Les Berline0.33 sont de Lille et sont composés d'Emilie au chant, de Guyom à la guitare, de Fred à la basse et enfin de Gilles à la batterie. Leur véritable premier effort c'est Berline0.33 en 2009, un EP 6 titres, qui leur permet de faire beaucoup de concerts dans leur région mais aussi un peu plus loin : Nantes, Bruxelles, peut-être près de chez toi...
Berline0.33
Biographie > Berlin go !
Review Concert : Berline0.33, Berline 0.33 & Enablers à la péniche (Oct. 2011)
Berline0.33 / Chronique LP > The abyss will gaze back
Après un EP prometteur, un autre format court qui parachevait leur identité et un album parfait (Planned obsolescence), lequel conjuguait identité racée et songwriting en béton armé, les Berline0.33 reviennent avec The abyss will gaze back, un LP où il est encore une fois difficile de ne pas noter une progression et une évolution. Et au vu de la qualité de Planned obsolescence, sans vouloir être pessimiste, c'était franchement pas gagné. Mais ces musiciens ont visiblement le feu sacré en eux... Et ouais.
Une tripotée de labels hexagonaux reconnus (Katatak, Rejuvenation Records, Tandori, Buisson, Et Mon Cul C'est Du Tofu ?) se sont alliés pour sortir The Abyss will gaze back et quand on parcourt la première piste, c'est aisé à comprendre tant il se passe un truc pas anodin chez ce groupe, le genre d'exaltation qui arrive parfois quand on a l'impression d'avoir affaire à du high-level en terme d'émotions et de musique. Si j'avais été patron de label, j'aurais hypothéqué ma villa au Havre pour pouvoir financer la sortie de ce disque. "Solar striker", le titre en question, est une sacrée prise de contact, les rythmes tribaux et la guitare tranchante happent vite l'auditeur, la voix en mode spectre interpelle, puis le titre mute, le chant devient vindicatif et attrape la gorge... Et là, tu viens de réaliser dans quels engrenages tu viens de mettre le doigt, celui de ne plus être capable d'appuyer sur stop, le bouton de ta platine avec un carré dessus. D'autant que la suite du disque n'est pas en reste avec un songwriting qui se révèle tellement bon ("Full of yourself", "These words"...) que l'on frôle l'insolence. Tu ajoutes à cela un chant féminin toujours aussi habité, intense, généreux et tu obtiens un disque qui squatte vite ta platine vinyle.
Difficile d'extirper un ou deux titres de cette étoile noire mais "Time is a fake healer" et son développement en deux phases, très sadcore, pour ensuite gagner en agressivité, tient la dragée haute. Globalement, on se rend compte que le groupe a délibérément choisi d'opter plus pour les atmosphères ("Whispers of seagulls", "Teorema") que pour la baston grisante de certaines pistes de Planned obsolescence, sans définitivement la laisser tomber toutefois : le poison qui t'achève lentement plutôt que la lame dans la carotide et hop, l'affaire est conclue : habile et plus jouissif pour les deux parties. Assez génial, il faut le dire.
Berline0.33 / Chronique LP > Planned obsolescence
Après m'avoir pété une épaule avec Flying above scarecrows, les Berline0.33 reviennent me casser les genoux avec Planned obsolescence. Signe que le groupe en a dans le bide, ils n'ont gardé aucun morceau de leurs EPs et à raison parce qu'ils avaient largement de quoi faire un album excellent : la preuve, c'est les 9 titres de cet album. Deuxième constat : ils ont gardé cette orientation de prod' qui me plaisait déjà beaucoup sur l'EP. Troisième constat : les influences (The Jesus Lizard, The Fall, Joy Division mais pas tant que ça pour ce dernier...) sont toujours bien présentes et c'est carrément pas pour me déplaire.
Dans Planned obsolescence, on retrouve tout ce qu'on aime chez les Berline0.33 : le chant hybride et incantatoire d'Emilie, les riffs "Duane Denisonien", la section rythmique frondeuse, les ambiances morbido-joussives et des morceaux qui tiennent toujours le haut du panier en terme de qualité. L'album commence très fort avec "Guardian of trash" : un morceau agressif ou le travail sur la voix est particulièrement abouti. On en redemande et ça tombe bien, ce n'est que le début d'un album qui a encore pas mal de choses à offrir. Notamment, "Checkpoint" et son riff lizardien, "Painkillers and neonlighting" dont la retenue finit par exploser ou la basse très granuleuse (Bleach related?) et le climat pesant de "Socialite". "Untouchable" et sa mélodie de clavier rappelle méchamment de l'excellent The Fall : vicieux et entêtant comme c'est pas permis. Et plus tu avances dans l'album, plus tu morfles comme si tu étais enfermé dans l'abri de jardin de Tony Soprano avec deux-trois autres hommes de mains du nom d'"Angst" (quelle progression !), "Compagny" et "Anaesthesia". Ouille.
Après deux Eps dont on comprend, rétrospectivement, la nécessité dans la marge de progression, Berline0.33 livre l'album que l'on attendait d'eux. Beau disque. Bel artwork. Bel objet. Tu l'achètes hein ?
Berline0.33 / Chronique EP > Flying above scarecrows
Après un premier EP déjà très bien, les Berline0.33 reviennent avec de nouveau un EP dont le seul défaut est d'être vraiment court puisqu'il ne contient que 3 titres. Ouille. C'est d'autant plus dommage que la marge de progression semble énorme et ces nouveaux morceaux semblent encore plus aboutis en terme d'identité, de songwriting et de production. Bref, les deux-trois trucs importants pour faire un bon groupe et un bon disque. Berline0.33 continue de creuser ce sillon post-punk/noise avec un talent que l'on savait déjà plus que présent et qui ne demandait qu'a être affiné. Sur la première piste, ma favorite, "Flash" sonne vraiment comme le compromis parfait entre The Fall et The Jesus Lizard : section rythmique sèche et au poil, riff vénéneux, chant toujours aussi singulier et inédit. Une entame d'EP parfaite et le groupe va continuer sur sa lancée sans faiblir. Toujours la même dynamique pour "Hoopladder" qui se dotent des mêmes ingrédients et un leitmotiv assez redoutable : "Mummy didn't love you, daddy didn't care". Sur "To the core", c'est Berline0.33 qui explore des ambiances sensiblement différentes, moins in your face mais tout autant jouissives. On râlera encore une fois sur la durée de l'EP mais il paraît que le groupe est déjà au taquet sur une future sortie que l'on espère aussi prompte que possible. En clair, on attend la suite avec impatience. A noter que le groupe lillois a fait la première partie de Killing Joke à l'Aeronef, de Lille justement, ça devait être une bien belle soirée. On y était pas, la vie est souvent une question de choix, les Berline0.33 semblent plutôt doué lorsqu'il s'agit d'en faire des pertinents : la preuve, c'est Flying above scarecrows.
Berline0.33 / Chronique EP > Berline0.33
C'est le mystère total lorsqu'on tient Berline0.33 dans les mains : aucun indice sur le contenant n'est décelable sur la pochette. Si ce n'est en sous-entendu derrière cette bestiole étiquetée qui attend son jugement dernier pour aller garnir une chambre froide avec d'autres de ses anciens congénères. Ces ambiances froides légèrement givrées, les Berline0.33 apprécient plutôt ça et vont les développer sur les 6 titres de ce premier EP déjà très prometteur, entre post-punk mouvant et éclaboussures noisy.
C'est Emilie (chant) qui donne le départ à cet EP avec une introduction à capella annonciatrice d'un morceau relativement péchu pour le genre : un timbre de voix féminin atypique et un chant qui oscille entre déclamations et lignes de chants hantées, une guitare, une basse et une batterie qui dialoguent et se confondent pour donner vie à un titre qui raisonnera longtemps encore après l'écoute dans votre encéphale de mélomane averti. Tandis que la piste suivante, "Soft as cheese" durcit un peu le ton, "Itk" (Dexter ?) sublime la formule Berline0.33 car si l'EP est globalement assez homogène dans l'effort, des titres plus longs comme ce "Ice truck killer" et "Monkey gimmicks", sont propagateurs d'un venin chloroformé et se détachent littéralement des autres de par leurs capacités à nous emporter ailleurs avec des progressions hypnotiques s'engouffrant dans la porte d'un crescendo savamment agencé qu'il suffit d'enfourcher auditivement et se laisser guider : libre à vous de faciliter l'immersion dans un univers et un six titres qui ne manquent pas de singularité. Les Lillois de Berline0.33 livrent un premier EP vraiment séduisant dans un style musical que l'on aborde pas si souvent au W-fenec. Mention très bien : on attend la suite les oreilles grandes ouvertes.