Baby Chaos - Skulls. Skulls. Skulls. Show me the glory C'est avec un déluge de riffs à la saturation douce que Baby Chaos renoue avec l'histoire, en quelques secondes, on oublie que 17 ans nous séparent de leurs précédents coups de médiator et on se retrouve plongé la fin des années 90, époque bénie du rock indé et d'une power pop qui sentait bon l'été quelque soit la saison. C'est que je l'ai écouté leur Love your self abuse (1996), les bandes et la K7 sont usées et menacent même de céder tant cette musique me parlait. Et me parle encore aujourd'hui. Le groupe comme moi ont presque 20 ans de plus mais mon plaisir d'entendre ces nouvelles compositions doit être comparable à leur plaisir de les écrire et de jouer ensemble à nouveau. A l'époque, c'étaient les "She's in pain" ou "Hello" qui squattaient les ondes, aujourd'hui, si le paysage musical a bien changé, c'est du côté de "Blackbirds" qu'il faut aller chercher le hit imparable parce que si tous les morceaux sont bons (il n'y a rien à jeter), celui-là a un truc en plus, un supplément d'accroche dans la dynamique, une approche plus délicate dans la mélodie, une émotion plus intense qui fait qu'on succombe forcément. Baby Chaos en est d'ailleurs conscient puisqu'ils ont placé derrière le titre le plus calme de l'opus, "The whispering of giants", calme mais distordu et qui s'énerve au fur et à mesure qu'il progresse. Il est en effet impossible à Chris Gordon et ses potes de ne pas libérer de l'énergie à un moment ou un autre, même si c'est parfois contenu ("Out of the silence"), ça leur brûle les doigts d'envoyer des riffs à la fois mélodieux et puissants. Et d'ailleurs ça ne rate pas, puisqu'après les périodes plus ouatées, ça renvoie le pâté ("Risk and writhing" est lui aussi un gros hit en puissance avec un petit goût de Ben Kweller dans la voix).

Skulls. Skulls. Skulls. Show me the glory, derrière ce titre un peu mystérieux, on peut imaginer l'humilité et l'humour d'un Chris Gordon grand manitou (auteur, compositeur, producteur, photographe...) mais qui n'est rien sans son groupe, ses amis et sa famille. Si son frère a toujours été son manager, sa femme est à l'origine de l'artwork (cet aigle royal qui passionne les Ecossais, ce n'est pas Mogwai qui dira le contraire) et sa fille prête sa voix pour quelques choeurs... Et parmi les invités, très discrets, qui viennent renforcer quelques lignes de chant on trouve aussi Olivier Portnoi (Dead Pop Club, Maladroit), Niall Holmes ou Alan Easton (The Day I Snapped, Sink Alaska...), leur présence est relativement anecdotique car elle ne marque pas spécialement les titres où ils interviennent, c'est donc plus un clin d'oeil à de vieux amis que de réelles collaborations. Ca donne également une idée de l'atmosphère qui a dû régner quand le quatuor a remis le bleu de chauffe (à la demande de Ginger Wildheart s'il vous plaît !), le seul mot d'ordre était (encore une fois) "plaisir" ! En tout cas, c'est ce que je ressens en entendant ces compositions sucrées, enjouées, ciselées qui transmettent tant de bonne humeur à l'auditeur que je suis.

Si jamais tu découvres Baby Chaos avec Skulls. Skulls. Skulls. Show me the glory, il faut impérativement que tu dégotes leurs premiers albums, que tu poursuives en chopant les Deckard et que tu creuses un peu plus loin autour parce que tu risques fort d'apprécier le ton de Radish (Restraining bolt), l'énergie d'Ash (1977) et l'insouciance de Nada Surf (High/Low), trois symboles parmi tant d'autres d'une époque finalement ... intemporelle !