The Black Noodle Project : Play again Quel plus bel hommage pouvait-on rendre en la mémoire de Syd Barrett (frontman originel des Pink Floyd décédé quelques jours avant la publication de cette chronique), que de chroniquer le nouvel album du plus talentueux représentant de la scène rock progressive hexagonale ? Vous me direz, se farcir l'intégralité de la discographie des Floyd en chronique... oui, mais là, l'opportunité de parler du deuxième effort studio de The Black Noodle Project était trop belle... pour les David Gilmour, Roger Waters et les autres, on verra pour les dix ans du W-Fenec (sic). Play again donc (oui, parce qu'à un moment il faut arrêter de tourner autours du pot et entrer dans le vif du sujet...), successeur du très estimable And life goes on, plutôt apprécié des spécialistes de la cause progressive (c'est à dire, pas forcément grand monde... re-sic), qui sort enfin dans les bacs après avoir été repoussé de plusieurs mois suite à des soucis de manufacturing. Annoncé, repoussé et donc forcément attendu par une poignée d'inconditionnels déjà (presque) conquis, Play again pose ses premières notes sur la platine CD et déjà le groupe nous transporte quelques trois décennies en arrière. Et là, autant dire que ça fait tout bizarre, cette impression de se retrouver dans une faille musicale temporelle, même si au passage The Black Noodle Project parvient à garder assez de modernité dans sa musique pour faire le pont entre les deux époques. Car oui, il y a des nostalgiques des grandes heures du rock progressif qui devront se pencher sur Play again, ils devraient y retrouver ce qui faisait la magie de l'époque. Tantôt spatiales, tantôt plus orageuses, les lignes de gratte planent à quelques mètres au dessus du sol avant de prendre plus d'amplitude et de s'élever encore et encore se gorgeant d'éléctricité pour se perdre dans l'atmosphère. Ici tout est question de musicalité... et pour ça, TBNP sait parfaitement y faire. Un chant pas forcément omniprésent, mais magnifiant les guitares sans jamais perdre la retenue qui fait toute sa force. Des compositions organiques et aux structures évolutives. Des solos qui évoqueront inévitablement le travail de David Gilmour sur On an island, un psychédélisme latent au service d'une musicalité étonnante, le groupe évite soigneusement de trop en faire, tout en apposant lentement mais sûrement sa griffe. Au fil des mélodies sensibles que distille le groupe, son style se révèle plus soigné, plus personnel, ses compositions d'une étonnante intensité. Le songwriting est très affiné, les compositions plutôt enlevées et si, Play again patît parfois (sur quelques passages en réalité...) un peu de l'ombre de ses illustres modèles, il n'en demeure pas moins un hommage discographique de toute beauté, inspiré et d'une maîtrise artistique impressionnante.