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Interview : Bebly, Bebl interview (avril 2021)

Bebly / Chronique EP > Coriace

Bebly - Coriace Bebly a le COVID long. Non pas au sens médical du terme, mais plutôt musical. Après une flopée d'albums et autant d'EPs, qui sentaient bon le rock français, avec tout l'attirail nécessaire, basse, guitare, batterie et un peu d'électricité, le confinement est passé par là, obligeant le groupe à faire une pause. Et Benjamin Blin, leader du groupe, en a profité pour sortir en 2021, un premier EP très personnel, épuré (Le spleen à présent, cf Mag #46). Le confinement s'est arrêté depuis longtemps, mais le spleen est toujours présent. Benjamin sort un nouvel EP, seul avec sa guitare, seul au chant, seul avec ses arrangements.

Cinq nouveaux titres, dans le prolongement de l'opus précédent. Une guitare légère, aux notes éparses et étirées, quelques accords, de l'ampleur, de la douceur. La voix de Benjamin, tout aussi fragile, chuchoterait presque tant le poids de la mélancolie semble l'empêcher de chanter. À l'instar de Will Oldham, Benjamin propose une indie folk intimiste et délicate. Les textes, poétiques, allégoriques, reviennent sur les relations amoureuses, la disparition, les écueils de la vie. Avec Sylvain Carpentier (ingé son de Saez) aux mixage et mastering, Benjamin aka Bebly ouvre à nouveau cette parenthèse entraperçue pendant le confinement, où le monde avait appuyé sur pause, où l'humanité cessait pendant un temps de s'exciter, de courir, de conflictualiser. Si tu souhaites retrouver un instant un espace de sérénité, de beauté calme, de poésie douce, tu sais ce qu'il te reste à faire.

Publié dans le Mag #56

Bebly / Chronique EP > Le spleen à présent

Bebly - le spleen à présent Pas facile de faire cracher les amplis quand tous les voisins sont confinés ou en télétravail. Encore moins facile de faire de la musique quand faut rentrer chez soi avant la nuit. Ou alors, il y a l'alternative de prendre sa guitare, se la jouer acoustique, et d'écrire quelques titres sur l'état du monde ou sur son état d'esprit. C'est cette option-là qui a été retenue par Bebly, plutôt habitué au rock français bien électrique, même si par le passé, ils avaient su démontrer qu'un petit coup de frein en mode intimiste était largement dans leurs cordes. Confinement oblige, ce EP de 5 titres, est plutôt l'œuvre de Benjamin Blin, chanteur, guitariste et géniteur du groupe. Il a tout de même invité De Nuit Loizeau, chanteuse et multi instrumentiste qui vient apporter sa voix diaphane et mélodieuse. 5 titres qui collent au titre de l'album Le spleen à présent, tant les instruments délicats et simples, les voix fragiles et mélancoliques tendent vers une douceur subtile. Les thèmes sont abordés avec une poésie dans les textes qui sont libres d'interprétation pour l'auditrice ou l'auditeur, même si on pressent l'urgence climatique, les relations humaines et amoureuses. D'ailleurs, l'énumération des titres en est une belle synthèse : "L'extinction", "Mon inertie", "Le spleen à présent", "Les phrases que tu commences", "Mes défauts des fois". Bebly est dans un Le spleen à présent, je ne sais pas si celui-ci lui fait du mal, mais en tout cas, Bebly nous fait vraiment du bien.

Publié dans le Mag #46

Bebly / Chronique EP > ULDO

Bebly - ULDO Alors pourquoi Greta Thunberg prend le bateau pour aller à New York et faire un discours à l'ONU et pas l'avion ? Ben c'est pour l'empreinte carbone, tout ça. Bon, elle aurait pu faire une visioconférence depuis chez elle, mais c'est moins classe. Alors pour faire comme Greta et pas trop charger notre empreinte carbone, quand on cherche du bon rock, pourquoi ne pas se tourner vers des bons producteurs locaux, au lieu de promener ses oreilles outre-Atlantique ou hors de nos frontières. La production estampillée rock français est loin d'être une incongruité, et bon nombre de groupes ont démontré par le passé et le présent que l'on peut conjuguer langue maternelle et rock. Et Bebly, qui fait partie de cette belle famille, en est un très beau représentant.

Et il le prouve avec Uldo, nouvel EP de 5 titres, qui fait suite à (déjà) 3 albums et 2 EPs, pour continuer une belle discographie commencée il y a plus de dix ans. Un EP qui semble surtout lié au précédent tant la pochette est similaire. Et si le précédent offrait une flamme vive dans ce qui semble être une boîte surprise (ou de Pandore), pour cet Uldo, c'est une poignée de droséras qui nous est offerte. Cette plante carnivore, oxymore naturel qui sait combiner violence et fragilité. Et cette dualité se retrouve pour ce nouvel opus. Ça démarre fort avec "Le facteur chance" et "A l'évidence", deux tracks péchus, mordants, carrés, portés par une batterie inventive ; deux titres à la fois complexes (des ponts, des arrangements recherchés, des breaks), abordables (les refrains entraînants et efficaces), mélodiques et puissants. Bref, aussi imparables qu'un tir de LBD à bout portant, comme le rock à la sauce Deportivo de ses débuts. Et puis la chanson "Uldo" débarque, la voix se fait plus timide, plus en retrait, pour laisser la guitare prendre le leadership. Enfin, changement d'ambiance pour les deux derniers morceaux, le très beau et mélancolique "Ce que la vie me confisque" et l'intimiste "Erreur de jeunesse". Respectivement une voix toujours plus fragile, spleenesque et une guitare plus étirée, comme pour apporter jeter un voile sur la tristesse ; puis une conclusion en acoustique, comme Saez sait si bien faire. Mais tout ça, c'est Bebly, qui nous offre ses fleurs du mal, cette belle poignée de fleurs létales, à accepter sans retenue aucune.

Publié dans le Mag #41

Bebly / Chronique EP > Déconne

Bebly - Déconne Dans les aventures de Batman et Robin, c'est toujours Batman qui est remercié pour avoir sauvé Gotham City des Supers Vilains, alors que Robin a tout autant distribué de bourre-pifs. Bebly c'est un peu le Robin du rock Français : malgré de multiples aventures (déjà 3 albums de sortis), Bebly joue plutôt dans l'ombre des artistes référence (Eiffel, Deportivo, Luke...), pour lesquels il chauffe souvent les planches en première partie. Pourtant, ce trio yvelinois formé en 2008, de Benjamin Blin (chant et guitare), Guillaume Ley (basse) et Fabien Rault (batterie), propose une toute aussi bonne production que ses partenaires de scène, et Déconne, leur dernier EP de 5 titres le démontre parfaitement. Bebly développe un rock pêchu, mélodique et entraînant sur les 4 premiers titres, rappelant les premiers Deportivo, mais sait aussi terminer piano sur un acoustique guitare/voix avec un dernier morceau mélancolique très Saezien. A l'avenir, on espère que Bebly trouvera sa place parmi les Batman du rock français, et vivra ses propres aventures, car ils en ont la légitimité, la technicité et surtout le talent.

Publié dans le Mag #29