Matgaz - T'arrives ou tu repars? Je connais Matgaz depuis bientôt six ans, et c'est le genre de mec que je croise assez régulièrement aux quatre coins de la France (et même deux fois dans mon bled dans le cadre de concerts de Billy Gaz Station !). Mais voilà, j'ai beau passer du temps avec cet hurluberlu à Brainans, à Epinal ou à Clisson, je prends toujours un réel plaisir à boire ses paroles sur des anecdotes de tournées, des descriptions improbables de bonhommes encore plus improbables croisées sur la route avec ses multiples orchestres. Car notre bonhomme en a bouffé du bitume, que ce soit avec BGS, mais aussi avec Headcases, Glasnost, Epic, Mars Red Sky, Reverend James Leg, et bien d'autres. Alors quand mon ami (car oui, c'est mon ami, et j'en suis fier) m'a fait part de son projet de narrer sur papier 60 jours de tournées avec ses groupes du moment, je ne pouvais qu'être enthousiaste !

T'arrives ou tu repars ? est plus qu'un carnet de bord, c'est une ode au voyage, l'encyclopédie de la face cachée des tournées, le dictionnaire des galères de concert, un résumé grandeur nature des péripéties sur les routes du monde entier. Car pour ce premier effort (dis-moi qu'il y en aura d'autres Mathieu !!) paru chez Kicking Records, notre batteur, qui a le sens de la formule, a mis les petits plats barbaques dans les grands : tournée avec les psychés (ah ah ah !!) de Mars Red Sky en Argentine et au Brésil, escapades européennes avec James Leg et toujours les fameux MRS, le tout en moins d'un trimestre. Matgaz a posé ses fûts un peu partout, a ricané avec l'autochtone, a observé et a pris soin de lui. Car le rock 'n' roll, c'est beau, mais encore faut-il savoir tenir la distance, au sens propre comme au sens figuré.

169 pages qui se lisent d'un trait, un port-folio illustrant superbement quelques moments de vie sur la route, un lexique français - charentais pour comprendre les subtilités du patois employé par Matgaz, et des rêves pleins la tête. Voilà de quoi est composé T'arrives ou tu repars ?. Mais pas que. L'auteur écrit comme il parle, sa bonne humeur transpire dans ses lignes, et ceux qui ont l'habitude de papoter avec le gazier auront vraiment l'impression d'avoir sa voix dans la tête en même temps qu'ils liront ce bouquin. Un bouquin qui n'a pas pour but premier de te faire marrer ou de rendre respectable quelques situations saugrenues, mais qui te fera comprendre comment, avec un peu d'esprit, un savoir-vivre à toute épreuve et un hygiène de vie plus ou moins stable, on peut enquiller les dates et emmagasiner des souvenirs jusqu'à la fin de sa vie, et ce en toute simplicité.

Je pourrais, dans cette chronique, te balancer quelques bons extraits de ce bouquin, façon Paris Match avec le livre de Trierweiler. Mais non, je préfère que tu prennes autant de plaisir que moi en lisant ce « li(v)(f)e report » qui ne récoltera pas le prix Pulitzer mais qui aura fière allure dans ta bibliothèque. Que tu te marres en apprenant le lien de parenté entre Matgaz et James Leg, que tu cogites aux grandes théories de notre homme, et que tu pestes quand il évoque ses liens avec les lighteux (non, là, il n'y a pas que moi qui râle).

Pour un premier « essai » en format livre, c'est du tout bon. Beunaise comme on dit à Jarnac. J'espère que ma bafouille t'aura donné l'envie d'aller te plonger dans ce récit. Et une fois que tu auras dévoré ces bonnes histoires, n'oublie surtout pas d'aller serrer la paluche du drôle et de feuner un peu pour qu'il te raconte le tail, le vrai !!