Bebly a le COVID long. Non pas au sens médical du terme, mais plutôt musical. Après une flopée d'albums et autant d'EPs, qui sentaient bon le rock français, avec tout l'attirail nécessaire, basse, guitare, batterie et un peu d'électricité, le confinement est passé par là, obligeant le groupe à faire une pause. Et Benjamin Blin, leader du groupe, en a profité pour sortir en 2021, un premier EP très personnel, épuré (Le spleen à présent, cf Mag #46). Le confinement s'est arrêté depuis longtemps, mais le spleen est toujours présent. Benjamin sort un nouvel EP, seul avec sa guitare, seul au chant, seul avec ses arrangements.
Cinq nouveaux titres, dans le prolongement de l'opus précédent. Une guitare légère, aux notes éparses et étirées, quelques accords, de l'ampleur, de la douceur. La voix de Benjamin, tout aussi fragile, chuchoterait presque tant le poids de la mélancolie semble l'empêcher de chanter. À l'instar de Will Oldham, Benjamin propose une indie folk intimiste et délicate. Les textes, poétiques, allégoriques, reviennent sur les relations amoureuses, la disparition, les écueils de la vie. Avec Sylvain Carpentier (ingé son de Saez) aux mixage et mastering, Benjamin aka Bebly ouvre à nouveau cette parenthèse entraperçue pendant le confinement, où le monde avait appuyé sur pause, où l'humanité cessait pendant un temps de s'exciter, de courir, de conflictualiser. Si tu souhaites retrouver un instant un espace de sérénité, de beauté calme, de poésie douce, tu sais ce qu'il te reste à faire.
Publié dans le Mag #56