Le label Kythibong Records, grand défenseur de musiques exigeantes (Chocolat Billy, Deerhoof, L'Ocelle Mare...), a sorti il y a six mois le nouvel album de Binidu, formation comptant dans ses rangs des membres de Pneu, Fordamage, My Name Is Nobody ou encore F.U.T.U.R.OS.C.O.P.E. Loin de ces derniers en terme de style, Nouvel ancient n'en reste pas moins un album difficile à appréhender. Non seulement car il n'a pas de réel pedigree, tout juste pourrait-on le qualifier d'"art rock" ou de "free-rock", termes qui ne veulent pas dire grand chose, mais aussi et surtout parce qu'il navigue entre le chaud ("Centaurs") et le froid ("Melted tower"), entre un certain minimalisme ("Tropical rain") et une transe bruitiste imparable ("Missing datas") qui, mis bout à bout, déboussole totalement pendant 40 minutes. Pour autant, ne faisons pas les vierges effarouchées, Binidu n'est clairement pas un OMNI, et si les compositions du trio me font penser à la démarche artistique d'Akron/Family, d'Animal Collective, de 31Knots ou bien même par moments de Dirty Projectors, c'est parce qu'il maîtrise autant son espace sonore que les émotions qu'il suscite à travers ses instruments et ses voix parfaitement maîtrisés.
Publié dans le Mag #37