BBCC - Michael Trois ans après la sortie du dérangé mais non moins passionnant Altered states of consciousness, le sextet strasbourgeois BBCC (pour BangBangCockCock) remet le couvert avec Michael, un "metaspace opéra" d'une quarantaine de minutes alliant son et vidéo. En effet, plusieurs titres (pas loin des meilleurs du disque) ont été adaptés en clips, tous réalisés par Laura Sifi, et permettent de compléter notre immersion dans la mélodicité bien barrée voire flippante du groupe. La théâtralité qui ressort de l'écoute des morceaux concernés est à la hauteur des images projetées sur nos écrans, le public est pour le coup toujours présent dans chacune des vidéos, tel un spectateur de l'absurde. Notons au passage que l'album a fait l'objet d'un film inspiré de ses 10 titres que nous n'avons pas (encore) eu la chance de voir.

Dans l'esprit, Michael ne s'éloigne pas de son prédécesseur. BBCC distille toujours son rock farouche inspiré grandement des Talking Heads et de Devo pour les plus évidents, mais également d'artistes comme Klaus Nomi à certains égards, voire plusieurs groupes français beaucoup moins connus mais raffolant de la fusion des genres comme les Rank-O ou bien Tioklu, un Strasbourgeois également pensionnaire du label October Tone et qui a produit ce disque. Chacun des dix titres de Michael est une nouvelle scène dans laquelle on est un témoin admiratif, mais surtout connecté et entraîné à ces diverses étrangetés pouvant à la fois nous procurer une sensation d'attraction voire d'ensorcellement, sans trop comprendre ce qui nous arrive. L'aspect "new age", totalement assumé du groupe, y est pour beaucoup. Même la pochette complétement pétée met la puce à l'oreille avant même de poser le disque dans la platine.

Ce cabinet des curiosités contient de véritables pépites totalement folles, à commencer par le single "Sitcom" exprimant la souffrance d'un homme en manque d'amour qui a besoin de pilule pour faire la fête et se sentir vivant, ou bien ce "Coach party" bondé d'ondes spatiales psychés et divisé en deux parties, l'une flasque, et l'autre beaucoup plus rythmée qui part en vrille. On pourrait également citer "The prize" pour son groove contagieux et son synthé très eighties. Si tu aimes le rock, sa fusion, l'audace, la prise de risque, l'humour, la dramatique, la déraison, et que rien ne t'effraie, fonce vite découvrir cet album-concept passionnant qu'est Michael.