BAD RELIGION do what you want Bad Religion a quarante ans. Enfin quarante et un maintenant, mais qu'importe. Ce qui est remarquable, c'est que Bad Religion, formé en 1980, est toujours là. Fidèle au poste. Et à ses convictions qui n'auront jamais fait l'objet de compromis. Quatre décennies de punk rock et de hardcore mélodique exécutés dans les règles de l'art (mais si au début, et dixit Graffin, ce n'était pas de l'art mais du suicide !).

Do what you want. Sacrée philosophie. Et pourquoi pas ? Agir. Mais avec intelligence. Toujours (ou presque) dans le but de faire réfléchir. Et ceci en toute indépendance. Voici les fondamentaux de Bad Religion. C'est du côté de la Californie, à l'aube des 80's, et alors que le punk-rock commence à s'essouffler, que Greg Graffin et Brett Gurewitz (rapidement surnommé Mr Brett) accompagnés du batteur Jay Ziskrout et du bassiste historique (et toujours en activité) Jay Bentley, forment Bad Religion. Et dans le sillage du groupe, un "world way of thinking" et un son qui deviendra universel. Car sans Bad Religion, probablement pas de NOFX, Green Day ou Lagwagon.

Des premières répètes dans un garage à la sortie de The age of unknown, leur 17ème album, en passant par la création d'Epitaph Records (support DIY destiné dans un premier temps à sortir les premières prods du groupe, et qui deviendra un des plus gros label indépendants), le succès (décalé dans le temps) de Suffer et les tournées triomphales en Europe, Greg, Brett, Jay et le génial guitariste Brian Baker, chapeautés par le journaliste américain Jim Ruland, racontent l'histoire de Bad Religion. Leur histoire, ou tout du moins une bonne partie. Et ils n'occultent aucun moment de la vie du groupe. Les bons comme les mauvais. Comme ce deuxième album mi hard rock mi progressif qui provoqua le départ de Jay et la mise en hibernation du groupe. Ou le départ de Brett, sous pression, lors de la signature avec la major Atlantic, synonyme de futures tournées intensives et remplacé par la légende Brian (Minor Threat, Dag Nasty). Ainsi que les problèmes de prise de drogue et d'alcool et de dépendance. Rien n'est occulté.

Point d'histoire sordide ou de légende scabreuse dans cet ouvrage bénéficiant d'une traduction et d'une édition française par nos amis de Kicking Records. Juste le récit de quelques types qui ont partagé leur passion pour le punk-rock et créé une alchimie presque parfaite. Avec un chanteur qui mènera de front une intense activité musicale et une brillante carrière scientifique et un guitariste devenu producteur et gérant d'un label qui signera les nouvelles locomotives du punk rock après le cataclysme Nirvana. Le groupe, qui sortira un album quasiment tous les ans pendant les années 90, enchainera avec une insolente facilité des disques de qualité, tant au niveau musical qu'au niveau des textes jamais dénués de sens. Le duo de compositeurs Graffin/Gurewitz, véritables Lennon/Mc Cartney du punk rock, fera des étincelles et sera à l'origine de dizaines de tubes (parmi les quasi 300 titres composés !). Si bien que comparativement à des groupes comme Motörhead ou AC/DC, une chanson de Bad Religion est instantanément identifiable.

Condenser quarante ans de carrière en 300 pages était un sacré défi. Défi relevé haut la main par les auteurs de cette autobiographie plus qu'indispensable. Do what you want. Et fais-le toi-même, précepte mis en application dès les débuts du groupe. Bad Religion n'a eu de cesse de bousculer les usages et les habitudes. Non par esprit de contradiction mais par nécessité d'indépendance. Un groupe authentique et attentif. Un des derniers encore en activité. Ce livre est incontournable pour comprendre le phénomène Bad Religion, et sera une excellente excuse pour te faire ressortir des disques de ce groupe californien génial.