Rock Rock > Bison Bisou

Interview : Bison Bisou, Bison Bisou à la maison maisou (déc. 2019)

Interview : Bison Bisou, Intervion interview (mai 2017)

Interview : Bison Bisou, Intervi OU avec des Bis OU (fév. 2016)

Bison Bisou / Chronique LP > Pain & pleasure

Bison Bisou - Pain & pleasure Plus. Ils ont fait plus. Les Bison Bisou ont largement dépassé leur excellent Bodysick en proposant tout simplement beaucoup plus sur ce Pain & pleasure. Des couleurs plus saturées pour commencer puisque les délicieux artworks ont disparu pour laisser place à un vert fluo ultra agressif qu'on déconseille de fixer sans lunettes de soleil, il ne reste que quelques pêches en partie moisies par ailleurs. Un titre plus explicite, Pain & pleasure, "Souffrance et plaisir", couple oxymorien ou sado-masochiste, à toi de choisir ton camp mais au moins on est prévenu, l'écoute ne sera pas de tout repos et tu pourrais avoir quelques saignements auriculaires en même temps qu'un rictus orgasmique (quelques morceaux ont même la capacité de t'exciter, n'est-ce pas "Path in the whirl" ?). Des expériences encore plus libérées, on était sur du At the Drive-In, on passe parfois au level The Mars Volta tant les limites sont repoussées, le groupe semblant ne se mettre aucune barrière que ce soit dans le triturage de sons ou dans l'emploi des instruments (pourquoi mettre de la batterie sur "Nostalgic pleasure" quand le titre est blindé de cordes chatouillées ?). Des distorsions toujours plus travaillées, entre noise ("New grounds"), psychédélisme ("Summer eye") et rock plus reposant ("New friendship"), on en voit de toutes les couleurs et pourtant l'ensemble reste brut. Ah oui, forcément, Bison Bisou est un peu plus brutal, les préliminaires, c'étaient les galettes précédentes, on ne met plus de gant, on ne s'emmerde plus avec des intros ou une mise en condition, ça te pénètre direct ("New grounds") et ça se termine en frontal ("Peaches forever") sans passer par la case caresses, y'a bien quelques petits moments de douceur mais ça c'est parce que ... Parce que Pain & pleasure peut aussi aller plus loin dans la recherche harmonique avec quelques mélodies acides qui font mouche malgré le maelstrom ambiant ("Bye bye cold riot", "Parking lot"...).

A faire tout "plus" qu'avant, Bison Bisou en devient plus exigeant avec l'auditeur à qui il faudra encore plus de temps pour appréhender cet opus (oplus ?) qui explose dans tous les sens et demande beaucoup plus d'énergie que les précédents pour rester "dedans", tel le cow-boy, il faudra être patient pour rester sur le dos de Pain & pleasure et faire en sorte que ce rodéo soit plaisant au risque de se faire très mal en se faisant éjecter dès les premières secondes. A cheval !

Publié dans le Mag #40

Bison Bisou / Chronique LP > Bodysick

Bison Bisou - Bodysick Enfin ! Le nom Bison Bisou circule dans les listes des groupes à suivre depuis cinq ans et les gars n'avaient pas encore de vrai album ! Un scandale ! Après deux splits (avec Touming Magazine puis Shiko Shiko) et leur EP Régine qui ont servi de préliminaires, voilà Bodysick, une grosse touffe de mots qui sont autant de morceaux émotionnellement forts.

À commencer par "Regine" qui ne fait pas le lien avec l'EP précédent puisque c'est juste une introduction exceptionnelle avec un chœur de nonnes (laisse-moi penser que ce sont des nonnes bordel de Dieu !) qui chante Jean-Paul Sartre. Oui, Bison Bisou aime surprendre. Les titres ne sont pas forcément simple à suivre mais c'est ce qui fait tout leur charme, les Lillois jouent dans le contre-pied pour nous faire perdre l'équilibre, placent des attaques et des caresses inattendues nous obligeant à écouter et réécouter leur album pour en comprendre toutes les finesses. Ce qui semble évident par contre, c'est le soin apporté aux sons, que ce soit la basse qui tabasse ou les guitares sanglées et cinglantes, que ce soit en clair ou pédales enfoncées, trifouiller dans son local pour obtenir le rendu désiré, c'est une chose, le sortir sur disque, c'en est une autre, bravo pour cela donc à Amaury Sauvé (The Prestige, Birds in Row, As We Draw mais aussi Robot Orchestra ou Puzzle puisqu'il officie aussi dans des registres moins métalliques...).

Aimant et émo, anglophone et anglophile, math et bath, destructeur et déstructuré, catchy et punchy, dynamique et dynamité, ce premier opus de Bison Bisou est un petit (bijon) bijou. À tel point que dans ma liste des trucs importants à faire, il a grillé la priorité au nouvel album d'At the Drive-In. Carrément.

Bison Bisou / Chronique EP > Régine

Bison Bisou - Regine Il y a plusieurs rumeurs qui courent sur ce disque.

1) Les membres (on ne précise pas quelles parties du corps...) seraient tous issus de la scène lilloise et auraient déjà œuvré dans pas mal de groupes du coin (on parle de Sexual Earthquake In Kobe, L'Oeuf, Tang...)
2) Les autres chroniqueurs, ils disent que Bison Bisou s'en sort pas mal en ersatz d'At the Drive-In, Bloc Party et Blood Brothers. Ils utilisent même l'expression syncrétisme de bon aloi. C'est dire si ça paraît bien. Enfin, bien, mais pas top.
3) Il paraît que c'est DSK lors d'une soirée chez Sylvio Berlusconi le Monsieur/Madame sur la pochette.
4) Il paraît aussi qu'en live, c'est vraiment très bon et qu'il se dégage un joli parfum de nostalgie hypersexuée lors de leur prestation.

Et bien chers lecteurs, seul les affirmations numéro 1 et 4 sont véridiques. Bison Bisou a en effet des influences mais en multipliant les écoutes, on s'aperçoit bien vite que cela va bien plus loin que des groupes que l'on empile pour aboutir à un semblant d'identité. Et malheureusement pour les autres charlatans, on s'en aperçoit en l'écoutant plus d'une fois ce Régine (métisse du Nord-Pas-de-Calais). Tu sais, les petits détails qui apparaissent lorsque tu te donnes la peine d'écouter un disque avec une oreille attentive et que tu notes notamment des apparitions de plans de guitare que l'on pourrait retrouver chez un groupe de math-rock à vocation tropicalisante. Quand, en plus, les garçons se dotent d'un songwriting prometteur, d'un chant revitalisant et d'une palette d'émotion (l'opus devient un peu plus bourrin sur la fin) assez large, cela donne un EP qui se parcourt avec plaisir et ré-jouissance. Bison Bisou a donc plus d'un atout dans son slip qui semble a priori ne pas avoir été lavé depuis les années 90. Ce qui n'est pas tout à fait vrai, il reste juste quelques petites tâches tenaces.