Baston - La martyre Je ne compte plus le nombre de groupes français qui depuis plusieurs années revisitent (ou s'inspirent, c'est au choix) à leur manière ce que les années 1980 ont apporté de mieux en terme musical (citons au pif Gwendoline, Rendez-Vous, Jessica93 ou Drame...). Qu'ils soient rock, electro ou encore disco-funk, chacun se réapproprie le patrimoine à sa manière. Les Rennais de Baston s'acoquinent plutôt avec les sonorités cold-wave/new-wave et le post-punk avec un soupçon de krautrock et quelques effluves 70's noyées dans leur son. Autant le quatuor avait pris son temps (6 ans) pour sortir en 2019 son premier disque, Primates, autant son successeur, composé à distance pendant le premier confinement en 2020 - puis enregistré entre les deux confinements dans le garage des parents du claviériste Simon Magadur situé dans le Finistère - s'est plutôt rapidement réalisé. À croire que quand on se met un bon coup de pied au cul, le résultat peut être absolument brillant. Et c'est justement le cas avec La martyre.

Ce nouvel album est constitué de huit titres faisant référence à des noms de boites de nuit du nord Finistère. On nous donne d'ailleurs un indice dans "Neptune" sur laquelle s'immiscent des enregistrements provenant probablement d'archives d'émissions de télé du type "Strip-tease" où l'on donne la parole à des parents et leurs progénitures fréquentant les lieux de fêtes à l'époque. Quelques séquences sont d'ailleurs très rigolotes, au passage. Ces lieux haut en couleurs, où la baston est monnaie courante par ailleurs, ont donc inspiré les Rennais qui nous proposent des échappées trémoussantes (l'excellente "Flash" et son style à la Devo est un exemple parfait) voire carrément hypnotiques ("Pacific"), mais avec une certaine froideur non dissimulée. La martyre, du nom d'une commune du Finistère dont le plafond du porche de son église est représenté sur la pochette du disque, est une sorte d'errance nocturne qui oscille constamment entre morceaux directs et exaltants ("Flash", "Zodiac", "Chamade") et chansons plutôt introspectives et éthérées ("Saphir", "Pacific", "Capri") avec comme point commun des mélodies dominées très régulièrement par les claviers de Simon et des basses aux sons hypnotiques et profonds. C'est bien simple, rien dans ce disque n'est mauvais, et chaque titre fait mouche. C'est tellement rare comme situation qu'on s'inquiète pour leur avenir tant il va leur être compliqué de faire mieux. On leur conseille même de faire très vite car Baston a l'air d'exceller dans l'urgence.