Rock Rock > BadBadNotGood

Biographie > C'est pas bien !

BadBadNotGood est une formation originaire de Toronto s'articulant autour du claviériste Matthew Tavares (qui n'est pas accompagné de Gomez pour cette occasion), de Chester Hansen (Helly n'est pas non plus avec lui) à la basse, d'Alexander Sowinski à la batterie et, depuis janvier 2016, du saxophoniste Leland Whitty qui jusque-là accompagnait le groupe en tant qu'invité. Cette bande de joyeux lurons se sont rencontrés sur les bancs d'une école de jazz, se sont trouvés une passion commune pour le hip-hop et ont convenu que marier ces deux genres ne leur poserait absolument aucun souci. Pour sûr que feu Guru ou La Cédille auraient donné leur aval sans problème pour ce genre d'entreprise musicale.

BadBadNotGood / Chronique LP > Talk memory

BadBadNotGood - Talk memory Voici un disque arrivé chez nous (sans livret !) avec un retard notable, soit plus d'un an. Cela n'a pas la moindre conséquence puisque nous n'étions même pas informés de la sortie de ce nouvel album de BadBadNotGood, groupe de jazz canadien se frottant à plein de styles (le hip-hop avec Ghostface Killah sur Sour soul en 2015, ou encore ce fameux IV à consonance electro-soul-jazzy marqué par une multitude de collaborations sorti en 2016). Les Canadiens nous prennent à contre-pied cette fois-ci, puisque ce Talk memory s'inscrit comme un retour aux sources jazz. En effet, curieux de savoir où le combo allait nous amener en 2021 (rock ? œuvre expérimentale ? free-jazz ? classique ?), on se retrouve donc face à face avec un jazz qui aime toujours autant chercher de nouvelles formes orchestrales, se réinventer, sans pour autant oublier sa forme traditionnelle. Un album instrumental dense et varié qui rend hommage aux musiciens et compositeurs qui ont inspiré le travail du groupe (dont les inévitables John Coltrane ou Miles Davis).

Avec ce Talk memory, le groupe continue de nous éblouir de sa classe et de sa technique. Musiciens aguerris, ils ont pris le temps de faire un bilan après de longues tournées pour analyser le passé et faire "parler la mémoire" par des improvisations en studio en gestation longue (deux ans), contrairement à avant où elles s'effectuaient davantage sur scène. Ceci étant dit, on vous laisse imaginer un album retranscrivant à merveille ce qui pourrait être un concert dans un petit club de jazz avec ses différents mouvements et progressions, piano/forte, legato/staccato, orchestre/solo, romantisme/dramatisme, qui se reflètent autant dans des styles évidemment jazzy ("Unfolding (Momentum 73)", "Open channels") mais aussi soul ("Love proceeding") voire rock ("Beside april"). Talk memory est en définitive une exploration du beau en collectif (Arthur Verocai, Laraaji, Terrace Martin, Brandee Younger et Karriem Riggins sont venus prêter mains fortes aux Canadiens). Par conséquent, on ne regrette pas d'avoir attendu plus d'un an cette première sortie du groupe chez XL Recordings.

Publié dans le Mag #54

BadBadNotGood / Chronique LP > IV

BadBadNotGood - IV Depuis ses débuts, et c'est indéniablement ce qu'il lui a permis d'être (re)connu, BadBadNotGood a la bienheureuse tendance de faire de la reprise, mais surtout de la collaboration, son cheval de bataille. D'un simple "one-shot" (avec Tyler, The Creator et son crew Odd Future ou Franck Ocean) à un projet entier (l'album Sour soul sorti en 2015 avec le rappeur du Wu-Tang Clan, Ghostface Killah), le quatuor perpétue la tradition sur son cinquième et nouvel album, IV (seul Soul sour n'a pas suivi la numérotation logique des opus étant donné qu'il s'agit d'un disque réalisé par deux entités). Au rang des invités de ce IV, se trouvent Sam Herring, le chanteur de Future Islands, le joueur de saxophone basse Colin Stetson (connu pour avoir bossé avec Arcade Fire, Bon Iver, Tom Waits ou The Chemical Brothers), le DJ producteur Kaytranada, le rappeur Mick Jenkins et la chanteuse de R&B Charlotte Day Wilson. Du beau monde qui ne laisse point douter sur le fait que cet album sera couvert de bariolages en tout genre et que l'éclectisme régnera en maître.

Avec le temps, BadBadNotGood réussit progressivement à foutre un coup de pied au cul du jazz, son style de prédilection qui malgré les apparences et ses ouvertures diverses (jazz-rock, acid-jazz, free-jazz, jazz manouche, ska-jazz, latin jazz, jazz funk...) reste encore un univers cloisonné et réservé aux initiés, même quand il est décliné de façon intelligente. Les Canadiens, eux, peuvent s'enorgueillir d'expérimenter, de faire évoluer les sons et leur jeu instrumental selon la demande du titre. Les onze morceaux qui forment IV sont autant le fruit d'expérimentations et d'expériences qu'un malin plaisir à pousser le champ de la composition à son paroxysme, que cela soit dans les arrangements (comme sur la magnifique ballade soul "In your eyes"), dans la recherche sonore (hum, ces synthés vintages so 60's sur "And that, too." et "Speaking gently") que dans la technique instrumentale pure (les 7 minutes très jazzy de "IV" ou le duo de cuivres de "Confession Pt II"). C'est tout là le talent incommensurable des membres de BadBadNotGood qui, à même pas un quart de siècle d'âge chacun, donnent une leçon à une industrie musicale dans son ensemble qui n'élève pas toujours les débats en voulant compartimenter les genres. Car ce nouvel album n'est ni un album de hip-hop, ni un album de jazz, ni un album d'électro, ni un album pop, c'est tout à la fois et bien plus que ça !