Projet né fin 1998 du désir de l'anglais Duncan Patterson (ex-Anathema) de s'ouvrir à d'autres horizons musicaux que ceux qui étaient les siens au sein du cultissime groupe des frères Cavanagh, Antimatter est, plus qu'un projet parallèle, une entité bicéphale, l'autre tête pensante de ce projet étant un certain Mike Moss, anglais lui aussi. Apôtres d'un death metal à tendance atmosphérique, Anathema avait pourtant dès 1998 et l'album Alternative 4, délaissé la musique extrème pour quelque chose de plus accessible, aérien et mélodieux. Ce sera également la voie musicale choisie par les deux têtes pensantes du projet Antimatter, mais dans une logique plus "ambient".
Deux hommes qui vont dès 1999 enregistrer une première démo éponyme dans le but avoué de faire le tour des labels. Malheureusement sans suite. Pendant près d'un an et demi, Antimatter va ainsi demeurer à l'état d'ébauche, de projet aussi ambitieux qu'éphémère. Jusqu'au moment où le groupe est signé chez Icon Records, un petit label australien spécialisé dans la darkwave, l'electronica et le metal expérimental.
Antimatter peut donc, fin 2000, débuter les sessions d'enregistrement de son premier effort et s'assurer les participations de plusieurs guests, notamment vocaux, Michelle Richfield (Sear), Hayley Windsor et Brian Moss (Drug Free America). Un premier opus baptisé Saviour rapidement suivi d'un album live intitulé Live @K13, enregistré à Lille.
2003 sera l'année du deuxième album pour Antimatter. Le groupe entre en studio avec le même line-up que Saviour en janvier pour donner naissance à Lights out. Deux ans plus tard, Antimatter change presque tout et enregistre Planetary confinement à Liverpool avec en guests Rachel Brewster, Stephen Hughes, Chris Phillips et Sue Marshall. Entre-temps, les collectionneurs les plus avertis auront eu le plaisir de mettre la main sur un EP acoustique intitulé A dream for the blind (2002) ainsi qu'une compilation de B-sides, live et autres raretés enregistrées entre 1998 et 2003.
Octobre 2005, alors que Duncan Patterson a quitté le navire, Mike Moss se retrouve seul aux commandes d'Antimatter et annonce l'arrivée d'un nouvel opus pour 2006 : Leaving Eden.
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- liabilitywebzine.com : webzine rock
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Rock > Antimatter
Biographie > Antimatière sonore
Antimatter / Chronique LP > Leaving eden
A l'heure de son quatrième album, longtemps annoncé, maintes fois repoussé, Antimatter est quasiment réduit à sa plus simple expression depuis que Mark Moss a pris seul en main la composition des nouveaux morceaux du projet. Depuis le départ de Duncan Patterson, parti trouver son eden artistique dans un nouveau jardin musical baptisé Ion, on pouvait donc légitimement se demander ce qu'il allait advenir d'Antimatter au sortir d'un Planetary confinement irradiant d'émotions brutes et de mélodies figées dans le temps. A l'aune des premières mélopées d'une délicatesse infinie, on est rapidement rassurés car l'état des lieux que l'on peut faire de l'univers du groupe est celui d'une entité musicale solide et inspirée. Toujours accompagné de Rachel Brewster, Chris Phillips et Ste Hughes respectivement au violon, à la batterie et à la basse, Moss a décidé d'orienter Leaving Eden du côté du mouvement progressif floydien comme en témoigne notamment les guitares atmosphériques de "Redemption". Toujours à fleur de beau, triste et douloureuse, la musique d'Antimatter est encore une fois celle d'une plongée sans filet dans les méandres d'une âme en peine envahie par des fantômes encombrants.
Et au moment où l'on croit enfin savoir où Mike Moss veut nous emmener, on comprend finalement qu'on croit savoir, mais qu'en réalité, on ne sait rien... ou si peu. Insaisissable, le groupe nous berce de sa tristesse insondable mais ne cherche à nous faire partager qu'une infime partie de son fardeau. Telle est la musique d'Antimatter, sensible, déchirante, mais également pudique ("Another face in the mirror" ou "The freak show"). Fantômatiques, languissante, nappées de d'atmosphères légèrement psychées ("Ghosts"), orchestrées avec une maîtrise de tous les instants, les neuf nouvelles compositions du "groupe" sont autant de pépites rock atmosphérique à l'émotion palpable et à la finesse incomparable (le magnifique et éponyme "Leaving eden"). Car Mike Moss a su composer des morceaux avec un sens de la dramaturgie assez étonnant. Véritable berceuse hypnotique long format au lyrisme émouvant, Leaving Eden est de ces album qui se bonnifie au fil des écoutes, qui transcende l'auditeur venu découvrir les yeux fermés, l'univers d'un groupe qui sait se faire discret dans les médias pour mieux se sublimer à chaque album.
Antimatter / Chronique LP > Planetary confinement
Le cap du troisième album est selon les us et coutumes en vogue dans le monde de la musique, celui de la maturité. Etant acquis qu'Antimatter a d'ores et déjà convaincu les plus sceptiques avec son deuxième effort, il ne restait plus au groupe qu'à explorer encore et encore les nombreuses facettes que pouvaient offrir le concept de sa musique. Etait-il pour cela indispensable de changer le casting des guests par rapport aux deux premiers opus du groupe? Il appartiendra à chacun de se forger sa propre opinion à l'écoute de ce nouvel album. Quoiqu'il en soit, il y a eu, à l'occasion de Planetary confinement, quelques changements plus ou moins importants qui n'ont pas manqué de modifier en profondeur l'approche musicale de cet album ; et qui ne manqueront pas d'avoir des conséquences évidentes sur l'avenir d'Antimatter. On y reviendra un peu plus tard. Résultat des courses, exit les pourtant excellentes Michelle Richfield et Hayley Windsor, les deux voix féminines des précédents opus, bienvenue à Amélie Festa au chant, mais également à Rachel Brewster (violon), Stephen Hughes (basse) et Chris Phillips (batterie). Vous l'aurez peut-être compris en voyant ce nouveau line-up et les instruments attribués à chaque musicien, ce nouvel album signé Antimatter sera quasiment exclusivement acoustique.
Comme d'habitude avec le groupe de Duncan Patterson et Mike Moss, le premier titre de l'album est éponyme ; et à cette occasion, le duo nous offre ici 1'33 d'intro au piano, lente, hésitante, fragile et toute en retenue, à l'image de ce que sera le titre suivant, le très révélateur "The weight of the world". Un morceau au titre particulièrement éloquent tant la musique du groupe y est empreinte de mélancolie douce et de désespoir latent. Posé, triste mais en même temps fascinant, car toute en portant le poids du monde sur ses quelques notes acoustiques, ce morceau se révèle d'une pureté qui ne peut laisser insensible. La suite est dans le même esprit. On oubliera ici les textures éléctro des précédents opus, Antimatter préfèrant nous offrir une petite dizaine de perles pop atmosphériques acoustiques, désabusées, à fleur de peau et d'une beauté incomparable telles que "Line of fire" et son chant féminin cristallin et épuré.
Déchirant et dépouillé, "Epitaph" est comme son titre l'évoque une ballade désenchantée sur le thème de la mort, sur laquelle Mike Moss, remarquable au chant est accompagné au violon par une Rachel Brewster qui a su parfaitement utiliser son instrument comme un écrin pour rendre ce titre le plus mélancolique possible. Bouleversant et intemporel.
Difficile de sortir indemne des crescendo émotionnels ou des vagues de tristesse qui nous submergent à chaque morceau, Antimatter se met à nu et laisse libre court à son inspiration, pour un résultat d'une intensité rare ("Mr. White", une reprise du groupe Trouble, "A portrait of the young man as an artist".). Entre douceur mélodique et romantisme néo-classique, le délicat "Relapse" puis l'aérien "Legions" nous emmène vers des contrées lointaines et inexplorées, où tout n'est que pureté, calme et simplicité. Un long voyage à travers les cieux qui prend fin avec "Eternity part 24". Une ultime offrande, hypnotique, intimiste, atmosphérique. qui conclue une oeuvre que l'on aimerait éternelle.
Une oeuvre magnifique, frôlant sans cesse ce que l'on peut appeler la perfection, une oeuvre touchée par la grâce qui marque, comme suggéré en filigrane au début de cette chronique, la fin d'une ère, Duncan Patterson ayant désormais décidé de se consacrer à ses nouveaux projets (Deathcap, Ion)... Il n'y a pas grand-chose à ajouter, il y a des albums qui vous font tomber une nouvelle fois amoureux et dans ce cas-là, il est sans doute préférable de reposer sa plume, de refermer les yeux et s'évader en se laissant envahir par ses émotions.
Antimatter / Chronique LP > Lights out
Deuxième opus du projet Antimatter, Lights out peut-être vu comme le prolongement direct de ce qu'était le premier effort du groupe, Saviour. Sombre, atmosphérique, complexe et d'une richesse étonnante, ce disque réunit tous les participants du premier disque, mais se révèle moins accessible que son prédécesseur. A ce titre, les textures éléctro de "Lights out" peut évoquer le travail de Clint Mansell (notamment sur le score de Requiem for a dream), avant que les instrumentations du duo Duncan Patterson/Mike Moss ne prennent le relais avec un ambient minimaliste, délicat et feutré qui conduit l'auditeur, plongé dans une sorte de semi-torpeur, jusqu'à "Everything you know is wrong" puis "The art of a soft landing". Deux titres jouant avec les saturations de guitares, les samples et les instruments les plus variés (et accessoirement plus ou moins reconnaissables).
"Expire" et ses vocaux éthérés, renoue avec les ambiances sombres, inquiétantes et nébuleuses de Saviour. Plus dépouillés que sur son prédécesseur, les titres de cet album tendent vers le "fameux dark orchestral ambient" annoncé par Duncan Patterson lui-même au moment de la naissance d'Antimatter, le romantisme sombre d'"In stone" et ses fulgurances plus "métalliques" renforce l'idée que l'on a de cet album depuis les premiers titres, à savoir que le style du groupe s'est peu à peu affiné et qu'il offre maintenant plus de personnalité.
Antimatter prend son temps, et quitte à ce qu'il y ait quelques longueurs, le groupe va jusqu'au bout de sa démarche, sa musique respire une mélancolie douce ("Reality clash") en affichant une fragilité inattendue ("Dream" et l'instrumental "Terminal"), cela avant de refermer ce second album encore plus abouti que le premier par une version acoustique de "Everything you know is wrong". Plus qu'un simple projet réunissant des musiciens d'horizons divers mais aux affinités communes, Antimatter se révèle à l'aune de ce second album, un très grand groupe de rock/ambient atmosphérique.
Antimatter / Chronique LP > Saviour
En quittant Anathema pour des raisons assez floues mais qui ne regardent, de toutes les façons, que lui et ses ex-partenaires, Duncan Patterson, bassiste de génie, n'a pas hésité à se mettre en danger en initiant Antimatter aux côtés d'un certain Mike Moss. Restait alors à découvrir ce à quoi ressemblerait la musique de ce nouveau projet que Patterson décrit lui-même comme (là accrochez-vous...) : quelque chose ressemblant dans son esprit à de l'"experimental dark orchestral ambient electronic dub avec des vocaux féminins", (rien que ça !) après tout pourquoi faire simple, lorsque l'on peut faire compliqué ?
Surtout que le "Saviour" introductif et éponyme de ce premier opus est complètement dans l'esprit de la description que fait Duncan Patterson de la musique d'Antimatter. Troublant, mélodieux, lunatique et envoûtant, ce morceau est une véritable perle éléctro-rock/ ambient. D'autant que Michelle Richfield (Sear), à qui il revient d'assurer le chant, s'acquitte remarquablement bien de sa tâche et que les orchestrations signées du duo de compositeurs Duncan Patterson/Mike Moss sont particulièrement inspirées.
Plus sombres et désespérés, l'hypnotique "Holocaust" puis l'atmosphérique "Over your shoulders" jouent habilement avec les ambiances intimistes, lourdes ou aériennes. L'étonnante variété des harmonies et des textures font ici merveille, Antimatter passe tour à tour d'un titre aux mélodies graves mais extraordinairement mélodieuses ("Psalms" et son "Close your eyes" enivrant), à un autre plus expérimental et apocalyptique (l'industriel "God is coming"). On a alors l'étrange sensation que l'enfer va s'ouvrir sous nos pieds, que la fin est inéluctable, que le chaos est imminent. Organique, la musique d'Antimatter prend de l'ampleur, se faisant par la même de plus en plus oppressante et insidieuse.
S'il est une chose que l'on ne peut nier, c'est le talent des deux maîtres d'oeuvre Antimatter pour les compositions feutrées et ciselées à la perfection, de véritables pièces d'orfèvrerie qui s'insinuent lentement dans votre esprit pour ne jamais en sortir, des titres tels que "Angelic" ou "Flowers" et ses harmonies célestes. Lignes mélodiques pop, instrumentations à mi-chemin entre trip-hop élégant et ambient, Saviour est à l'image de ses deux derniers titres ("The last laugh" et "Going nowhere"), une plongée en apnée au coeur d'un univers étrange et onirique, tout en couleurs et subtilités. Une révélation.