Plus. Ils ont fait plus. Les Bison Bisou ont largement dépassé leur excellent Bodysick en proposant tout simplement beaucoup plus sur ce Pain & pleasure. Des couleurs plus saturées pour commencer puisque les délicieux artworks ont disparu pour laisser place à un vert fluo ultra agressif qu'on déconseille de fixer sans lunettes de soleil, il ne reste que quelques pêches en partie moisies par ailleurs. Un titre plus explicite, Pain & pleasure, "Souffrance et plaisir", couple oxymorien ou sado-masochiste, à toi de choisir ton camp mais au moins on est prévenu, l'écoute ne sera pas de tout repos et tu pourrais avoir quelques saignements auriculaires en même temps qu'un rictus orgasmique (quelques morceaux ont même la capacité de t'exciter, n'est-ce pas "Path in the whirl" ?). Des expériences encore plus libérées, on était sur du At the Drive-In, on passe parfois au level The Mars Volta tant les limites sont repoussées, le groupe semblant ne se mettre aucune barrière que ce soit dans le triturage de sons ou dans l'emploi des instruments (pourquoi mettre de la batterie sur "Nostalgic pleasure" quand le titre est blindé de cordes chatouillées ?). Des distorsions toujours plus travaillées, entre noise ("New grounds"), psychédélisme ("Summer eye") et rock plus reposant ("New friendship"), on en voit de toutes les couleurs et pourtant l'ensemble reste brut. Ah oui, forcément, Bison Bisou est un peu plus brutal, les préliminaires, c'étaient les galettes précédentes, on ne met plus de gant, on ne s'emmerde plus avec des intros ou une mise en condition, ça te pénètre direct ("New grounds") et ça se termine en frontal ("Peaches forever") sans passer par la case caresses, y'a bien quelques petits moments de douceur mais ça c'est parce que ... Parce que Pain & pleasure peut aussi aller plus loin dans la recherche harmonique avec quelques mélodies acides qui font mouche malgré le maelstrom ambiant ("Bye bye cold riot", "Parking lot"...).
A faire tout "plus" qu'avant, Bison Bisou en devient plus exigeant avec l'auditeur à qui il faudra encore plus de temps pour appréhender cet opus (oplus ?) qui explose dans tous les sens et demande beaucoup plus d'énergie que les précédents pour rester "dedans", tel le cow-boy, il faudra être patient pour rester sur le dos de Pain & pleasure et faire en sorte que ce rodéo soit plaisant au risque de se faire très mal en se faisant éjecter dès les premières secondes. A cheval !
Publié dans le Mag #40