Berline0.33 - The abyss Après un EP prometteur, un autre format court qui parachevait leur identité et un album parfait (Planned obsolescence), lequel conjuguait identité racée et songwriting en béton armé, les Berline0.33 reviennent avec The abyss will gaze back, un LP où il est encore une fois difficile de ne pas noter une progression et une évolution. Et au vu de la qualité de Planned obsolescence, sans vouloir être pessimiste, c'était franchement pas gagné. Mais ces musiciens ont visiblement le feu sacré en eux... Et ouais.

Une tripotée de labels hexagonaux reconnus (Katatak, Rejuvenation Records, Tandori, Buisson, Et Mon Cul C'est Du Tofu ?) se sont alliés pour sortir The abyss will gaze back et quand on parcourt la première piste, c'est aisé à comprendre tant il se passe un truc pas anodin chez ce groupe, le genre d'exaltation qui arrive parfois quand on a l'impression d'avoir affaire à du high-level en terme d'émotions et de musique. Si j'avais été patron de label, j'aurais hypothéqué ma villa au Havre pour pouvoir financer la sortie de ce disque. "Solar striker", le titre en question, est une sacrée prise de contact, les rythmes tribaux et la guitare tranchante happent vite l'auditeur, la voix en mode spectre interpelle, puis le titre mute, le chant devient vindicatif et attrape la gorge... Et là, tu viens de réaliser dans quels engrenages tu viens de mettre le doigt, celui de ne plus être capable d'appuyer sur stop, le bouton de ta platine avec un carré dessus. D'autant que la suite du disque n'est pas en reste avec un songwriting qui se révèle tellement bon ("Full of yourself", "These words"...) que l'on frôle l'insolence. Tu ajoutes à cela un chant féminin toujours aussi habité, intense, généreux et tu obtiens un disque qui squatte vite ta platine vinyle.

Difficile d'extirper un ou deux titres de cette étoile noire mais "Time is a fake healer" et son développement en deux phases, très sadcore, pour ensuite gagner en agressivité, tient la dragée haute. Globalement, on se rend compte que le groupe a délibérément choisi d'opter plus pour les atmosphères ("Whispers of seagulls", "Teorema") que pour la baston grisante de certaines pistes de Planned obsolescence, sans définitivement la laisser tomber toutefois : le poison qui t'achève lentement plutôt que la lame dans la carotide et hop, l'affaire est conclue : habile et plus jouissif pour les deux parties. Assez génial, il faut le dire.