"Attention talent". Tu te souviens de ces stickers que tu pouvais trouver sur les CDs des jeunes groupes dit "en développement" et qui, si tu étais un peu curieux comme moi, te poussaient à lancer quelques pistes de l'album sur une bonne d'écoutes avant de lâcher quelques dizaines de francs (et oui !) pour devenir l'heureux possesseur du fameux disque ? Et bien moi, je décide à ce que Embers in the dark, deuxième album de Blackbird Hill, soit mis en bac avec un sticker "Attention : énorme talent" ! Et tu vas vite comprendre pourquoi.
Originaire de Bordeaux, Blackbird Hill est un duo qu'on pourrait qualifier de psyché fuzz stoner rock. Eux parlent de garage stoner. Le principal, c'est que tu saches où tu t'engouffres en enfournant dans ta platine le skeud succédant à Razzle dazzle paru en 2020. Une guitare baritone (branchée à une forêt de pédales et d'amplis) et une batterie semblent suffire pour défier le mur du son. Déflagration garantie ! Blackbird Hill, c'est à la fois pachydermique ("Embers in the dark", "The colder the better"), lancinant ("Black feathers", "Keep up until it bleeds") savoureux ("Flatline", mon titre préféré de l'album), mélodique ("Beat the retreat") et mélodieux ("The masquerade"). Noire mais porteuse d'espoir, la musique de Blackbird Hill s'accoutume parfaitement aux voix délicieuses de Maxime et Théo. Et je peux te jurer qu'à aucun moment du disque, je n'ai éprouvé une sensation d'ennui ou de lassitude, tant la formule est riche de plans de guitare alambiqués ("Grapevines"), de riffs simples comme bonjour (l'excellent morceau d'ouverture Reset), avec de vrais refrains et de tours de passe-passe dont seuls "ceux qui savent" ont le secret. Et je peux te dire que les deux de Blackbird Hill, ils savent grave comme diraient les jeunes.
Dans un style où en pensait avoir tout entendu, Embers in the dark est une sacrée pépite bien de chez nous, qui mérite de s'écouter avec le volume à fond. Et je peux te dire que j'ai hâte que le duo vienne se produire dans mes contrées que je prenne une paire de taloches sur les deux joues.
Publié dans le Mag #53