin, à travers la grisaille, essaie de trouver des raisons d'entrevoir quelques motifs d'espoir à travers ce voile de déprime ambiante (le cafardeux "Venger", le très beau "Sleeping through a storm" et ses fulgurances lumineuses). "Una salus victus" fait figure de respiration minimaliste de par son ascétisme et l'économie d'effets qu'il procure, pour mieux s'effacer derrière l'un des bijoux de ce Repetitions : "Ellipsis", portée par des cordes qui emportent de nouveau l'auditeur vers son apogée, un zénith émotionnel que peu de groupes ont atteint jusqu'alors et qui ne fait que rendre le troisième opus de Blueneck plus précieux. Un album qui, avec le si bien nommé "Barriers down" et jusqu'à "The last refuge", malgré une orientation folk plaintive un peu trop appuyée sur ce dernier, réussit le coup de maître d'être un petit chef-d'œuvre quasiment de bout en bout. Et au moment de boucler cette boucle, les anglais livrent une ultime pépite avec "Lopussa"... énième preuve d'élégance d'un album à nul autre pareil. Merci.