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Nom : Harper
Prénom : Ben
Date de naissance : 28 octobre 1969
Lieu de jeunesse : Claremont, désert Mohave, Californie
Père : Leonard, percussioniste
Mère : Ellen, chanteuse et guitariste
Grands-parents : fondateurs du "Folk Music Center" de Claremont en 1958
Activité actuelle : discrète star du rock/folk
Groupe ami : The Innocent Criminals
Discogrpahie simplifiée : Pleasure and pain (Cardas Records, 1992, épuisé), Welcome to the cruel world (Virgin, 1994), Fight for your mind (Virgin, 1995), The will to live (Virgin, 1997), Burn to shine (Virgin, 1999), Live from Mars (Virgin, 2001, double live), Diamonds on the inside (Virgin, 2003).

Ben Harper / Chronique LP > Wide open light

Ben Harper - Wide open light En juin, Ben Harper a sorti un 17ème album studio. Ceci via le label Chrysalis Records et le distributeur Modulor. Le musicien se charge également de la production de sa nouvelle galette. Dans ce travail, deux collaborateurs de longue date l'accompagnent. Il s'agît de Danny Kalb (ex-The Blues Project) et de Jason Mozerky (ex-Relentless 7). Trêve de digressions, c'est Wide open light qui est maintenant dans les bacs...

Ben Harper choisit de ne pas attendre pour nous offrir une petite douceur. "Heart and crown" vient en premier. Elle montre une intention minimaliste. C'est une balade instrumentale à la guitare acoustique. Toujours seul, le musicien poursuit sur "Giving ghosts". La slide guitare est une berceuse. Sa voix intervient et prend des allures soul. Un son particulièrement pur.

Plusieurs collaborateurs sont à l'œuvre. Guitariste sur White lies for dark times (2009), le fameux Jason Mozerky vient prêter son instrument sur "8 minutes". Un morceau qui propose une folk aérienne. Le chant additionnel de Shelby Lynne n'est pas étranger à cela. Quoi qu'il en soit ce premier duo au chant est particulièrement réussi. Puisque la recette fonctionne, Ben Harper reprend deux fois l'exercice : d'abord sur le morceau "Yard sale" avec Jack Johnson qui chante "I'm pretty sure, she's gone for good" avec un brin de nostalgie dans la voix, ensuite avec Piers Faccini qui arrive à la moitié de Wide open light avec son oud entre les mains pour assurer les chœurs.

"Trying not to fall in love with you" peut surprendre. Elle est un peu comme une île entourée des autres titres. Là-bas, Ben Harper choisit de s'accompagner au piano. L'instrument donne des airs plus classiques à la musique. "One more change" nous ramène sur les chemins du gospel souvent empruntés par l'artiste. Moins de trois minutes après, "Growing growing gone" revient sur des airs plus folk. Sur l'ensemble de l'album, Ben Harper se fait un malin plaisir à toucher à tout les styles.

Comme nous étions arrivés sur Wide open light, nous pouvons repartir. "Thank you pat prayer" qui clôture le chapitre est à nouveau une belle piste instrumentale. Le fil rouge de cet album est l'amour. Pas toujours celui qui rend heureux mais l'amour quand même. Quant au son, Ben Harper joue toujours avec les racines de la musique afro-américaine sans se limiter. C'est ce qu'il fait depuis trente ans et il continue avec cet album minimaliste. Et c'est bien comme ça.

Publié dans le Mag #57

Ben Harper / Chronique LP > Bloodline maintenance

Ben Harper - Bloodline Maintenance Ben Harper est un artiste qui a filé droit dans mes tympans à l'aube de sa carrière. Welcome to the cruel world (1994) et Fight for your mind (1995) livraient la base à se passer en boucle dans une ambiance minimaliste. Le travail avec The Innocent Criminals apportait la diversification avec une approche en majorité rock. Burn to shine (1999) et le fameux Live from Mars (2001) étaient les fruits bien mûrs de cette collaboration. La discographie est encore longue et dense. Dans les lignes du mag, deux albums pointent le bout de leur truffes : Diamonds on the inside (2003) et Call it what it is (2016). Cette année, Ben Harper revient ravir nos oreilles de renards du désert avec la sortie d'un nouvel opus : Bloodline maintenance.

Le titre et la pochette évoquent sans aucun doute possible un rappel aux sources pour le musicien. "Below see level" - première piste de l'album - offre un gospel chanté par un Ben Harper sans accompagnement qui superpose sa voix sur plusieurs pistes. Une ambiance qui rappelle justement l'époque de Diamonds on the inside. Cela aurait pu donner le ton mais cette belle introduction n'est pas forcement représentative des influences abordées sur le reste de l'œuvre. Le style est globalement plus orienté funk et soul. Parfois même, souffle un vent pop, à l'instar de "Where did we go wrong". Ce petit bémol doit être survolé pour découvrir quelques pépites dans l'univers de Bloodline maintenance. "We need to talk about it" fait preuve de l'engagement de l'artiste qui vient évoquer sans demi-mesure l'histoire de l'esclavage, le devoir de mémoire qui en découle associé au mouvement Black Lives Matters. La correspondance entre la voix du chanteur et ses chœurs (Chavonne Stewart, De'Ante Duckett, Alethea Mills) est calé au millimètre. Le relief est beau et entrainant. Ben vient rajouter ce qu'il faut de tension avec un slide saturé sur sa guitare. Plus tamisé, "Problem child" se présente sur fond jazzy. Derrière un chant lead impeccable, les saxophones (Geoff Burke) dominent et proposent également quelques échappées faisant le caractère du morceau. Accrocheuse par sa rythmique, "Smile at the mention" propose une ballade qui efface les malheurs devant la pensée de l'être aimé. Les instants instrumentaux marient le jeu virtuose de la guitare solo de Mr Harper et les interventions à point nommé des saxophones et de la trompette (Bruce Harris). "Maybe I can't", place une dernière fois l'artiste sous les feux entouré par le noir. Le calme nostalgique envahit la pièce et rentre dans un tourbillon pour un refrain unique. Un morceau magique revenant sur une époque minimaliste et authentique.

30 ans de carrière et Ben Harper n'a jamais opté pour la facilité après le succès. Il a varié les groupes et les artistes qui l'ont accompagné. Les approches des albums ont changé au fil du temps prenant plus d'une fois ses fans par surprise. C'est encore une fois le cas avec Bloodline maintenance qui donne l'impression d'un medley de ses influences. Il faut rentrer dans cette galette pour fouiner ce que vous chaussez le mieux. Pour le reste et comme pour les bons albums : laisser le temps faire son affaire. Vous êtes avec Ben Harper, tout va bien se passer...

Publié dans le Mag #52

Ben Harper / Chronique LP > Call it what it is

Ben harper - call it what it is Au fil de sa carrière musicale, Ben Harper s'est entouré de trois groupes. Dans les années 90, il se fait découvrir par l'album Welcome to the cruel world (1994) accompagné des Innocent Criminals. Le succès de cette époque se confirme avec Burn to shine (1999) et Live from Mars (2001). Ben Harper prend ensuite d'autres directions musicales avec notamment The Blind Boys Of Alabama puis Relentless7. En 2007, le chanteur renoue brièvement avec The Innocent Criminals pour Life line. Plusieurs années se passent ensuite sans qu'ils ne se produisent ensemble. L'année dernière, Harper rappelle ses vieux copains. Bien sûr, ils pourraient tout aussi bien faire une tournée sur leurs tubes. Mais ils ne veulent plus. Alors direction les studios...

Le retour d'un groupe que l'on a aimé est toujours perturbant. La nostalgie nous rappelle à ces disques que l'on peut écouter toute une vie, à cette heure où pour nous, il existait chez le musicien un génie qui lui avait permis d'atteindre des sommets. Le nouvel opus devient une menace dans laquelle réside le pouvoir de détrôner une icône. Pour autant, la curiosité l'emporte toujours. Alors, on se risque à tendre une oreille...

Première piste de la galette : "When the sex was dirty". Ben Harper avait mis ce titre de côté en pensant le jouer avec The Innocent Criminals. C'est effectivement un rock classique bien senti qui correspond tout à fait à la formation. Guitares, percussions, basses se mélangent pour signer intensément le come back dès les premières minutes. Le côté pop des refrains - dirigé par des "NaNa, NaNa, NaNa" à la voix - parait un peu facile mais le titre est suffisamment entraînant pour que cela passe au second plan. Sur "Deeper and deeper", Le clavier est de sorti et tranquillise son monde qui est bientôt bercé par la mélodie chanté par Mr Harper. Sur le titre suivant, c'est une teinte plus bluesy qui pointe le bout de son nez. Puis l'album prend un virage et décolle sincèrement. "How dark is gone" part et le rythme colle à la peau des musiciens. Les percussions africaines claquent et l'âme du chanteur est enfin mise à nu : c'est beau de simplicité. Par ses apports funky et soul, "Shine" répond véritablement à son titre par une ambiance plus lumineuse. Justement, "All that has grown" radoucit les mœurs. Cette fois-ci, c'est Ben et sa guitare qui nous invite à fermer les yeux pour nous offrir un voyage. L'esprit joyeux qui habite "Pink ballon" relance la machine. Plutôt pop, La dynamique de ce morceau lui permettra certainement d'être diffusé largement. Si "Finding our way" détone par son reggae, "Bones" nous remet dans le bain d'un son made in Innocent Criminals. Sur la fin de l'album vient l'entraînant "Dance with fire" qui pourrait être une chanson des débuts.

Alors ce retour avec The Innocent Criminals ? Les premières écoutes souffraient certainement de comparaison avec les premières productions de la formation. Cela dit, Call it what it is est un album qui convainc dans le temps. La formation garde son identité en affichant la diversité de ses premières influences et une note de fraîcheur. Dans tous les cas, ce disque m'aura donné envie de ré-écouter les anciens. C'est un bon indicateur...

Ben Harper / Chronique LP > Diamonds on the inside

Ben Harper : Diamonds on the inside Ben Harper est un touche à tout, depuis une base folk et rock, il s'amuse à décliner les styles avec une facilité déconcertante, sur Diamonds on the inside, nouvel opus qui offre plus d'une heure de musique, il commence par nous surprendre avec "With my own two hands" un titre reggae au rythme jamaïcain que Bob Marley aurait applaudi avec ses deux mains. Surprenant à la première écoute, ce morceau qui pourrait apparaître comme un intrus trouve en fait sa place dans l'hétérogénéité de l'album puisque Ben Harper n'hésite pas une seconde à le faire suivre par "When it's good" qui laisse remonter à la surface ses influences country/blues. Et c'est tout le CD qui est comme ça, chaque titre est porté par des inspirations différentes très marquées mis à part quelques titres très "Harperiens" comme la piste qui donne son nom à l'album, un "Diamonds on the inside" et bonne facture. Sur "Touch from your lust" le guitariste ressort sa pédale d'effet et son style aérien puis calme le jeu sur "When she believes", après la guitare et les orchestrations mélancolico-nostalgiques, c'est à la quatre cordes de faire parler d'elle, d'abord sur "Brown eyed blues" puis sur "Bring the fuck" qui met en valeur une basse forcément ... funky. Changement de registre ensuite avec le bluesy "Everything" et deux titres très rock'n'roll, "Temporary remedy" et "So high so low" raviront les amateurs de Lenny Kravitz alors que ceux qui apprécient les percus écouteront plus attentivement "Blessed to be a witness". L'album se termine au ralenti et si Diamonds on the inside manque parfois d'unité, c'est un très bon album puisque le seul "Picture of Jesus" n'est pas très inspiré alors qu'on a à l'intérieur une petite brochette de diamants à savoir la succession de "Everything", "Amen Omen" et des deux titres rock très électriques. "Amen Omen" restant mon titre préféré, à l'image de Ben Harper, il est simple, chaleureux, mélodieux, maîtrise différents instruments et sans trop se faire remarquer s'installe durablement dans l'histoire du rock.