Arcade Fire - Neon Bible Après le succès considérable de Funeral et de la tournée qui a suivi, les membres d'Arcade Fire ont décidé d'acquérir et rénover l'église de Farnham pour en faire leur studio permanent. C'est en grande partie dans cette demeure que Neon Bible, deuxième album des canadiens, a été enregistré (à noter que le groupe a notamment shooté également à New-York à côté de l'Hudson River et Budapest avec un orchestre) pendant l'année 2006. Et cela se ressent tellement le son de cet album a pris une ampleur incroyable par rapport à Funeral. La démonstration est faite avec "Intervention", avec son orgue d'église en guise d'introduction, dont la première version a circulé sur Internet en 2005. Arcade Fire, au fond, n'a pas beaucoup changé, juste évolué. Et quel évolution ! Des arrangements, des orchestrations et des chœurs (chorale ?) qui rendent l'œuvre plus aérienne donc moins brute que Funeral. Onze morceaux dont certains sont grandement inspirés par la musique country-rock américaine des années 80 ("Keep the car running", "(Antichrist television blues)") notamment), et auquels il pourrait être fait un rapide parallèle avec Dire Straits ("Walk of life") ou Bruce Springsteen (une des influences du groupe avec Bob Dylan et Elvis Presley). La fameuse ligne progressive des morceaux commencée avec Funeral est toujours de mise ici avec, entre autres, la somptueuse "Black mirror" ou la berceuse violonisée "Neon bible". "Black wave / Bad vibrations" est l'occasion d'entendre la jolie voix de Régine qui se charge des chœurs la plupart du temps et laissant place au chant limite dépressif et poussif mais non moins intéressant de son mari. Les mélodies sont toujours autant efficaces si ce n'est mieux mises en valeur, à en juger avec l'excellentissime duo "Ocean of noise" et "The well and the lighthouse". L'entraînante "No cars go" avec son final orchestral, a été réenregistrée pour ce deuxième album, la première version étant sur le premier EP. Enfin, "My body is a cage" clôt le disque sous une vague d'orgue qui prend tout sur son passage un peu comme "Windowsill" termine avec ses chœurs et ses orchestrations. Au final, Neon Bible est un album déroutant non-comparable à Funeral, avec une autre couleur mais gardant quasiment les mêmes textures sonores et qui s'insère dans une suite logique, une évolution non surprenante. Reste à savoir si, après deux bons albums, Arcade Fire passera de belle façon le cap du troisième album.