Beastie Boys - Hello nasty "J'aime pas le hip-hop mais j'aime bien les Beastie Boys" : une phrase que vous avez forcément entendue à l'égard du trio new-yorkais, car en effet, faire apprécier du hip-hop à des personnes qui à priori n'en écoutent absolument pas, c'est le challenge que réussissent (avec Cypress Hill et House of Pain dans une moindre mesure) haut la main les Beastie Boys depuis plus d'une décennie (auparavant, ils évoluaient dans des courants musicaux punk hardcore). La formule magique ? Et bien justement, il y en a pas. A l'instar de Jarod dans la célèbre série, les Beastie Boys sont ce que l'on appelle des caméléons : des types à l'aise quelque-soit le registre qu'ils abordent, le hip-hop en est un registre majeur parmi tant d'autres. Quelques années après le carton monumental que fut Ill Communication, les Beastie Boys débarquent avec Hello nasty qui marque le début d'une nouvelle période : la fin de la collaboration avec Dj Hurricane et l'arrivée d'une nouvelle recrue, le très talentueux Mix Master Mike. Bonjour donc MMM, bye-bye les morceaux punk-hardcore guitare-basse-batterie dont les Beastie Boys avaient hérité de leurs débuts d'adolescents révoltés, Hello nasty développe la musique du trio sur bien d'autres aspects mais toujours avec une constante omniprésente : le fun.
Déstabilisés, les connaisseurs des Beastie Boys ne le seront vraisemblablement pas à l'entame de cet album. On retrouve les composantes qui ont fait le hip-hop inspiré mi-branleur mi-rigolo, caractéristique du trio alliant le flow distinctif des 3 Mc's sur des instrumentations variées en sonorités d'un Dj qui a l'air d'en connaître un rayon sur le sujet. De "Super disco breakin'" en passant par les tubesques "Intergalactic" et "Body movin'" mais aussi "Three mc's and one Dj" qui célèbre l'arrivée de Mix Master Mike, les Beastie Boys démontrent à qui veut l'entendre (mais qui en doute encore ?) qu'ils sont encore les maîtres incontestés d'un genre qu'ils survolent depuis quelques années. Plus qu'un groupe de rap d'ailleurs, les Beastie Boys sont aussi également des musiciens qui tentent, des défricheurs de pistes et des "redéfinisseurs" de frontières de leur propre identité musicale bariolée et comme à chaque album, Hello nasty en porte les stigmates. Parfois ça marche du tonnerre, (le nonchalant "Song for the man" et son orgue vintage sautillant, "Song for junior" et son rythme bossa, "I don't know" et sa délicatesse touchante), parfois ça laisse l'auditeur dans une certaine tiédeur passagère ("And me" et son beat taquin, ça se laisse écouter sans déplaisir) mais il est difficile de leur en tenir rigueur : Hello nasty est constitué de 22 titres et les Beastie Boys pêchent parfois par excès de générosité.
Hello nasty est un disque important dans la carrière du groupe mais aussi, soyons-en certain, dans la vie des fans : rencontrer les Beastie Boys dans un parcours de mélomane, c'est l'assurance de voir ses goûts musicaux décloisonnés par un collectif au talent indéniable.