Arms and Sleepers - Matador Deuxième album long-format pour le prolifique duo Arms and Sleepers qui, depuis Black Paris 86, n'a pas vraiment chômé, enchaînant les sorties (EPs, splits) et ne s'arrêtant jamais de composer en même temps qu'il multiplie les tournées de parts et d'autres de l'Atlantique. Onze nouvelles compositions navigant à vue entre trip-hop, indie-pop, ambient et folkotronic pour peindre des panoramas musicaux qui, depuis "Orly" jusqu'à "L'Orizzont", traversent le royaume des songes de manière à faire voyager l'auditeur dans un autre monde. Une pluie d'arpèges de piano qui courent sur des rythmiques synthétiques, beats trip-hop virevoltants autours d'une mélodie feutrée et enivrante, (l'éponyme "Matador", le très beau "The Architekt"), ornements indie-pop flirtant avec des nappes ambient/electronica vaporeuses, le duo composé par Max Lewis et Mirza Ramic fait des merveilles, agrémentant ses "tableaux" de quelques bricolages sonores dont ils ont le secret (le sublime "Helvetica").
Le mélange de pop électronique satinée et de trip-hop cotonneux, le chant, haut-perché, les arrangements scintillant dans la stratosphère, tout est ici fait pour emmener l'auditeur dans des sphères musicales irréelles, proche d'un Radiohead sous Xanax ou d'un Sigur Ros à deux voix ("Twentynine Palms"). Un petit essai jazz feutré et envoutant plus tard ("The international") et voici qu'Arms and Sleepers exprime un peu plus son amour pour les paysages enivrants bercés par des harmonies fragiles. "Simone", un peu convenu, n'est certainement pas ce que le duo a pu produire de mieux mais sa séquelle immédiate, "Kino", est un petit bijou du genre. Un subtil et magnifique interlude "Words are for sleeping" et les ombres qui bercent l'album reviennent faire leur apparition sur un "The paramour" aux vibrantes fulgurances nu-jazz, avant que la conclusion de ce Matador ne vienne perdre l'auditeur dans un "L'Orizzont" fantomatique à l'étrangeté brumeuse. Epilogue idéal d'un disque frisant régulièrement le génie mais ayant aussi la légère maladresse de trop flirter avec lui sans jamais l'atteindre véritablement. Beau et frustrant à la fois.