Il y a des rencontres qui sont immémorables. Celle avec Årabrot fait partie de celles-là. Clisson, Hellfest 2019, les Nikon à la main dans le carré VIP, je cherche désespérément un groupe à shooter entre deux main stages et une warzone. Je tourne les pages du programme et lance un "avec ce chapeau, cela va faire des belles photos, je file à la Valley pour un titre et je reviens". Fanfaron que j'étais. je suis tombé sous le charme de ce groupe qui mélange cette fougue "nordiste" qui est palpable chez des groupes comme The Hives, un côté punk dans l'esprit tout en ayant par moment une influence de Nick Cave. Et me voilà à rester tout le concert dans le pit.
De l'eau a coulé sous les ponts, et voici que 2021 voit la sortie d'un EP en début d'année et d'un LP Norwegian gothic. Ce LP est le successeur de Who do you love de 2018 même si le groupe a jalonné les mois séparant ces deux LPs de différents EPs notamment avec des rework sur Our time is fix'd. La pochette de Norwegian gothic synthétise tout ce qu'est le groupe. Un duo mixte gothic qui a pris possession d'une ancienne église qu'il a transformée en studio et salle de résidence mais qui a également tristement servi de lieu de live stream en attente de sortie de crise sanitaire. Kjetil Nernes et Karin Park, époux à la ville ont réduit le groupe à un duo pour la composition de ce LP malgré la présence de nombreux featuring dont Jo Quail. Cet album est extrêmement dense et explore des sentiers multiples avec une cohérence et un sérieux qui finit par être la marque de fabrique du groupe : hard-rock, art-rock, alt-rock, pop, post-punk avec des teintes de jazz. Le groupe commence fort avec "Carnival of love" suivi de "The rule of silence" qui comme son nom ne l'indique pas envoie du rock bien lourd. Le duo s'autorise également des incursions "solo" sur l'album. Karin Park sur le titre "Hallucinational" à la limite de l'électro démontre que le groupe ne se laissera pas enfermer dans un seul genre.
Finalement l'album est comme sa pochette sombre mais pas d'un noir massif, c'est un noir nuancé et qui laisse voir ses détails tout en ayant un côté pop que le titre en lettres roses représente. Le groupe est libre et ne se laisse pas enfermer dans un genre tout en gardant la cohérence et le sérieux qui caractérise sa discographie.
Publié dans le Mag #47