black_mountain_in_the_future.jpg Au risque de susciter des réactions indignées de la part des puristes, la pochette du nouvel album de Black Mountain est à mon humble avis le croisement idéal entre les artworks de The dark side of the moon et Animals, deux des albums phares de l'icône Pink Floyd. De part l'utilisation des couleurs pour le premiers et de la lumière pour le second, le visuel d'In the future est plus riche qu'il n'y paraît au premier abord. Car cette impression de profondeur qui s'en dégage doublée d'une quasi perfection géométrique, sont réellement en phase avec la musique psychée folk du groupe. Qui n'a jamais écouté Black Mountain ne peut pas comprendre comment le groupe a fait pour s'assurer une base aussi solides d'irréductibles adeptes, disséminés aux quatre coins du globe, après seulement un seul album (Black mountain, 2006). Apôtre d'un rock hanté et habité par les dieux du mouvement psychédélique des 70's, le groupe remet le genre au goût du jour à coup de compos puissantes, mêlant rock heavy aux tendances presque stoner et subtilement orchestré, avec des ambiances psyché-folk ("Stormy high", "Tyrants"). La maestria formelle est sidérante, les qualités artistiques, véritablement bluffantes. Quand il ne fait pas parler la puissance des guitares, le groupe délivre une musique onirique aux atmosphères psychotropes prégnantes et au psychédélisme latent. Un véritable trip musical aussi lunatique que fascinant (les nappes de synthés sur "Wucan"). Des sonorités délibérément old-school, habilement noyées dans des structures plus modernes, il ne s'agit pas ici de comparer Black Mountain aux Pink Floyd mais de se rendre compte que ce qui faisait la magie des seconds est en partie présente chez les premiers. Comme un hommage poli à leurs maîtres, les canadiens ne cèdent jamais à la facilité de la pâle copie et trouve dans l'essence de l'oeuvre "Floydienne" de quoi puiser l'inspiration d'un songwriting racé. "Stay free" sonne comme un vibrant appel à la communauté mélomane, une ode 60's vers une époque révolue mais avec laquelle, Black Mountain semble vouloir éveiller ou (réveiller... sic) les consciences. Un chant haut-perché, un minimalisme folk qui rend grâce à l'épure de la musique du groupe, musique qui ne cherche pas à se dissimuler derrière des artifices pour nourrir de futiles illusions ("Queens will play", "Evil ways"). Véritable climax de cet In the future, "Bright lights" et ses presque 17 minutes de rock psyché-prog tendu et épique est une véritable déclaration enflammée au genre, via une véritable jam-sessions aussi inventive que virtuose. Et Black Mountain d'en rajouter une couche avec un dernier morceau : "Night walks" : pépite vocale à la beauté pure quasiment a capella et qui vient mettre un point d'orgue à un album dont on mettra bien du temps à se remettre. Magique.