Ben Harper - Bloodline Maintenance Ben Harper est un artiste qui a filé droit dans mes tympans à l'aube de sa carrière. Welcome to the cruel world (1994) et Fight for your mind (1995) livraient la base à se passer en boucle dans une ambiance minimaliste. Le travail avec The Innocent Criminals apportait la diversification avec une approche en majorité rock. Burn to shine (1999) et le fameux Live from Mars (2001) étaient les fruits bien mûrs de cette collaboration. La discographie est encore longue et dense. Dans les lignes du mag, deux albums pointent le bout de leur truffes : Diamonds on the inside (2003) et Call it what it is (2016). Cette année, Ben Harper revient ravir nos oreilles de renards du désert avec la sortie d'un nouvel opus : Bloodline maintenance.

Le titre et la pochette évoquent sans aucun doute possible un rappel aux sources pour le musicien. "Below see level" - première piste de l'album - offre un gospel chanté par un Ben Harper sans accompagnement qui superpose sa voix sur plusieurs pistes. Une ambiance qui rappelle justement l'époque de Diamonds on the inside. Cela aurait pu donner le ton mais cette belle introduction n'est pas forcement représentative des influences abordées sur le reste de l'œuvre. Le style est globalement plus orienté funk et soul. Parfois même, souffle un vent pop, à l'instar de "Where did we go wrong". Ce petit bémol doit être survolé pour découvrir quelques pépites dans l'univers de Bloodline maintenance. "We need to talk about it" fait preuve de l'engagement de l'artiste qui vient évoquer sans demi-mesure l'histoire de l'esclavage, le devoir de mémoire qui en découle associé au mouvement Black Lives Matters. La correspondance entre la voix du chanteur et ses chœurs (Chavonne Stewart, De'Ante Duckett, Alethea Mills) est calé au millimètre. Le relief est beau et entrainant. Ben vient rajouter ce qu'il faut de tension avec un slide saturé sur sa guitare. Plus tamisé, "Problem child" se présente sur fond jazzy. Derrière un chant lead impeccable, les saxophones (Geoff Burke) dominent et proposent également quelques échappées faisant le caractère du morceau. Accrocheuse par sa rythmique, "Smile at the mention" propose une ballade qui efface les malheurs devant la pensée de l'être aimé. Les instants instrumentaux marient le jeu virtuose de la guitare solo de Mr Harper et les interventions à point nommé des saxophones et de la trompette (Bruce Harris). "Maybe I can't", place une dernière fois l'artiste sous les feux entouré par le noir. Le calme nostalgique envahit la pièce et rentre dans un tourbillon pour un refrain unique. Un morceau magique revenant sur une époque minimaliste et authentique.

30 ans de carrière et Ben Harper n'a jamais opté pour la facilité après le succès. Il a varié les groupes et les artistes qui l'ont accompagné. Les approches des albums ont changé au fil du temps prenant plus d'une fois ses fans par surprise. C'est encore une fois le cas avec Bloodline maintenance qui donne l'impression d'un medley de ses influences. Il faut rentrer dans cette galette pour fouiner ce que vous chaussez le mieux. Pour le reste et comme pour les bons albums : laisser le temps faire son affaire. Vous êtes avec Ben Harper, tout va bien se passer...