Pour l'anniversaire de Bad Religion, on a demandé à 40 personnalités du monde du rock de nous donner leur titre favori et d'expliquer un peu pourquoi, le résultat est mis en forme dans le MAG #47 et archivé "brut" ici.
1 - Cyp - Topsy Turvy's
Raise your voice
Putain mec, sujet brûlant. Du coup, je suis nez dans le guidon sur la bio de la mauvaise religion qui vient de sortir sur le label bien aimé de tous, Kicking Records drivé d'une main de maître par notre cher Cu! Tu m'aurais demandé ma song des Ramones préférée, ça aurait été plus simple.
Pour tout t'avouer, je n'ai jamais été un "gros" fan de BR mais comparé à d'autres (genre NOFX que je ne supporte pas), ça me fait vivre un truc hyper sincère à chaque fois que je remets l'oreille sur un skeud. Pour replanter le décor, je suis en 3ème et je découvre depuis un an les joies du punk rock (enfin, j'écoute autre chose que de la pop et les peu de trucs punk que je connaissais à l'époque). J'ai saigné Weezer et Superchunk, les Ramones, les Clash... ainsi que le groupe de mon prof de batterie Liquid Team. Au travers Punk Rawk Magazine et des concerts au Confort Moderne (salle de concert de Poitiers) où je peux côtoyer la Fanzinothèque et apprendre des choses et découvrir des groupes... et faisant du sk8, je traîne à la rampe de Poitiers et je rencontre les Seven Hate. Et autour de la rampe, ça parle et ça écoute de la zik. Puis au lycée, quand j'arrive en 2nde, quelques types écoutent des trucs assez cool, des trucs français comme les Thugs et du coup, ça devient des copains. Lors d'une soirée, ça envoie naturellement les tradi Green Day, Offspring,. Et un pote passe du BR. On est un peu tous sur le cul ! Il nous dit : "écoutez ça les gars, c'est des vrais chants de marins !". Ça me titille. Du coup, on file acheter un ou deux disques avec nos fonds de poche d'ado au Gibert Disques. Le mec du rayon était assez calé et nous oriente vers les premiers et aussi toute la faune Epitaph (on comprendra plus tard que c'est le label de BR monté par le Brett...) et Fat Wreck. Je prends une énorme branlée sur l'album Suffer, morceaux assez speed, lignes de basse de ouf, le chant toujours super nickel ! Des putain de mélodies, ça enchaîne les tubes ("Forbidden beat", "What can you do ?"). On pourrait aussi parler du morceau "Empty causes" sur The gray race (ces chœurs et les grattes sur le refrain et ce solo bordel !) et chemin faisant, je suis le groupe de plus ou moins près. On a la chance encore avec nos fonds de poche de pouvoir monter à Paris et les voir, je sais plus trop comment...Puis déboule l'album The process of belief. Grande claque.
Avec le recul je pense que ma song favorite de BR est vraiment "Raise your voice". Un côté hard rock que je kiffe, ce riff de gratte. et le refrain ! un vrai chant de marin ! Et des structures qu'ont rien à voir avec les codes du punk rock que j'écoutais à l'époque.
Pis c'est toute ma vie de lycéen qui défile quand j'écoute ce truc ! On avait une émission de radio avec un pote qui s'appelait Planet'Punk sur Radio Pulsar à Poitiers. 1h tous les vendredis soirs entre 18h et 19h. On passait les nouveautés découvertes grâce aux zines et Punk Rawk et donc pas mal de BR. On balançait les infos concerts de la région grâce à L'Arsenal, une feuille de choux éditée par la Fanzino qui renseignait tous les mois ce genre d'infos, concerts et sorties de skeuds ! On a fait ça pendant 5 ans je crois.
C'était aussi une façon de voir comment on pouvait se donner une sorte de but dans la vie, les textes étaient en phase avec ma "découverte du monde», le skate, une prise de conscience politique aussi à travers toute cette scène française qui grandissait, anglaise ou ricaine ils avaient une espèce de message à faire passer ! Une espèce de famille autour de cette zik, un lifestyle un peu, on s'échange des disques, on va en emprunter à la médiathèque, on lit des fanzines. l'envie de découvrir de plus en plus de groupes et d'aller à de plus en plus de concerts, monter tes premiers groupes punk et essayer de refaire certains plans ! Une sorte d'école de la rue pour punkrockers boutonneux haha ! Arrivé à la fac en 1ère année, je me rends compte qu'on est trois à écouter ce genre de zik ! C'est speed, c'est ultra carré, on kiffe et on porte des fringues de 3 mètres de long !
Puis finalement, j'ai la chance de les revoir au Hellfest pour le sublime plateau des 30 ans des boss Burning Heads (journée de fou avec Seven Hate, UMFM , The Hard Ons...) Quel beau moment !
Ce n'est pas tellement sur une song en particulier dont je parle mais plus une époque de ma vie. Après toutes ces années le groupe est toujours présent, encore un beau moment au Punk in drublic où on a pu les revoir ! Sans être un grand fan de ce groupe, je peux dire que j'aime quand même leurs albums et leurs shows quand je les vois. Des paroles "engagées", une histoire qui donne à être connue. Et c'est bien toujours d'actualité. On aura toujours des choses à chanter sur la misère du monde, en essayant de faire de beaux refrains pour donner la pulse qui fera que ce monde de merde, à travers une chanson un peu pop passe toujours mieux... même si on sait bien que c'est pas la vérité. Alors faut toujours continuer à monter des groupes pour lâcher ce qui nous révolte ou bien ce qui nous rend heureux comme l'ont fait et le font BR. ;)
2 - Yan - Fanzine Cafzic
Supersonic
À savoir, je suis toujours en retard. Je n'ai donc pas capté de suite cette vague de punk rock international. Mon jeune cousin né en 77 m'en parlait et je trouvais que ça allait trop vite, que c'était toujours pareil, normal je suis de 69. J'ai appris à être toujours en retard, pas un soucis. Concernant nos héros du jour, le truc qui me faisait néanmoins tripper c'était le nom, BR, ça symbolisait assez bien ma pensée. Je n'ai qu'un misérable single dans ma discothèque. Mais les années passant, j'ai stocké un max de morceaux sur mon disque dur comme tout le monde. Et du BR il y en avait pas mal. Sélection, puis re-sélection. Il m'en reste une vingtaine correspondant certainement à mes codes et si je suis arrivé en retard je suis quand même arrivé ! A ce jour, je n'ai pas encore dévoré le Kicking bouquin parce que je me le garde pour l'été, la plage, la pause dans l'esprit pour le galop dans les oreilles. Choisir un morceau dans une carrière aussi longue, ce n'est pas une sinécure. Je ne vais pas le choisir parce que c'est celui que je préfère car là, j'aurais pris "You don't belong" de The process of belief (2002) ou "Dearly beloved" de New maps of hell (2007), et peut-être "Empty causes" de The gray race (1996) ou "Mediocre minds" de No Substance (1998). Je vais donc en choisir un autre, parce que j'aime les symboles, j'aime les clins d'œil et que j'ai le plus profond respect et de l'attachement pour tous ceux qui ont jalonné mon parcours de fanzineux, les groupes, les labels, les fanzines, les magazines, etc. Je vais donc choisir "Supersonic" de The process of belief (2002) mais pour une seule raison, il était sur la compil Punk Rawk Explosion #6. Ce mag m'a accompagné, ce mag m'a informé, ce mag m'a forcément transformé. Derrière les articles, il y avait un max de personnes pour lesquelles j'ai le plus profond des respects. Je fais un fanzine depuis 24 ans, je suis donc un vieux, un survivant, j'anime une émission radio depuis 15 ans, je confirme donc que je suis un vieux, un survivant. Mais un vieux en perpétuelle évolution et ça, je le dois à tous ceux qui font la scène jour après jour. BR n'est pas "LE groupe", BR est un excellent groupe, un symbole à plein de niveaux mais comme des tas d'autres le sont et pas uniquement des groupes. Seuls nous ne sommes rien, ensemble nous sommes forts.
3 - Seb - Hateful Monday (Suisse)
Punk rock song
Sans grande prétention, du moins je l'espère, je me considère vraiment comme un fan absolu et de passablement longue date de BR. A ce titre, j'aurais aimé pouvoir répondre à la question du titre favori quelque chose d'un peu inhabituel, une vieille B-side ou un titre de How could hell be any worse ?, pour faire genre... Mais si je dois être parfaitement honnête, il faut bien que j'admette que mon titre ultime, la chanson qui a véritablement déterminé le cours de ma vie, c'est "Punk rock song", tirée de l'album The gray race.
Pas trop étonnant j'imagine, c'est un titre calibré radio et finalement de loin pas leur meilleure chanson. Mais bon, à l'époque, je découvre le groupe en tombant par hasard sur ce clip assez nul et je n'en crois pas mes oreilles ! Avoir l'air aussi peu cool et faire de la si bonne musique, c'est inespéré pour un ado maigrichon et boutonneux comme moi !
Je me rue chez mon disquaire peu de temps après et découvre que l'album est sur borne d'écoute, alors je m'y installe et ne la quitte qu'après avoir flotté sur un petit nuage pendant 45 minutes, titre après titre. Je me souviens encore clairement aujourd'hui ne pas comprendre comment un disque peut me toucher aussi profondément dans mon âme. Je me souviens aussi avoir la certitude totale après écoute, que ça allait être partie intégrante de ma vie entière.
Après cela je contacte mon ami Igor et lui dit qu'il faut qu'on fasse un groupe "dans ce genre". II me dit : "ouais, ok." 25 ans plus tard, on est toujours présents et passionnés comme au premier jour... and the rest is history.
4 - Dani Llamas - G.A.S. Drummers (Espagne)
Best for you
Dans "No direction", Graffin dit qu'aucune chanson de BR ne peut remplir ta vie. J'en doute. Ce n'est pas vrai pour moi. Je suis sûr d'être construit d'une bonne poignée de chansons de BR. Je ne peux pas en choisir une seule car les choses changent et mes goûts varient en même temps qu'elles. Je choisirais une chanson différente chaque jour. En haut du podium de mes chansons préférées, la créativité de Graffin et celle de Gurewitz sont au coude-à-coude. Je pourrais créer des catégories à l'intérieur de leur répertoire, par exemple les chansons de BR qui citent les Beatles. Aujourd'hui, je choisirais une merveille à 3 accords. "Best for you" de Suffer (1988). Elle est simple mais la mélodie est géniale, la structure parfaite, mid tempo et les paroles sont absolument magnifiques. Si tu me redemandes demain, j'en choisirai probablement une autre.
5 - Jérémie - Flying Donuts
Infected
Me concernant, BR c'est toute mon adolescence. Un des groupes qui m'a fait découvrir le punk rock. Un des premiers que j'ai vu en concert aussi (Warped Tour 1998 à Strasbourg avec NOFX, Rancid...) Je n'ai pas de honte à le dire, j'ai commencé par écouter des "ricaineries" avant des formations françaises moins médiatisées mais qui m'ont intéressé rapidement 100 fois plus par la suite, grâce notamment au monde du fanzinat et à mon âge qui me permettait d'aller aux concerts (je suis né en 1979).
Bref, j'ai découvert BR avec No control (mais 2 ans après sa sortie). J'ai écouté Stranger than fiction en même temps que Green Day et NOFX, peu de temps après Pearl Jam et Nirvana. Mais avant les Sheriff et les Burning Heads, je l'avoue, totale franchise ! D'ailleurs j'ai vite fait le rapprochement puisque par exemple les Burning reste le groupe qui m'a le plus influencé.
Stranger than fiction est donc mon album préféré. Que des gros refrains. Suivi de très près par The gray race, album surproduit mais kiffant, True north de 2013 et le tout dernier Age of unreason, hyper bon. Mon morceau préféré est un morceau de Stranger than fiction qui se nomme "Infected". À fond dans l'actu' non ? Blague à part, le riff principal est simple, fun et va droit au but. C'est tout ce qu'on demande !
Pour Under their influence, le disque de reprises des Burning Heads, j'ai chanté la cover du morceau "21st century (digital boy)", à leur demande. Une chanson que j'aime beaucoup également. J'étais super content de faire ça. Un honneur bordel !
Enfin et pour terminer, je tiens à rajouter deux choses :
- en tant que chanteur guitariste, je surkiffe le jeu de guitare de Brian Baker (surtout époque Dag Nasty). Ce mec est le patron, l'inventeur de cette mouvance. Aujourd'hui, je sais que beaucoup de gens n'apprécient pas ses guignoleries sur le net ou ses attitudes de pépé looké on stage. Moi je m'en carre, ça reste le tonton Brian, respect. Au même niveau qu'un Dave Smalley ou qu'un Pierre Burning, sérieux.
- et de l'autre côté l'immense Greg Graffin, chanteur d'exception. Le reprendre a été un exercice difficile et plaisant. Justesse, intensité variable, harmonies à gogo... tout y est ! Et pour la qualité de ses lyrics et de ses engagements, je vous laisse aller feuner sur la toile, vous vous apercevrez vite que le mec en a plus dans le ciboulot que les gens qui viennent le voir pour s'exciter dans le pit ! Pour finir, j'adore son style sur scène, ultra posé, énergique, vindicatif, sûr de lui.
Voilà, merci à vous de pouvoir m'exprimer ici.
6 - Julien - fansite www.badreligion-fr.com
Shattered faith
Ma chanson préférée de BR ? Non mais c'est une blague ! Éventuellement je vous fais un top 10 - et encore, ça va être un crève-cœur. Bon, ok, ok, je joue le jeu.
Alors oui, bien sûr, ma chanson préférée de BR pourrait être "Generator" puisque ce fut celle qui me fit découvrir ce groupe mythique. D'ailleurs, je raconte tout ça de façon outrageusement admirable sur mon site, sur la page "Pourquoi ce site" (#Puteaclic).
"Do what you want" aurait également pu être l'heureuse élue puisqu'en plus d'être un des hymnes du groupe, c'est aussi le titre de leur biographie - toujours en vente chez Kicking Records #Puteaclicmaispourlescopains.
Bon alors peut-être me faut-il chercher du côté de ces chansons qui me font vibrer à chaque écoute. Problème, j'en décompte facilement 2 (voire 3 ou 4) par album et on en est bientôt à 20. La solution viendra donc peut-être des titres inédits - ne figurant officiellement sur aucun album - qu'il serait bon de mettre en lumière. Ah bah oui : "Shattered faith".
Elle fait le taf à chaque fois pour moi, à base de poils qui se hérissent et d'envie de hurler : "Shattered faith, the part of me, I can't erase !!". Pour ceux qui roupillaient en cours d'anglais : "Une foi brisée (détruite, ruinée, perdue) cette part de moi que je ne peux pas effacer". Et puis cette sentence qui tombe à la fin de chaque couplet : "Life begins when you accept your fate" que l'on traduira par "La vie commence quand on accepte son destin", sous-entendu, on n'est pleinement en vie que lorsqu'on arrête de parier sur une vie après la mort. La mélodie n'est pas en reste, couplets, refrains, tout fonctionne et je ne parle même pas du chant de Greg Graffin qui fait mouche une nouvelle fois. Je ne comprends toujours pas comment cette chanson ne s'est pas retrouvée sur l'album The process of belief en 2002. En tout cas pas ailleurs que sur sa version japonaise.
Bref, vous l'aurez compris, pour moi une bonne chanson de BR allie forcément paroles, musique et poils qui se hérissent.
7 - Dennis - Refused, Fake Names (Suède)
I want to conquer the World
C'est intéressant parce que quand tu es musicien toi-même et que tu grandis avec la musique que tu aimes, c'est un de ces groupes qui, quand je les ai découverts, étaient impressionnants et le demeurent. Mais en fait, c'était énorme. Et ce qui est intéressant, c'est que Brian, avec qui je joue dans le groupe Fake Names, m'a offert une bonne connexion avec Bad Religion. Il m'a envoyé le livre Do what you want qui est sorti l'année dernière. J'ai lu ce livre et je me suis dit : "Oh, je veux réécouter du BR". Puis un type d'Epitaph Europe m'a donné les disques que je n'avais pas achetés. Je pense que j'ai arrêté d'acheter des disques de BR avec The gray race, mais ce type d'Epitaph m'a dit qu'il m'enverrait tous les disques. Donc en fait, cette année et à la fin de l'année dernière, j'ai écouté tous les disques de BR, tous les nouveaux pour moi, ce qui était intéressant parce que c'est comme ça avec certains groupes : tu les aimes pendant un moment et puis tu continues ta vie, mais eux continuent à sortir des disques. Donc, quand tu m'as contacté pour cette interview, je me suis dit que ça tombait bien parce que je venais de redécouvrir BR.
No control est le premier disque de BR que j'ai acheté à sa sortie, en 1989. Je suis allé chez le disquaire du coin et ils avaient ce disque. Je connaissais le nom grâce aux T-shirts et à leur logo et donc j'avais 17 ans quand je l'ai acheté. Et ça m'a époustouflé parce que c'est rapide et un peu agressif mais c'est super mélodique. Et puis j'ai acheté Suffer, puis j'ai acheté How could it be any worse ?. Et dans notre ville natale d'Inyo, pendant une période comprise entre 89 et 91, tous les autres groupes ont joué "We're only going to die of our arrogance". Mais je pense que ma chanson préférée de BR est "I want to conquer the World". Oui, c'est vraiment ma préférée. J'adore cette chanson, c'est juste une super chanson. Je pense que les paroles sont drôles et je pense que la chanson est rapide et c'est un peu furieux et mélodique en même temps. Je l'adore vraiment. Je suis aussi le gars qui, dans n'importe quelle conversation, va parler du fait que j'aime Into the unknown parce que j'aime quand les groupes sortent des rails et essaient de faire des choses différentes.
8 - Ed - Not Scientists, UMFM.
Do what you want
Ma rencontre avec la musique s'est faite à travers le hard rock et le metal. J'étais un teenager fan de AC/DC, Guns n' Roses, Metallica, Sepultura. J'apprenais les riffs à la guitare, j'achetais Hard Rock Mag tous les mois, et chopais la cassette qui avait la meilleur review à la fin. Un jour, un pote m'a prêté la compile Epitaph Punk-o-Rama 1 et le premier morceau était "Do what you want" de BR. Je n'avais jamais écouté ce style de musique mais ça m'a parlé instantanément, speed, mélodique mais énervé. En plus les mecs n'avaient pas de pantalon moule brunes, maquillage ou cheveux permanentés. Ils étaient simplement sur scène comme dans la vie. Et les paroles "Do what you want. break all the fucking rules" étaient exactement ce que j'avais besoin entendre. L'album Suffer m'a ouvert les yeux et la même année, la compile Fat Music For Fat People, NoFx Punk in Drublic et Green Day Dookie ont changé ma vie.
Avance rapide en 2016, Not Scientists font deux dates avec BR, Lyon et Clermont-Ferrand. Le deuxième soir, Jay Bentley me laisse choisir leur setlist : No control ou Suffer. J'ai choisi Suffer et la boucle était bouclée!
9 - Sima - Not On Tour (Israël)
Evangeline
10 - Mr Cu! - Kicking Records
Sinister Rouge
Mon morceau préféré de BR ? Je vais répondre comme tout le monde : il y en a trop pour choisir.... Même si tu me demandais mon album préféré de BR, je serais bien embêté pour te répondre. Mais tu sais que tu peux tout me demander et que je ne rechigne pas à l'effort pour te contenter.
Alors je vais te dire "Sinister Rouge", car c'est le premier morceau qui me vient si je me pose cette question si cornélienne. Les raisons sont aussi multiples qu'évidentes :
- Il représente la véritable porte d'entrée dans la dernière phase du groupe. Celle où les compositions, la production autant que l'interprétation se modernisent. Cela est dû au fait du retour au bercail de Brett et du recrutement de Brooks à la batterie. Ces deux-là sont présents sur l'album précédent, The process of belief, qui n'est pour moi qu'un album de transition, une ébauche de ce que deviendra le groupe avec The Empire strikes first, qu'ouvre "Sinister Rouge".
- Il y a tout BR dans ce morceau : c'est du hard-core mélodique comme seuls eux peuvent en faire, la production est monstrueuse, les oozin'ahhh sont bien présents... et bordel ça bourre !
- Le texte est un condensé, non pas de la philosophie du groupe, qui est positivement présente dans de nombreuses autres chansons, mais de ce qu'il dénonce : les ravages de la religion, qui, plus de 2000 ans plus tard, continue à nous pourrir la vie.
Je joins à ce message de la plus haute importance, une photo avec le second album tant décrié du groupe et grâce auquel j'ai bien ri en lisant la bio...
11 - Olivier - Mr Godson
Generator
Ma chanson préférée est "Generator". D'aussi loin que je puisse me souvenir, ça doit être la première chanson de BR que j'ai écoutée. C'était sur la compilation Punk-O-Rama 4. C'était en 1999. Les compilations étaient un bon moyen de découvrir des groupes, je notais les chansons préférées pour ensuite trouver les albums. Je trouve cette chanson tellement efficace, elle est à la fois simple et compliquée, il y a pas mal de parties différentes mais tout s'enchaîne hyper bien et le chant et les chœurs sont parfaits! Il y a sans doute un côté nostalgique mais je ne me suis jamais lassé de cette chanson !
12 - Eric - The Rebel Assholes
21st century (digital boy)
Pas évident de choisir mon morceau préféré de BR tant j'aime ce groupe et respecte leur incroyable carrière mais, en remontant loin dans le temps, je dirais "21st century (digital boy)".
Ça me rappelle un Noël où mes parents m'avaient offert mon premier CD du groupe, à savoir l'album/compilation All Ages. Ça devait être en 1996 ou 1997, quand j'étais en 4ème ou 3ème, je ne sais plus exactement... Je l'écoutais en boucle et c'était clairement le morceau que je préférais avec ce fameux refrain bien tubesque. D'ailleurs, je l'aime toujours autant. Impossible de m'en lasser ! Bon par contre, s'agissant des paroles, je ne peux pas dire qu'elles m'aient vraiment marqué à l'époque car je ne pigeais pas grand-chose et je m'intéressais avant tout à la musique.
Autre anecdote concernant ce groupe... Je crois bien que c'est eux qui m'ont fait découvrir et aimer le punk rock mélodique. J'ai souvenir, quand j'étais tout gamin (genre 11/12 ans), d'avoir trouvé dans la chambre de ma sœur une cassette où il y avait écrit "Bad Religion" sur une des faces. Ça m'avait intrigué et je me rappelle encore maintenant que je l'avais écoutée pas mal de fois. J'imagine que c'était un de ses potes qui lui avait prêtée ou donnée...
Bref, avec du recul, je me dis que c'est peut-être le vrai point de départ de mon engouement pour ce style de musique et que ça a certainement contribué au fait que j'ai autant aimé les albums Dookie de Green Day et Smash d'Offspring peu de temps après, ainsi que beaucoup d'autres par la suite.
13 - Seb - Seven Hate
Pity
Alors, il y a beaucoup de chansons de BR que j'aime beaucoup sur plusieurs albums. C'est dur de trancher car leur discographie est bien remplie et loin d'être finie...Donc je vais démarrer par mon album préféré qui est 80-85 (How Could Hell Be Any Worse) et la chanson "Pity" bien que j'ai commencé par l'album Recipe For Hate quand il est sorti en 1993 et que j'écoutais un peu (avec le recul ça reste un super album). Je connaissais BR de loin avec quelques morceaux entendus en soirées et je n'accrochais pas spécialement à leur musique, J'étais en totale immersion avec Les Thugs et les groupes anglais punk hard-core de l'époque. J'ai eu l'occase de tomber sur 80-85 peu de temps après et là ok ! J'ai kiffé direct ! Rien à voir avec ce que j'avais écouté... Plus punk, plus hard-core, plus vénère ! Mais ça reste mélodique avec des mélodies pop et va savoir, j'ai toujours écouté BR de loin... Au passage, j'ai pris une grosse branlée avec Jamie Miller, leur batteur actuel (qui a joué dans And You Will Know Us By The Trail Of Dead et Vanishing Life) lors de leur concert bien mortel du Hellfest 2018
Pourquoi "Pity" ? Quand j'écoute le morceau, je pense aux Buzzcocks pour le jeu de guitares, les mélodies et le jeu de batterie, le chant de Greg Graffin qui envoie grave, un peu à la Keith Morris de Black Flag, 7Seconds pour le petit soli à la fin du morceau, Minor Threat pour "je te le mets dans ta gueule", le morceau va à l'essentiel, 2 minutes... l'énergie... l'urgence... la patate et le son bien old school que j'adore. Le morceau parfait ! Je l'écoute assez régulièrement à la maison ainsi que l'album.
Le texte : Bien que je n'ai jamais pris la peine de traduire les textes de BR ou tous les groupes que j'ai écoutés d'ailleurs, vu mon anglais sommaire et c'est très compliqué pour moi de comprendre le sens de chaque chansons. Par contre, je décortique toute la musique d'un album qui me plaît... batterie / guitares / basse, la façon de chanter / chœurs / mélodie / arrangements / breaks... Bref ! Je prends le temps maintenant de faire la traduction quand un morceau me plaît et des fois j'ai des surprises car ce n'est pas vraiment bien traduit. Mais je me fait une idée globale et j'essaye de comprendre tant bien que mal. Je vais rester sur le texte "Pity", il reste d'actualité. Je vois comment on avance depuis des décennies, c'est toujours pareil, les riches de plus en plus riches d'un côté et le reste du monde encore plus pauvre ! Où on laisse les gens crever dans leurs misère et où l'individualisme prend énormément de place, de plus en plus dans la société. La Covid qui n'arrange rien, les gens ne savent plus quoi faire ou comment faire pour avoir une vie à peu près normale. On reste toujours et encore des moutons et qu'allons-nous laisser aux générations futures. L'éternel recommencement... Monde de merde ! Je n'ai pas de souvenir particulier pour ce morceau si ce n'est que je l'aime beaucoup.
14 - Flow - Corbillard
American Jesus
1995, j'ai dix ans et je mate Best of Trash sur M6 à 1h du matin. Le magnétoscope tourne à fond. La quasi-totalité de ce que j'aime toujours en musique tient déjà dans cette VHS. Entre un clip de Babes In Toyland et de Dog Eat Dog, je tombe sur "American Jesus" de BR. Tout est parfait dès la première seconde. Le nom du groupe et du morceau, ce riff de guitare joué note par note, au diable les obligatoires power-chords. Ça a la classe de savoir chier sur l'Église et l'État sans dire merde. Et nom de dieu, ce sens de la mélodie et ces chœurs semblant venir d'outre-tombe me foutent les poils (Vous saviez qu'Eddie Vedder avait participé à cette chorale ? Moi non plus). Passée la claque de ce morceau magique, j'avoue avoir un peu délaissé la bande du Docteur Graffin. La fougue de la jeunesse m'ayant plutôt attiré vers leurs héritiers, Pennywise, NOFX and co. Ceux-là même qui m'ont vraiment influencé dans ce que j'ai pu faire ensuite au sein de Corbillard. Il m'a fallu voir BR pour la première fois en 2008 pour vraiment comprendre à quel point ils avaient indirectement marqué mon parcours musical par l'intermédiaire de tant de groupes et qu'au final c'était bien eux les patrons. À l'arrivée, on trouve souvent une suite logique à notre histoire et la mienne, comme celle de beaucoup d'entre nous doit beaucoup à BR et au tubesque "American Jesus". 40 ans que BR conduit des éternels kids sur la belle route intègre du punk-rock. On ne sait pas où on va mais on n'y va pas par quatre chemins de croix (barrées). Merci BR et bon anniversaire.
15 - Fab - Effervescence Records
Sorrow
Je n'ai jamais été un grand fan de BR (honte sur moi :p), mais il y a quelques chansons que j'aime malgré tout. Cependant, ma chanson préférée (et de loin) de BR est "Sorrow".
Les mélodies ont toujours été bonnes chez BR, mais je n'ai jamais eu une chanson dont la mélodie n'arrêtait pas de me tourner dans la tête. Et à la sortie de The process of belief j'ai entendu "Sorrow", et là, je peux te garantir que j'ai dû écouter 4 fois la chanson d'affilée. Ce petit début instrumental atypique et la voix de Greg qui rentre sur ce fameux "Father, can you hear me". Des frissons. Et quand la mélodie du refrain est arrivée, je me suis dit cette chanson est magnifique ! 19 ans plus tard, j'écoute encore très très souvent "Sorrow".
16 - Thomas - Burning Heads, Komintern Sect, Lion's Law
Modern man
Ma chanson préférée de BR est "Modern man" qui figure sur Against the grain, disque sorti en 1990. J'aime beaucoup ce disque et cette chanson en particulier. J'ai toujours pensé que nous n'étions pas la solution mais plutôt le problème dans ce monde On est, je pense, la seule espèce qui scie la branche sur laquelle elle se trouve Et aujourd'hui, l'homme moderne a une scie électrique pour scier encore plus vite des plus grosses branches.
17 - Dave Warsop - Sharp Shock, Suedehead, Beat Union (USA)
True north
Quand je ne suis pas en tournée avec Sharp Shock, j'enregistre des groupes. En 2013, j'étais ingé son aux studios Hurley dans le comté d'Orange en Californie, quand BR est venu enregistrer une session live. Ils ont choisi de jouer la chanson-titre de leur nouvel album True north pour pouvoir en faire la promotion. Certains peuvent penser que ça fait un peu joker pour un groupe avec un répertoire aussi classique mais moi, c'est ma chanson préférée et elle me renvoie directement à ce moment, qui était vraiment génial. J'ai grandi en écoutant du punk-rock en Angleterre et j'ai déménagé en Californie en raison d'un contrat avec une maison de disques pour un de mes anciens groupes. Quand le groupe s'est séparé, j'ai commencé à travailler aux studios Hurley et je me suis concentré sur l'enregistrement et la production. Donc vivre en Californie, travailler comme ingé son et aider à l'enregistrement d'un groupe légendaire comme BR, c'était l'accomplissement d'un de mes rêves d'ado !
L'équipe a installé leur matériel la veille, j'ai installé les micros tout autour et nous avons réglé le son. Le lendemain matin, tout le monde a passé quelques minutes à affiner le réglage pour les guitares de Brian Baker et de Greg Hetson et ensuite, nous avons lancé l'enregistrement et les caméras. Le groupe a tout enregistré en une prise et elle était parfaite ! Incroyable. J'ai pu interviewer le groupe peu de temps après et depuis, nous sommes restés amis. J'ai aussi réussi à choper un exemplaire promo signé du disque. La vidéo "True north live at Hurley Studios" est toujours sur YouTube. Vous devriez la regarder !
18 - Frank Frejnik - Slow Death, Nineteen Something, Punk Rawk
"I want to conquer the World
Si tu m'avais demandé quel était mon album préféré de BR, j'aurais répondu No control. Si tu m'avais demandé quelle était ma face préférée de No control, j'aurais répondu la face A (j'ai découvert ce disque en vinyle, ça a son importance). Ma chanson préférée de BR est donc forcément sur cette face. C'est "I want to conquer the World".
Lorsque j'ai découvert cet album, un an après sa sortie je crois, j'ai eu du mal à m'en remettre. Pendant longtemps (des semaines, des mois peut-être) je n'ai écouté QUE la face A tellement j'étais captivé par ces sept titres et ces 13 minutes et quelques. Même aujourd'hui, lorsque je réécoute No control, cette fascination d'antan est intacte. Je reste hypnotisé par ce que j'entends (la précision et le son des guitares, les fameux Oozin' Ahs, le sens de la mélodie de Graffin, sa diction si parfaite malgré la rapidité du tempo) et intrigué par la réussite de cette formule musicale (mais comment font-ils pour jouer aussi vite et être si fabuleusement mélodique ?).
Cette face A est exceptionnelle, la perfection absolue. Parvenir à allier rapidité, mélodie, sophistication et intelligence avec autant de réussite que de finesse, ça dépasse l'entendement. C'est du génie. Et, pour moi, "I want to conquer the world" est l'exemple parfait de tout ça. J'aime le texte de cette chanson, son propos qui questionne au lieu de critiquer, son côté cynique mais tellement plus habile qu'une dénonciation lambda. À contre-courant du punk qui a souvent tendance a être démoralisant ou bêtement vindicatif. J'aime aussi le titre du morceau, Je veux conquérir le Monde. Je le trouve positif, malgré tout. À l'époque, j'aimais tant ce titre que je m'étais promis d'emprunter son intitulé si, un jour, je devais monter un label. Ce que je n'ai pas fait. Peut-être plus tard.
19 - Fra - The Eternal Youth, Ravi, Burning Heads
Incomplete
Dire que BR est d'une importance prépondérante dans l'histoire du Punk rock est un euphémisme. De par leur longévité, leurs 17 albums studio, leur engagement politique, les lyrics brillantes de Greg Graffin, leur recherche de l'indépendance et la création de leur label Epitaph, ces mecs, à l'instar de Ian MacKaye ou de Jello Biafra, pèsent dans le game, c'est le moins que l'on puisse dire.
Ainsi, lors de mes visites hebdomadaires chez mon disquaire préféré (Alternatives) de la fin des 80's à Caen, je suis tombé sur ce son qui inondait le magasin. J'ai demandé ce que c'était et les gars derrière le comptoir m'ont répondu en chœurs (de marins) "Bad Religion mec !". Ces véritables chansons mélodiques et énergiques, souvent bien foutues, m'ont tout de suite parlé. J'ai parfois décroché et été moins attentif mais globalement j'ai toujours posé une oreille à chaque nouvelle sortie. Je suis resté fidèle même quand ils ont signé chez Atlantic. Et puis quand ils ont embauché Brian Baker, là, en tant que fan de Dag Nasty, je me suis dit que ça allait devenir très grand.
Au printemps 2002, je suis à Genève, au studio des Forces Motrices pour enregistrer le deuxième album de Creep AC et un soir, deux étages en dessous, à l'Usine, passe BR. Je peux vous dire que je n'ai pas fait d'heure sup et que j'étais dans la salle dès l'apéro pour être sûr de ne rien manquer. Bien m'en a pris ! En effet, quand j'arrive, les balances ne sont pas finies. Le groupe avait du retard car ils jouaient la veille en Belgique je crois. Truc bizarre, pas de Greg Graffin sur scène, les réglages se font donc sans voix. Je me dis "c'est quand même la star, l'autre y participe même pas aux balances". Par contre le Brian Baker s'en donne à cœur joie et nous régale de riffs de ouf entre deux pauses pour cause de problèmes techniques. Puis stop. tout le monde quitte la scène. Après 3 pintes de pils, Hateful Monday, la première partie commence à jouer. Puis, longue, très longue attente. puis une bonne heure après la fin du set du groupe de Genève, les Bad Religion prennent d'assaut la scène avec une grosse hargne. Ils enchainent deux morceaux et Greg prend la parole. Il s'excuse pour le retard et nous remercie de notre patience puis il explique ce qui s'est passé. Et là surprise. En fait, le tour bus est sur l'autoroute et au bout d'un moment le conducteur décide de sortir sur une aire, vers Macon, pour faire de l'essence. Alors tout le monde en profite pour marcher un peu, prendre l'air, faire quelques emplettes ou encore faire un "perfect" aux toilettes. Puis, le réservoir plein, le chauffeur sonne le moment de repartir. Chacun reprend sa place et direction Genève. Sauf que, arrivé sur le parking de l'Usine, il manque Greg Graffin à l'appel. Le chanteur s'est retrouvé seul dans la station service. Les téléphones portables américains ne fonctionnaient peut-être pas encore en Europe à l'époque, alors que faire. il arrive tout de même à expliquer son souci à une personne travaillant là bas. Cette personne cherche le numéro de la salle. Téléphone et avertit les organisateurs qu'un Américain, de look normal, dit être chanteur d'un groupe de punk et qu'il doit être le soir à Genève mais que ses collègues se sont barrés sans lui. Après la surprise de cette nouvelle, les gens de l'Usine s'organisent. Deux personnes partent en voiture le rechercher pour le ramener le plus vite possible.
Et voilà mon Greg, sur scène, à peine secoué par l'histoire, qui promet que notre patience sera récompensée par un long concert. en effet nous avons eu droit à trois rappels. presque deux heures d'un concert mémorable.
Mais Gui de Champi me demande de répondre à la question, "quel est ton morceau préféré de Bad Religion ?". Et forcément ce n'est pas facile de choisir, en quelques minutes, un titre sur les 278 qu'ils ont enregistrés. Mais quand j'y réfléchi bien il y a cette chanson que j'ai écoutée en boucle à sa sortie et qui à chaque fois que je la ré écoute me fait le même effet. Puis ce texte bordel, cette force qui ressort des mots, ce son ! Ce morceau c'est "Incomplete" sur l'album Stranger than fiction. Musique de Brett et paroles de Greg. le top. Pour faire valoir mon statut de Normand, "p'tet ben qu'oui, p'tet ben que non", j'aime beaucoup également "End of history" sur le dernier album, j'adore ce riff de guitare ! Un pur bijou de Brian Baker qui aurait pu être sur l'énorme Minority of one de Dag Nasty.
20 - Fab - Talk Show Host (Canada)
Do what you want
"Do what you want", la 10ème chanson de l'album Suffer est aussi la première de Punk-O-Rama, compilation peu chic et très choc qui fut la porte d'entrée du punk californien pour de nombreux jeunes, y compris certains d'entre eux vivant à Cournon d'Auvergne en 1994 et n'ayant jamais vu Venice Beach, ni de près ni de loin. Je me souviens d'avoir mis le mystérieux CD trouvé par ma sœur au rayon "punk import" du Virgin Megastore de la capitale et de n'avoir écouté que ce titre pendant une journée complète. Impossible de passer la plage et d'écouter les autres titres. Une fascination et un amour éternel sont nés ce jour-là. Avec le recul, "Do what you want" réussit le tour de force de résumer 42 années de carrière musicale en moins de soixante-six secondes. Tout y est ; mélodie impeccable, parole poétique et nietzschéenne sur la condition humaine, des chœurs mitraillette, énergie et un mur de guitares qui, bien que simpliste, te tatane bien la tronche. Ce n'est pas pour rien que "Do what you want" est aussi le titre de la biographie des Californiens. Idéal pour les vieux fans comme les plus jeunes, cette chanson est quasiment indispensable des prestations live du groupe. D'ailleurs savez-vous combien de fois ce titre a été joué live ? (Réponse : 883)
21 - Hugo - Garlic Frog Diet, Dot Dash!
We're only gonna die
Si je dois choisir un titre de BR, je reste sur celui qui m'a fait découvrir le groupe, "We're Only Gonna Die", qui ouvre leur premier LP How Could Hell Be Any Worse ?, le premier album jamais sorti sur leur label Epitaph en 1982.
Mais en réalité, j'ai découvert ce titre sur une compilation phénoménale sortie la même année sur Bomp Records, American Youth Report. J'étais alors complètement immergé dans la nouvelle et bourdonnante scène Hardcore US de l'époque, mais trouver des disques des groupes de cette scène s'apparentait à une vraie chasse au trésor, et en dehors des albums des Dead Kennedys sortis en France par New Rose, il fallait partir s'approvisionner du côté de l'Angleterre pour dénicher ces perles bruitistes dont j'entendais parler par les fanzines américains Flipside, Damage ou Maximum Rock'n'Roll. Un pote m'avait ramené American Youth Report de Londres fin 82 et je l'avais béni sur le moment, car j'allais enfin pouvoir entendre pour la première fois des groupes que je connaissais de nom ou de réputation, et quels groupes : Flesheaters, Redd Kross, TSOL, Descendents...et BR ! Des pointures dont je possédais des disques comme Minutemen, Adolescents ou Channel 3 complétaient l'album en compagnie d'autres groupes fabuleux que je découvrais, comme Hypnotics ou MIA.
Second morceau de la compilation, "We're only gonna die" se démarquait grâce à une voix ultra mélodieuse, quasi country (!) et un passage presque acoustique, qui tranchait avec le boucan général de l''album, même s'il n'est pas pour moi le meilleur titre de la compilation...normal, vu le niveau de certains autres groupes ! Je ferais mieux connaissance avec Bad Religion les mois suivants, en particulier avec le titre "In the Night", sur la compilation Someone got their head kicked In (BYO Records, 1982), où le groupe tient compagnie aux Adolescents, Youth Brigade ou Social Distortion, puis les albums, dont l'abominable et amusant Into the Unknown, sur lequel le groupe s'essaye au Prog-Rock et que BR renie et n'a jamais souhaité voir réédité...Voir Green Day en jouer un titre en live m'a beaucoup amusé !
À la reformation du groupe pour la sortie de Suffer en 88, j'ai acheté les albums au fur et à mesure de leur sortie, mais j'ai lâché l'affaire après Recipe for hate en 93, un peu lassé, je l'avoue, de la recette BR et de tous ces clones que le groupe a engendré. Cela ne m'a pas empêché de faire signer mes vieux albums originaux au bassiste Jay Bentley que j'ai croisé lors d'un concert qu'il donnait à Montpellier avec Me First and the Gimme Gimmes ..y compris Into the unknown, sur lequel il ne joue pas ! Et j'ai beau avoir vu une bonne partie de mes groupes Hardcore US 80's préférés, je n'ai jamais vu BR...un jour peut-être, si le monde d'avant revient à la normale ? Il ne me restera alors plus qu'à faire un régime pour rentrer de nouveau dans mon vieux T-shirt !
22 - Jérôme - Last Night
Cease
Je me souviens bien de ce numéro de Fanzine sur M6 en Mars 1996 juste après le passage de BR à l'Elysée Montmartre. Je me souviens bien également de ce court extrait de "Drunk sincerity", qui m'a bien accroché l'oreille. Pourtant, de prime abord, l'ado que j'étais n'a pas été convaincu par les titres du groupe sur les deux premiers Punk-O-Rama, et Suffer ne m'avait pas convaincu à l'époque. Mais là, les choses étaient différentes. Quelques temps après, j'enregistre un live en Allemagne de 4-5 titres sur MCM, autant vous dire qu'avec mon frère nous avons usé la bande de VHS à n'en plus pouvoir, charmés par la hargne et les mélodies de ce groupe hors du commun. J'avais bien sûr vu les pubs dans Rocksound pour The gray race, ces fameux encarts pub latéraux qu'on a tous découpés pour foutre dans notre chambre, mais c'est mon frère qui va concrétiser les choses avec l'achat du CD au Silence de la rue. Le coup de foudre fut immédiat. De nos jours encore, la pêche d'ouverture du disque me donne toujours des frissons. 25 ans après j'ai écouté tous les disques de ce groupe qui est sans doute mon préféré, je pense que objectivement cela doit se jouer à pas grand chose mais The gray race reste mon favori. Étant plus fan de Brian Baker que de Brett cela s'explique sans doute, mais l'avalanche de tubes que constitue ce disque est imparable et se conclut par mon titre préféré de BR, "Cease". Ce titre m'a accompagné maintenant pendant plus de la moitié de ma vie, dans les coups durs et dans la joie, (surtout dans les coups durs "What was once, is reduced to remembrance"). L'intensité que dégage ce morceau et ses arrangements génialement académiques m'ont accompagné comme un ami que j'aurais toujours connu. Je l'ai écouté sur le chemin du lycée puis dans le métro pour aller au travail, avec mon frère dans sa chambre chez mes parents, avec ma première amoureuse, mes meilleurs amis, sur la route avec mes groupes, en soirée ou dans l'intimité de mon appartement. Ce n'est pas si évident à griller mais pourtant j'ai piqué énormément de plans batterie à Bobby Schayer qui reste sans doute mon batteur favori à jamais. Néanmoins ils se font un malin plaisir à ne jamais la jouer sur scène, si ce n'est à une époque où Greg Graffin faisait la version présente sur American Lesion (son album solo) au piano en fin de set. Mais ne l'avoir jamais vu matérialisée devant mes yeux fait sans doute partie de la magie autour de ce morceau.
23 - Bir - WallaBirZine
Forbidden Beat
En 1988 BR pose les bases de son punk mélodique californien avec leur album Suffer. Leur précédent et second (le fameux album de la maturité) en 1983 était typé pop prog punk pour s'intituler Into the unknown. On peut tirer la sève de ces 2 opus en extrayant 2 titres et presque au hasard, tant ils sont excellents mais pas pour les mêmes raisons. Pour une raison purement épidermique j'ai choisi l'album Suffer et le titre "Forbidden Beat", vous comprendrez en fin de chronique, patiente.
De quoi parle la chanson ? Elle parle d'être pris dans des routines qui «asservissent» les gens à travers leurs tentations. C'est une affirmation qui suit le "Straight Edge" (sXe) de Minor Threat sans que l'on en émette aucune doctrine.
L'universalisme de BR possède sa face punk cynique, mais c'est sa largesse à penser de manière plus large qui souligne sa fluidité mélodique et œuvre à une philosophie humaniste. Au lieu de restreindre vers une communauté, le groupe ouvre les perspectives d'une mélodie simple et efficace, fer de lance d'une main de fer dans un gant de velours dont siège sa vérité sonique et émotive.
Le titre commence par une explosion qui crescendo semble monter vers la canopée brûlante d'un punk rock épique. Une véritable bourrasque nous entraîne et pousse sans cesse comme un liant à cette soumission tentatrice. BR est un groupe intelligent, et similaire à la technique du judo, il se sert de la force de son adversaire et de son élan pour le retourner contre lui. Dans le punk, pour invectiver l'establishment l'ironie sert de coup de poing, elle est même le point de compression d'acupuncture préféré de Jello Biafra.
Si BR nous fait véritablement réfléchir sur le sens premier des servitudes, il l'accomplit en poussant les potards dans le rouge pour nous entraîner dans une surdose d'énergie libératoire. Il utilise une brillante ironie rythmée pour contrebalancer et se libérer de ces tentations à l'asservissement. C'est comme un rite expiatoire, et là il faut s'embraser littéralement avec. C'est carrément l'inverse du mythe d'Icare qui se brûle les ailes par effet de transgression. L'Humain est confronté à l'effet néfaste que peut avoir un conseil ou une interdiction et son désir de repousser toujours plus loin les frontières de l'exploration et de la connaissance, au risque de soumettre sa condition humaine à une épreuve fatale.
BR a toujours confronté sa propre éthique non pas sous le prisme d'un point de vue, mais en augmentant son panoramique pour avoir une plus ample vision de tous les points de vue. Il en dispose dans ses chansons par une lecture que chacun pourra traduire selon sa propre expérience. On s'éloigne des obligations pour une interprétation libertaire. C'est revoir sa position fondamentale et son éthique de vie, comme ne pas considérer la discipline spartiate dans le sXe comme étant une autre forme de dépendance en déplaçant le problème, mais plutôt comme un ancrage à ce qui te fonde ton essence suprême.
Il y a musicalement autre chose de palpable, tout comme le groupe R.E.M, BR appartient à cette dynastie de groupe durable qui reflète cette immensité américouaine pleine du jus musical de son immigration. Ce titre en libelle la folle démangeaison. Il envoie la punk-gum se coller dans le cowpunk. L'americana country est moissonné dans le crispie du punk, l'émulsion a le même effet que du maïs qui crépite dans une poêle pour donner naissance au pop-corn. Le chant de Graffin surnage tout au long de l'opus, et sur ce titre son empreinte en contamine la volonté en un minimum d'effort pour un maximum d'efficacité. C'est la technique du judo, hé !
Selon le petit Prince "On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux." C'est inexact, car il existe depuis le tatouage. On peut avec le cœur démontrer l'essentiel pour les yeux. L'adolescent sur la pochette de Suffer je l'ai en tatouage. Cet ado en flamme symbolise à mes yeux et mon cœur, la révolte permanente qui agite en moi la sève de ma propre révolution sonique. J'ai choisi le sens de mon existence, et je sais au fond de moi l'embrasement continu, de sa racine solaire à son sommet de neige éternelle mélancolique. Mon attitude découle de mon altitude en société. J'ai en plus rajouté un X sur chaque paume de main et enlevé la symbolique de la croix barrée pour un pentagram, plus prompt à la culture souterraine.
"Forbidden Beat" est un combat, une libération, il mène et donne du sens à l'existence. Si tu mets ce titre et que je suis dans les parages, il est fréquent que je jette un truc en l'air par plaisir viscéral et extatique, que la fougue adolescente en moi s'enflamme instantanément. Cela peut être une casquette, un gobelet, un tabouret, enfin, véritablement avec tout ce que j'ai à proximité des mains.
24 - Cora - Fanzine Bobby Pins
Stranger than fiction
Si je devais choisir une seule chanson de BR, ça serait "Stranger than fiction", sortie en 1994 sur l'album du même nom. En 1994, j'avais 6 ans, j'en avais rien à foutre de BR puisque je ne savais même pas que ça existait. Bref, pour les lecteurs plus âgés, je n'aurais aucune légitimité à parler de BR. Stranger than fiction était donc le 8ème album du groupe à l'époque, je suis bien incapable de dire quel était l'album précédent, ni l'album suivant.
J'ai découvert l'album et cette chanson en préparant une émission radio que j'animais à l'époque : j'avais complètement flashé sur cet orgue, un poil ringard, les chœurs qui font "HAAAAA" et cette intro à la limite d'un générique d'une série des années 90, complètement inadaptée à la thématique lugubre de la chanson.
Mon grand rêve était de pouvoir voir et entendre ce morceau sur scène (et "Only rain" sur The Dissent of Man), ce qui n'a jamais eu lieu. Le groupe a joué à Angoulême lors du Festival Punk in Drublic, j'y vécu une expérience religieuse mais de courte durée puisqu'une multitude de relous fit rapidement son apparition pour m'éjecter du premier rang. Ni "Stranger than fiction", ni "Only rain" ne furent jouées. Je regardai la fin du concert de loin en buvant une excellente Brew Dog.
25 - Patrick TAD Foulhoux - Rocksound, Punk Rawk, Slow Show...
You are the government
BR n'imaginait pas qu'il allumerait la mèche d'un style qui conduirait Green Day et Offspring en haut de l'affiche, en trois fois plus gros que n'importe qui. À leurs débuts en 1980, les Californiens s'essayaient à une forme de garage rock accéléré, histoire de se réapproprier le punk, ce rock que les Britanniques ont dépoussiéré. Ce n'était pas convaincant mais le sort du hardcore mélodique (ou skatepunk ou punk à roulettes) en était jeté. Une génération spontanée naquit en Californie fin 70 / début 80, moins exposée médiatiquement que celles de New-York et Londres. Avec les Californiens, il faut associer la scène de Washington DC autour du label Dischord. Tout passait par les labels. Un membre de Black Flag a créé SST Records (Los Angeles), un Dead Kennedys a monté Alternative Tentacles (San Francisco) et un Teen Idles a ouvert Dischord (DC). Pas de raison qu'un BR, le guitariste Brett Gurewitz en l'occurrence, ne crée pas le sien, Epitaph. Ce que fera aussi Fat Mike de NoFx un peu plus tard en lançant Fat Wreck Chords à San Francisco pour publier les disques de son propre groupe. Cette scène était autonome à tous points de vue. Green Day et Offspring en sont issus. Tous affichaient de solides convictions politiques. Ils militaient à leur façon. Pas vraiment des punks d'opérette. Il y avait du grain à moudre avec Ronald Reagan, les Bush père et fils, la guerre en Irak, les lois liberticides, la NRA, etc. Et même avec Margaret Thatcher ou les essais nucléaires ordonnés par Jacques Chirac. BR était un fer de lance de cette scène. Comment évoluer sans risquer de perdre les fans de la première heure, tout en ouvrant à un public plus large sans renier ses convictions ? Le groupe a formidablement su gérer une équation insoluble d'un point de vue déontologique.
(Cette chronique de l'album Suffer est extraite du livre Hache tendre & gueules de bois (2021), sa "discothèque idéale".)
26 - Kem - Eurockéennes de Belfort
21st century (digital boy)
J'ai eu ma période BR quand j'étais en fac à Besançon et j'ai beaucoup écouté les albums Suffer, No control et Against the grain à la fin des années 80, début 90. Et donc, j'ai choisi "21st century (digital boy)" issu de l'album Against the grain. J'aime beaucoup ce titre car ce n'est pas un titre joué à fond les manettes comme c'est souvent le cas avec eux et c'est d'ailleurs ce "tout à fond" qui m'a rapidement saoulé... J'aime ce côté plus posé, mid-tempo... Et je me souviens d'avoir chanté ce titre à tue-tête dans les rues de Besac au sortir de soirées bien arrosées qui sont assez représentatives de mes études que j'ai lamentablement (volontairement) foirées finalement ! Je ne me suis jamais intéressé aux paroles donc je ne sais pas trop ce qu'il raconte en fait...
J'ai aussi le souvenir de les avoir vus 2 fois en Allemagne en 1 semaine à l'été 91. Une fois au Bizarre Festival à Giessen avec entres autres Danzig, Pixies, Iggy Pop, Stiff Little Fingers, Ride... Et la semaine suivante, rebelote au Rock Together Festival à Berlin Est (2 ans après la chute du Mur) avec entres autres à l'affiche Discharge, Napalm Death, Gwar, Morbid Angel, Spermbirds, Entombed... Et là c'était plus épique ! Vieux amphithéâtre gallo-romain dans un ex Berlin Est encore bien délabré où on a dû subir une attaque de skinheads faf pendant un des concerts... Ils se sont faits massacrer, les inconscients...
27 - Forest Pooky - Supermunk
Slumber
Difficile de choisir un titre préféré de BR parmi autant de compositions. Ceci dit, je me plie à l'exercice. Quand W-Fenec m'a demandé de participer à ce dossier, plusieurs chansons me sont venues spontanément à l'esprit, "Generator", "Against the grain", "American Jesus" mais le première était "Slumber" issue de l'album Stranger than fiction. J'ai découvert cet album en 94 ou 95 et, heureux propriétaire d'un lecteur de cassettes portatif, je me prenais à écouter cette ritournelle en boucle à la fin des cours, entre le collège et la gare routière. Le bouton "rewind" a pris cher. Il est certain que BR a tenu une place dans les fondations de mon éducation mélodique. "Slumber" faisait appel à mon côté fataliste, mes questionnements d'ado sur cette période pendant laquelle on essaie de se forger, de trouver sa place et que personne ne nous comprend. J'ai toujours eu une grande estime pour ce groupe, même pendant les années Atlantic, n'en déplaise aux "puristes". Avec un bémol pour l'album de Noël. Peut-être faut que je le réécoute. Peut-être.
Je n'ai pas pris l'occasion de leur en parler, le 4 juillet 2016, quand j'ai accompagné David Basso au Transbordeur, à Lyon, afin de me faire interprète pour l'interview de Brian Baker et Jay Bentley pour son documentaire "Diesel" le Film. Rencontre passionnante ! Notre échange m'a rappelé que, outre leur grande influence artistique, ils avaient été des pionniers du DIY et de l'auto production. Un mode opératoire qui a inspiré la communauté dans laquelle j'ai grandi.
Par la suite, pour notre plus grande joie, Greg Graffin s'est aussi rendu disponible pour répondre à quelques-unes de nos questions. Alors que David installe sa caméra, et que Greg nous demande de ne pas cadrer son short, on aborde l'histoire, les principes du groupe, le DIY. Son discours démonte les stéréotypes de l'image dite "punk", et nous explique que quand il se rend à l'université dans sa caisse de daron et qu'il demande aux élèves de faire leurs devoirs, il ne reflète pas franchement l'idéal "punk". Finalement, la crête ne fait pas le punk, quoi. Des idées dans lesquelles je me retrouve aujourd'hui, soit : fais avec sincérité ce que tu veux/peux, avec ce que tu as, en te donnant les moyens, et surtout, ne sois pas un connard. Que du bon sens.
Entre ma découverte de "Slumber" et cette rencontre avec les BR, j'ai eu l'impression de comme boucler une boucle, de retrouver un message proche, quasi intact, de celui qui m'aura séduit en premier lieu.
Tout ça avec des cheveux blancs, des lunettes et des acouphènes en plus.
28 - Thib - Pressure Tour, ex Not Scientists [DEJA CALE en 23]
21st century (digital boy)
Si je devais choisir une chanson, ce serait "21st century (digital boy)". La mélodie m'est restée en tête directement et me revient régulièrement.
29 - Ace - Skunk Anansie (UK)
21st century (digital boy)
Tu me demandes de choisir une chanson parmi les innombrables hits de BR, cela est compliqué et je ne pourrais pas réellement t'en donner un comme cela.
Mais en y réfléchissant, je me souviens d'un moment bien particulier en aout 2010 à Wien, alors qu'ils tournaient pour leur 30 ans de carrière. J'apprécie les groupes qui se donnent à fond sur scène notamment des groupes qui ont une carrière aussi longue. Nous partagions l'affiche du festival Frequency. Alors oui le titre que je citerais mais plus parce qu'à chaque fois que je l'entends je repense à ce moment c'est "21st century (digital boy)".
30 - Yoann - Hellfest
Operation rescue
Bon et bien comme je serai totalement incapable de faire mon choix pour distinguer un album que je préfère, j'ai pris le premier que j'ai trouvé dans mes CD qui ne sont absolument pas rangés. J'aurais pu choisir Suffer, Stranger than fiction, Generator, Recipe for hate ou No control de la même manière... et pour le choix du morceau c'est pareil, ils ont un talent incomparable pour faire sonner des mélodies punk, hardcore speed, teintées de pop voir de reggae ("Anesthesia") et la voix et les chœurs sont tellement identifiables, ils les distinguent de tous les groupes punk de leur génération et de celles qui ont suivi. Bref sur cet album je vais peut-être avoir un coup de cœur pour "Operation rescue" et voilà, laissez-moi tranquille avec cet exercice, c'est une torture !
31 - Tony - Adolescents (USA)
A walk
Ma chanson préférée de BR, c'est "A walk" dans The gray race. Je me souviens qu'à sa sortie, il y avait des histoires parce que l'album était sur une major (Atlantic Records) au lieu d'être produit par Brett. En fait, Brett n'était même pas sur l'album, c'était Brian Baker. Ric Ocasek (qui connait bien le genre) a fait un super boulot. Le son était léché mais c'était vraiment le son de BR. "A walk" est devenue ma chanson de BR préférée dès que je l'ai entendue. Tout comme ma précédente chanson préférée de BR ("American Jesus"), la guitare a une bonne accroche et une belle mélodie. C'est entraînant. La guitare de Brian Baker dans cette chanson est l'un de mes dix morceaux de guitare préférés de tous les temps. Les paroles sont accessibles à tout le monde. Elle est tellement ancrée dans mon esprit qu'à chaque fois que je dis que je vais me promener, j'entends la voix de Greg et la guitare de Brian. C'est profond, quand une chanson arrive à s'intégrer dans le vocabulaire de votre voix intérieure. Si je croyais avoir une âme, je suis sûr que cette chanson l'aurait touchée.
32 - Guillaume Gwardeath - Fanzinothèque, Metro Beach
Change of ideas
L'année 1989, j'étais loin d'avoir les moyens d'acheter autant de LP que je l'aurais voulu. C'est copié sur une cassette vierge que l'album No control a intégré ma collection. Avec le stylo Bic à encre verte que j'avais sous la main, j'avais recopié la liste des chansons sur le carton de la jaquette. Face A, face B : j'ai rincé la bande de cette cassette. Peu d'autres venaient la concurrencer et la déloger du boîtier de mon walkman. Le premier morceau, Change of ideas, s'est gravé dans ma tête. Tout était dit, en moins d'une minute chrono. Le riff, la vitesse, l'imprécation, la mélodie, le refrain comme un manifeste. La chanson idéale en ouverture d'un album parfait alors que je commençais à prendre mes distances d'avec le speed et thrash metal et que je recherchais attitude et intelligence dans les groupes de la scène hardcore. Je lisais les derniers numéros du fanzine Alienation et les premiers de Roger Mag. Les écouteurs perdant leur mousse orange sur mes oreilles, je marchais dans la montagne. J'allais foutre mes études en l'air. J'écoutais du hardcore. Un changement radical d'idées me paraissait un acceptable programme à suivre et je pensais très fort : "fuck yeah, Bad Religion".
33 - Erwan - Drunk Sincerity
Drunk Sincerity
Issus de la scène punk rock havraise, Bouboul, Loïck et Laury ont voulu monter un groupe de cover de BR appelé "Sad Religion". Rapidement les compos ont pris le pas sur le travail de reprises, influencées par le hardcore mélodique des Californiens. Pour garder la référence à l'origine de leur réunion, ils ont décidé d'appeler le groupe Drunk Sincerity, on était à l'époque de l'album The gray race. Après leur premier concert, j'ai rejoint le groupe, et en tant que grand fan de BR, j'étais servi tant dans la musique que dans le nom ! Ce dernier est très particulier car il relève aussi bien du regard critique que nous pouvons porter sur le monde, que de nos histoires et difficultés personnelles. Cela fait près de 25 ans que le groupe existe et des morceaux tels que "American Jesus" et "Generator" sont venus agrémenter certains de nos sets, de même nous avons fait des covers du morceau "Drunk Sincerity" avec des groupes avec lesquels nous sommes partis en tournée. BR est la référence sur laquelle le groupe s'est formé. Si depuis, de nouvelles influences se sont faites jour, nous restons toujours attachés à ce travail mélodique qui caractérise tant le groupe californien. Chaque album de BR a son lot de surprise, et systématiquement elles viennent teindre notre façon d'appréhender le monde et notre travail de composition.
34 - Romain Boule - Charly Fiasco, Lame Shot
No control
Difficile de faire un choix au sein d'une des discographies les plus impressionnantes d'un des groupes le plus marquant de nos vies. J'ai découvert BR comme beaucoup au milieu des années 90 grâce à l'explosion de leurs confrères Green Day ou Offspring. La bande à Greg avait une saveur particulière sur plein d'aspects. Dans les dégaines, comme dans les textes, il se dégageait une attitude beaucoup plus mature, plus rassurante, une sorte de collection de figures bienveillantes aux allures de vieux briscards.
Je ne sais plus quel titre ou quel album m'a marqué à la découverte du groupe. En me plongeant dans sa discographie à l'époque, c'est sans nul doute No control qui m'a le plus touché. De la pochette minimaliste jusqu'à sa collection de tubes : "Change of ideas", "Automatic man", "You"... Adolescent, je me souviens descendre les pentes des coteaux du Lauragais à bicyclette avec mon sac à dos Eastpack. J'y avais fièrement inscrit au blanco "I WANT TO CONQUER THE WORLD" en lettres capitales. Rien ne pouvait m'arriver, cheveux au vent, appareil dentaire et baggy pants qui se coince dans le dérailleur rockrider.
Lorsque nous est venue l'idée saugrenue avec mon ami David de monter une émission de radio durant l'année 2000, nous avons naturellement longuement échangé sur un nom d'émission qui pouvait nous rassembler tous les deux et coller avec nos goûts respectifs. On s'est mis d'accord sur le titre No control. On adorait le titre éponyme du disque. On singeait inlassablement la descente de toms de Pete, reprenions à tue-tête le sing-along de fin. Sans véritablement mettre un sens au contenu brillant des paroles, cela collait parfaitement à l'état d'esprit dans lequel nous étions. No control, notre émission de radio a démarré au mois de Janvier ou Février 2001, et ce titre nous a accompagnés tous les mercredis soirs sur Radio FMR pendant quelques années. "And believe these words you hear when you think your path is clear..."
La sortie de The Process of belief et le retour de Brett Gurewitz au sein du groupe l'année d'après, a relancé une nouvelle vague d'amour pour BR. On adorait le disque. On était énormément investis dans l'émission de radio et le webzine qu'on venait de mettre en place. Nos vies tournaient autour des différentes sorties d'albums punk rock et ce nouvel opus des Californiens était clairement au dessus du panier.
Lorsque la tournée européenne débarqua à moins de 6 heures de route de la ville rose, David ne mit pas longtemps à proposer de faire le déplacement dans sa rutilante Clio blanche en compagnie de deux autres champions. Il y a des concerts que l'on n'oubliera jamais. Ce concert de BR le 1er Mai 2002 à Bilbao au Pays Basque en fait partie. Profitant de quelques contacts glanés grâce à radio FMR et quelques courriers échangés avec les bureaux d'Epitaph en Europe, nous avions réussi à programmer une interview avec un membre du groupe quelques heures avant l'ouverture des portes. C'est Jay Bentley qui nous a accueillis tous les deux dans les loges de cette énorme salle basque. Le contenu de l'interview bientôt vingt ans plus tard reste peut être secondaire. Jay fut d'une sympathie exemplaire devant ces jeunes adultes tentant de dissimuler maladroitement leur fan attitude au travers de questions à l'anglais douteux. Après avoir éteint le magnétophone, Jay nous proposa de se servir dans le gargantuesque catering qui ornait les loges. On prit un temps important pour discuter. Alors que je lorgnais sans scrupules devant le rack de guitares, Jay me demanda simplement si je voulais en prendre une pour jouer dessus. Et me voilà soudainement dans les loges de BR à tester l'une des guitares de Brian Baker. Dans un excès de confiance en moi totalement incompréhensible, je me mets à entamer le riff de guitare de "American Jesus". Moment suspendu, Jay prend sa 4 cordes et commence à m'accompagner à la basse. Liquéfié par l'ampleur de l'événement, je me transforme immédiatement en flaque, incapable évidemment d'être à la hauteur du moment. Je garde toutefois l'idée que j'ai joué une mesure de "American Jesus" avec le bassiste de BR dans une ambiance de franche camaraderie.
Le public basque possède sa réputation partout en Europe. Ce soir-là, il fût une nouvelle fois l'artisan d'une soirée simplement parfaite. Les basques sont des chanteurs. Ils scandent les paroles, les thèmes de guitares et les interludes entre les chansons si nécessaire. Ce soir là, Jay a dédicacé la chanson "No control" pour deux jeunes animateurs d'une modeste émission de radio Toulousaine. On n'oubliera jamais.
35 - Blackie - The Hard Ons (Australie)
Lack key kids
Oh ! Choisir ma chanson préférée de BR.
Ok, "Lack key kids" dans le premier album. Super riff !
36 - Yotam - Chabad Religion, Useless ID (Israël)
You are the Government
J'ai découvert BR sur une cassette qu'un ami m'a donnée fin 1994. Le grunge commençait à passer de mode et Green Day faisait déjà les gros titres, je savais qu'il y avait un monde prêt à déferler dans cette nouvelle musique que je venais de découvrir, mais quelles en étaient les origines ? Sur une face de cette cassette, il y avait une compilation des années 80-85 et sur l'autre face, Suffer. Mon pote a mis la cassette dans mon Walkman en disant : "écoute, c'est super mélodique". J'ai entendu "You are the Government", pour moi ça ressemblait à une chanson de country accélérée mais sans le côté niais, bien au contraire. Il y avait un message, c'était court et direct avec des harmonies en trois parties, des accords qui bougent sans se répéter comme dans les codes de la musique pop, et avant que j'aie pu m'imprégner de tout ça, la chanson était terminée. J'adore l'album Suffer mais "You are the Government" a été ma porte d'entrée vers BR et à chaque fois que j'entends cette chanson, elle me rappelle ce sentiment magique de la première écoute. Au fil des années, j'ai vu BR plusieurs fois et même tous les jours pendant le Warped Tour de 2002. Ils sont les pionniers d'un style qui pèse lourd dans les ingrédients du son de Useless ID. Pendant qu'on écrivait State is burning, j'ai réécouté "You are the Government" avant d'écrire "Land of idiocracy".
BR m'a montré qu'une bonne chanson ne se résumait pas à une bonne mélodie. Quand une chanson contient à la fois une bonne mélodie et un bon texte, des paroles qui font réfléchir et pas seulement chanter, là on peut parler de grandeur. En 2017, quand j'ai rencontré ma femme Paola et que je lui ai demandé ce qu'elle écoutait, elle a répondu sans sourciller : "Bad Religion". J'ai tout de suite su qu'elle comprenait et qu'on s'entendrait bien. On les a vus ensemble au Bayfest en 2018 et c'était super, ensuite j'ai pu les voir une autre fois l'année suivante aux États-Unis. Il n'y a pas de meilleur groupe dans ce style de musique que BR et aujourd'hui encore, en pleine écriture du prochain Useless ID, je sais que j'écouterai Suffer une paire de fois et que je m'en inspirerai pour écrire une chanson sur l'état actuel du monde.
37 - Alien - The Dead Krazukies
Sinister Rouge
À l'unanimité, "Sinister Rouge". Elle est courte, rapide, efficace, les chœurs sont déments et on se rappelle tous du frisson en live lorsque l'intro lente démarre et qu'on sait que ça va partir fort à tout moment. Le thème et les paroles de la chanson aussi nous parlent beaucoup, ça remet en perspective les horreurs commises par l'Église à l'époque de sa toute-puissance. Nous sommes des agnostiques convaincus et ce genre de paroles démontre tout à fait les excès qui peuvent être commis à cause des religions.
Lorsque notre ancien label nous a proposé de faire une cover, on s'est évidemment rué dessus ! Le principe était que chaque groupe devait faire une cover d'un groupe présent au Punk Rock Bowling festival de cette année-là et BR était sur l'affiche. On a proposé le projet à une asso local qui s'occupe de nous (big up à la LMA) et ils ont été super emballés par le projet. On a démarché deux chorales, un chœur basque (Elgarrekin) et une chorale de la LMA menée par Sabine Reigner. On s'est retrouvé à une cinquantaine pour faire les chœurs au Manoir de Léon dans les Landes et l'expérience était super cool. Ensuite Christian Carvin s'est occupé du mix et voilà ! Peu après je me suis lancé dans un clip qui m'a pris un an à faire, c'était infernal mais on ne regrette pas !
38 - Greg - Bare Teeth
I want to conquer the World
Je devais avoir 16 ans quand j'ai découvert BR. Mon cousin avait une correspondante allemande qui lui avait offert le CD 4 titres de Punk Rock Song, dont cette fameuse version en allemand avec le chanteur de Die Toten Hosen qui en a surpris plus d'un. Ce n'est que plus tard, au lycée, qu'un pion m'a refilé No control. Il savait que j'étais fan de punk et m'avait déjà refilé pas mal de trucs que j'avais appréciés mais pas surkiffés (à l'époque) : Poison Idea, Madball, ... No control, c'est l'album qui a tout déclenché chez moi, en particulier "I want to conquer the World". Premièrement, ce n'est pas très commun d'ouvrir un morceau sur un solo de guitare. Le titre du morceau peut paraître très prétentieux mais les paroles font état d'un tout autre état d'esprit, et elles m'ont particulièrement parlé. De plus, ce titre a une puissance mélodique dingue. Après avoir poncé la discographie de BR, et à repasser dessus plusieurs fois par an, No control fait partie de mes 3 albums préférés du groupe.
39 - Ritchie - Les $heriff / The Last Brigade
21st century (digital boy)
Difficile de ne sélectionner qu'un seul titre de BR, c'est un album tout entier qui m'a bouleversé. Stranger than fiction est le premier album que j'ai écouté. Choc énergique et mélodique ! La fusion de gros riffs et de pures chansons. Un des premiers morceaux à m'avoir rendu fou sur ce disque c'est "Infected" suivi de "The Handshake". Ce qui m'a accroché directement c'est la finesse du songwriting, dans les mélodies, les chœurs, les guitares. Et des chansons ultra "catchy" du couplet au refrain comme "What it is" ou le parfait "21st century (digital boy)" (clin d'œil au "20th century boy" de T Rex !?) .
Bon allez, s'il faut en choisir un, je choisis celui-ci car ça en est le meilleur exemple. En fait le disque m'a accompagné une bonne partie de 1995 et m'a pas mal influencé autant dans mon jeu et mon son de guitare que sur la composition à l'époque.
J'ai eu l'occasion de les voir 2 fois, en 2005 à l'Azkena Rock Fest au pays basque espagnol et en 2018 au Hellfest. En 13 ans de temps les gars n'ont pas perdu une once d'énergie et ils ont la classe.
40 - Etienne - LANE, Do Not Machine
My sanity
Intéressante la proposition de W-Fenec. Cela m'a fait replonger dans pleins de titres de BR. C'est quand même hyper impressionnant leur discographie ! Mais je vais rester sur le premier morceau qui me soit venu en tête : "My sanity", extrait de leur dernier album en date Age of unreason sorti en 2019. Pourquoi : juste parce que c'est un tube à la BR. Qui tourne sur 4 accords, avec mélodies et chants imparables !
41- Niclas Svensson - The Baboon Show (Suède)
Pessimistic lines
Au début des années 90, j'écoutais principalement du Metal. Un ami m'a fait écouter "Pessimistic lines", la dernière chanson de l'album Suffer. J'ai juste adoré la mélodie vocale presque country sur un punk rock rapide. J'ai tout de suite adhéré à BR et aujourd'hui, j'ai toute leur discographie dans ma collection. BR est un groupe très important pour moi et sa musique me redonne toujours de l'espoir quand je me sens déprimé. Il fallait que je me fasse tatouer ce logo génial sur le bras.
Merci à tous !