Paie ton équipe de champions sur le papier ! Y a que des numéros 10 dans la team Balbao To Bilbao avec des ex ou actuels Gâtechien, Microfilm, Not Scientists, Robot Orchestra, Uncommonmenfrommars... je ne vais pas tout lister mais ce sont des gars qui traînent leurs Vans, Converses ou Santiags et balancent des uppercuts et crochets du gauche depuis bien 25 ans dans les rades, caves, caf' conc', voire SMAC et même spectacles pour jeunes dis donc. Tu en as forcément croisé un un jour. Après, la musique c'est comme dans le sport, on peut rassembler les meilleurs joueurs / musiciens du monde, il faut que la sauce prenne et que l'alchimie fonctionne. Qu'en est-il ici ?
Quand on regarde la pochette, les jeux de mots sur certains titres de chansons, "Elasticake", "Devoclusky", "Commandant Guso" ou même de l'album, Nonante (quelle idée ?), on est en droit d'avoir quelques réserves. Va t-on se farcir un énième groupe, friand de private jokes, y a qu'à voir son nom, qui passe plus de temps à ricaner autour de canettes en répèt à La Sirène (salle de La Rochelle où Balboa To Bilbao a vu le jour) qu'à bosser des morceaux ? Vu le pedigree de nos Rocky de Nouvelle-Aquitaine, la question était superflue et l'écoute de Nonante vient vite dissiper tout soupçon. Oui, ils kiffent cette décennie musicale bénie des Dieux du rock et lui rendent bien hommage, dans une mixture assez insaisissable, indéfinissable, tant ils viennent d'horizons malgré tout divers. C'est pas du punk rock, c'est pas du post rock, c'est pas de la noise rock... c'est un peu de tout ça et cohérent dans cette relative incohérence, avec qui plus est les trois chants différents pour achever de brouiller les pistes. Ou pas. En effet, des fois j'ai l'impression de reconnaître qui a pu amener l'ossature du morceau, sur lequel chacun a ensuite mis sa touche perso. Allez, je me lance. Je suis certain que Erwan CrazyOne est à l'origine de "The race", Laurence NotRatBack de "Bag it up" et Sir Stevo Fart Again de "Elasticake", même si là j'ai un petit doute, son style de prédilection se situant à la croisée des deux précédents, plus facilement identifiables. Peut-être également que ce processus de composition a fonctionné aux débuts du groupe, pour leurs premiers morceaux et que cela s'est ensuite affiné. En effet, quand j'écoute "Devoclusky", qui porte bien son nom car on dirait vraiment du McLusky dansant en mode Devo, je suis bien en peine de dire qui en est à l'origine. Même chose pour "Commandant Guso" où l'on sent bien là aussi que le travail collectif porte ses fruits.
Quel est l'avenir de Balboa To Bilbao, tous étant occupés dans d'autres groupes, la suite nous le dira mais l'appel de la scène a déjà commencé à se faire sentir et il devrait y avoir d'autres galas à venir. En attendant on se rue sur ce CD qui sort fin janvier, en autoproduction. Si c'est pas malheureux ! Dans les années nonante, les labels indés se seraient sûrement arrachés pour les signer, d'ailleurs si quelqu'un est chaud pour une sortie vinyle, vous pouvez toujours les contacter.
Publié dans le Mag #49