Beastie Boys - Hot Sauce Committee Part 2 On ne va pas la faire à l'envers (quoique eux si en fait), mais l'histoire de ce Hot sauce committee part II n'est pas commune. Et ce n'est pas pour faire une accroche racoleuse, c'est vrai. Une petite explication de texte s'impose. Nous sommes en février 2009 et Adam Yauch aka MCA annonce que le prochain opus des bad-boys de Brooklyn aurait pour titre Hot sauce committee et sortirait quelques mois plus tard. Jusque là tout va bien. Les mois en questions passent et puis un beau jour, Mike D, annonce dans un message plutôt elliptique que la Part II du nouvel effort des Beastie Boys était quasiment dans la boîte, développant un peu plus loin en expliquant que le groupe avait suffisamment de matériel pour produire finalement deux albums long-format au lieu d'un seul.
Jusque là rien de bien extraordinaire. Mais au mois de juillet de la même année, le sort frappe le groupe et Adam annonce officiellement qu'il souffre d'une tumeur cancéreuse. Les projets des new-yorkais sont alors fort logiquement mis en sommeil. Début 2010, la maladie semble vaincue et le groupe se remet au travail. Là, il va falloir suivre puisqu'au mois d'octobre, il brouille les pistes en annonçant que les tracklistings initiaux des deux albums seraient finalement inversés. Puis que la Part II sortirait avant la Part I. On pense alors à une blague jusqu'à ce que Capitol Records agende officiellement la sortie de Hot sauce committee part II au printemps 2011. Quant à la Part I : on attend toujours à l'heure où sont rédigées ces lignes.

A histoire tumultueuse, album presque en forme de chef-d'oeuvre, c'est du moins ce que se sont apparemment dit les Beastie Boys qui mettent d'entrée de jeu l'objet sur orbite avec le tube ultime qu'est "Make some noise". Une torpille sonique aux gimmicks électrisants, alliage parfait entre hip-hop indé des 90's et groove rock incandescent. Le flow est imparable distribuant ses punchlines aux quatre coins du studio, les arrangements monstrueux de feeling et les petits bricolages qui les parsèment emballent ce titre inaugural dans l'écrin de la quasi-perfection. Voilà, ça c'était pour faire un hit. Les new-yorkais soignent leur copie avec un "Nonstop disco powerpack" à la mécanique hip-hop classieuse mais efficace puis "Ok" et ses instrumentations électro synthétiques fun et décomplexées. A croire que tout ce qu'ils touchent se transforme invariablement en pépite. Et si on se prenait un nouveau single dans les gencives ? Oui, non, peut-être ? Trop tard, les Beastie Boys jouent la carte de la provoc' en propulsant leur "Too many rappers" dans les tuyaux, avec en prime un feat du rappeur Nas. Une bombe à fragmentation, ni plus ni moins.
On s'achemine alors vers un sans-faute absolu et au rayon "invités de marque", les américains la jouent classe en s'offrant les services de Santigold sur un "Don't play no game that I can't win" aux ambiances dub caliente chargées en effets et en sensualité exacerbée. Entre temps, les boys auront fait sonner les amplis bien comme il faut sur le salvateur et hargneux "Say it" avant de revenir aux plus purs fondamentaux hip-hop avec un "Long burn the fire" outrageusement bien foutu et gorgé d'instru qui en mettent plein les mirettes. Et d'enchaîner sans jamais s'arrêter pour regarder le chemin parcouru (à l'image de l'ensemble de leur discographie) pour empiler sur la platine, sans trop forcer, l'inventif "Funky donkey", le bizarroïde "Tadlock's glasses" ou le très synthé-punk-rock "Lee Majors comes again". On appelle ça avoir la classe, surtout quand on alourdi un peu plus le score avec un instrumental "Multilateral nuclear disarmament" hypnotisant ou l'hymne hip-hop "Here's a little something for ya". Deux titres plus tard ("Crazy Ass Shit" et "The Lisa Lisa/Full force routine") et voici que les Beastie Boys, décidément trois classes au-dessus de leurs contemporains, emballent l'affaire avec une aisance et une maîtrise juste ahurissante. Get funky.