Parfois, nous faisons confiance aux feelings des RP, parce que leur écurie ne nous a jamais déçus par le passé et avec l'adage qui se ressemble s'assemble, c'est avec peu de temps mais une certaine curiosité que se fait l'écoute de cet EP. Et nous pouvons remercier Lucie de See You in LA, la magie opère, peut-être par nostalgie de la fin des années 90 - mais peu importe - les riffs nous renvoient à l'âge d'or du Grunge. Une intro relativement longue comme une vague qui vous emporte dans ses rouleaux et ne vous lâchera qu'à la fin de l'EP.
L'artwork sobre et monochrome de Mathilde Bouillon n'y est pas pour rien. De prime abord, nous avons envie d'aller plus loin avec ce club bipolaire. Cette bipolarité, le groupe la cultive jusqu'à alterner un titre en anglais et un titre en français ce qui pour certains serait un suicide commercial par risque de manque de cohérence. Il y a cinq titres donc une langue ressort forcément majoritaire mais il faudra suivre le 2ème EP issu des mêmes sessions d'enregistrement pour faire les comptes. Revenons à éA bitter fallé premier titre de l'album, il faut penser aux premiers groupes australiens post grunge comme Silverchair ou Ammonia qui ne bafouent pas les fondateurs du mouvement de Seattle. Le groupe inspiré cite facilement Soundgarden, Alice in Chains, Stone Temple Pilots, Jane's Addiction ou encore Jeff Buckley. Et il est facile de comprendre que les quatre membres du Bipolar Club ont parfaitement intégré les codes de leurs ainés. Sur le titre éponyme à l'EP, dans la langue de Molière, ils semblent incanter un Layne Staley en paraissant répondre à son "We die young". Une belle prouesse car le chant français apparait a priori antinomique à ce genre de complainte grunge. Le titre "Out of hands" semble effectivement sortir de leur contrôle tant les riffs explosent et la voix se fait Perry Farrelling dans certaines intonations, ce qui n'est pas sans déplaire aux quarantenaires ayant vécu les années grunge. Arrive le moment du morceau choisi comme single, "Miroir", qui se fait plus noise dans son chant en français. Choisir "Miroir pour" un groupe s'appelant Bipolar Club n'est pas un hasard et il semble naturel de l'avoir choisi comme premier single. Le dernier morceau s'étire sur plus de 6 minutes et ne trahit à aucun moment la première impression que nous avons eue sur ce groupe. Il faudra le suivre sur scène dès que les concerts debout seront autorisés car si les prestations sont à la hauteur de cet EP, ils seront épiques.
Publié dans le Mag #49