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Biographie > Refuse ! Resist !

Anti-Flag fait des bonds Anti-Flag fait des bonds Anti-Flag voit le jour en 1988 du côté Pittsburgh (USA), mais se fait surtout connaître à partir de 1993 lorsque le groupe se fait entendre sur les ondes locales. Le début d'une longue histoire semée d'embûches pour une entité qui est décidée à bousculer l'odre établi. D'un point de vue discographique, Anti-Flag fait ses premières armes par le biais d'une poignée de splits dont un avec Against all authority. Fin 2005 sort un disque qui va marquer la scène punk hardcore du moment. Un album qui synthétise à lui seul ce qu'est le groupe : le refus de l'autoritarisme politique, du fascisme, du nationalisme, de l'omniprésence des toutes puissantes associations religieuses pro-conservatrices dans la société américaine etc... ce qui vaudra notamment au groupe d'être régulièrement "blacklisté" pour cause d'"anti-patriotisme". Ce que les Anti-Flag réfutent haut et fort, quand bien même ils assument le fait de dire que le drapeau américain évoque en lui-même une forme de fascisme.

En ce qui concerne la musique, Their system doesn't work for you (sorti en 1998) permet au groupe de fonder son propre label, A-F Records, sur lequel sortira A new kind of army en 1999. Le succès d'estime qui entoure ses premiers méfaits, notamment en live, permet au groupe de signer avec Fat Wreck Chords (Against Me !, NOFX, No Use For A Name, Strung Out...) via lequel sortira le quatrième album du combo de Pittsburgh : Underground network (2001). A la fin de cette même année, Anti-Flag enregistre Mobilize, un EP que les américains sortiront par le biais de leur label en 2002, avant de faire polémique avec The terror state pour lequel ils se montrent ouvertement anti-Bush et anti-guerre (ce qui est perçu aux USA comme une marque d'anti-patriotisme), d'ailleurs l'artwork de l'album, montrant un enfant soldat faisant le salut militaire américain au milieu des décombres, est assez éloquent.
Fervent défenseur d'un punk hardcore de rue agressif et révolutionnaire, les Anti-Flag dérangent et cet état de faits leur vaudra bien des désagréments pour être distribuer nationalement ou tout simplement pour jouer dans certaines salles. Ce qui n'empêche pour autant pas le groupe d'en remplir quelques unes, en témoigne notamment le DVD live

Death of a nation) paru en 2004.

Pourtant, à peine quelques moins plus tard, les streek-punkeurs retournent semble-t-il leur veste (ou peut-être est-ce là le summum de la provocation : infiltrer le système pour mieux afficher ses idéaux de l'intérieur...) en signant avec une major, en l'occurence RCA, chez qui ils sortiront l'album For blood and empire (2006). Cette même année, le groupe est frappé par une tragédie lorsque la soeur de l'un de ses membres est assassinée, laissant derrière elle deux jeunes enfants. Très symboliquement, les Anti-Flag sortent en réaction un EP intitulé A benefit for victims and violent crime dont ils reverseront, jusqu'au dernier dollar récolté lors de sa vente, à l'association Américaine d'aide aux parents et proches des victimes de crimes violents.
. Décidé à poursuivre plus que jamais leur oeuvre contestataire, le groupe sort en 2008 puis 2009 deux nouveaux albums : The bright lights of America et The people and the gun.

Anti-Flag / Chronique LP > 20/20 vision

anti flag 20/20 vision Hasard du calendrier, le retour dans les bacs en mode électrique des Anti-Flag s'opère à la mi-janvier, 3 semaines avant celui de Green Day, pour un groupe qui occupe peu ou prou le même créneau, c'est pas forcément une bonne idée d'être en concurrence frontale avec un tel mastodonte... Sauf si son album est plutôt bon alors que celui des méga stars déçoit, les auteurs de chroniques vont, comme moi, s'en donner à cœur joie pour envoyer les amateurs de nu-punk racé écouter ce 20/20 vision plutôt que Father of all.... Quand on cherche Anti-Flag, on les trouve, on sait à quoi s'attendre avec eux et la politique de Trump leur donne de quoi composer, leur président et sa politique tient le haut de l'affiche (il est sur l'artwork, entame l'album via un sample de discours où il justifie la violence du "bon vieux temps" contre les opposants politiques) et donne l'occasion à Anti-Flag de dérouler la liste de toutes ses idées pour un monde bien meilleur que le présent. Des idées qui passent dans les lyrics de leur "protest songs" mais pas uniquement puisque les paroles sont agrémentées de longs textes détaillant davantage leurs pensées et de liens pour encore davantage creuser le sujet. Pas juste des paroles en l'air donc. D'ailleurs, le titre de l'opus, 20/20 vision renvoie autant à la capacité à voir clair qu'à leur vision du monde de 2020, et plus qu'un triste constat, comme d'habitude, le combo apporte les armes pour combattre. Les leurs, ce sont avant tout les petites bombes que sont leurs morceaux qui sonnent comme des tubes en puissance, à ce titre, les "It went off like a bomb", "20/20 vision" et "Don't let the bastards get you down" sont imparables. Punk Rock engagé sans chichi, ça trace et ça groove, on a fait le tour en moins de 3 minutes mais on a pris du bon temps ! Sur d'autres titres, ils s'essayent à quelques expérimentations plutôt réussies comme l'apport de l'électronique sur "The disease" ou l'acoustique sur "Un-american". C'est quand ils restent dans le trop formaté que le message passe moins, la production radiophoniquement compatible, on s'y est habitué mais les chœurs mielleux qui font rimer "nationalist" et "terrorist" ne sont pas spécialement raccord avec la rage (qui reste) sous-jacente sur "Christian nationalist". Anti-Flag a bien compris que pour toucher ses concitoyens, il ne faut pas trop les brusquer...

Publié dans le Mag #42

Anti-Flag / Chronique LP > American reckoning

Anti-Flag - American reckoning Anti-Flag vient interrompre le rythme des saisons pour nous aider à passer l'hiver au chaud sous la couette avec une version acoustique de quelques-uns de ses derniers morceaux : 2 issus d'American spring (2015) et 5 venus d'American fall (2017) et comme ça faisait léger, les Ricains nous gratifient de trois reprises mais électriques (pourquoi ne pas avoir tenté de les faire à la punk-folk ?). Les bons morceaux se jouent dans toutes les versions, avec un gars comme Justin Sane au micro, tu peux même y aller a cappella, des "American attraction" ou "Racists" seront toujours aussi percutants ! C'est un vrai bonheur que de (re)découvrir ces compos sous un nouvel angle. L'exercice de la cover est moins convainquant car on revient sur l'électrique et quitte donc une certaine douceur. "Gimme some truth" de John Lennon reprend un des thèmes favoris d'Anti-Flag qui n'ont pas grand-chose à faire pour accaparer le titre, le "Surrender" de Cheap Trick est anecdotique, "For what it's worth" des Buffalo Springfield beaucoup moins, c'est une des "protest songs" les plus célèbres et j'en ai déjà des frissons à l'imaginer en live... Anti-Flag passe haut la main l'exercice de l'unplugged, mais qui en doutait ?

Publié dans le Mag #35

Anti-Flag / Chronique LP > American fall

Anti-Flag - American fall On passe du printemps à l'automne en zappant l'été chez Anti-Flag qui a rapidement trouvé des sources d'inspiration avec l'arrivée au pouvoir de Trump et le retour des idées sudistes aux Etats-Unis ("Racists" est écrit suite au drame de Jacksonville) ou quand "new world order" rime avec "disorder" ("Digital blackout"). Avec le bel artwork (le bureau ovale rempli de dollars qui amènent la mort), il était évident qu'Anti-Flag n'allait pas arrêter son combat contre une Amérique va-t-en guerre et intolérante. Musicalement, le dixième album de la bande de Justin Sane continue d'oeuvrer dans un street-punk assez formaté, le son est radiophoniquement correct, bien moins brut que sur scène, et les mélodies parfois un peu simplistes ("American attraction"). La production de Benji Madden (guitariste de Good Charlotte et derrière les manettes depuis peu) adoucit les propos et rapproche encore un peu Anti-Flag de Green Day pour la forme. L'orgue Hammond et l'influence celtique de "When the wall falls" donne un peu d'air dans un opus un poil trop marqué par les choeurs inutiles et qui dans l'ensemble manque de punch (pourquoi un seul titre de la trempe de "Liar" ?). Winter is coming mais avant ça, il y aura des concerts, l'occasion de retrouver le groupe dans son élément favori.

Publié dans le Mag #30

Anti-Flag / Chronique LP > The people and the gun

Anti-Flag - The people and the gun The People or the gun, tout un programme rien que dans le titre, que le groupe va décliner ici une grosse demi-heure durant, pour onze titres sans équivoque. Quasiment une profession d'anti-foi invitant à l'insurrection intellectuelle, la guerilla psychologique contre les diktats de la NRA (National Rifles Association, soit le tout puissant lobby prônant la libre-circulation des armes sur le territoire américain) et derrière, l'administration Bush (père et fils) en filigrane, cet album est celui d'un groupe qui, douze ans après ses premiers pas, affiche toujours aussi ouvertement ses opinions politiques. Plus que jamais même.
Radicaux dans l'esprit comme dans la musique à leurs débuts, les Anti-Flag ont peut être adouci l'intensité de leurs diatribes punk-hardcore, ils n'en ont pas moins gardé ici (ou retrouvé c'est selon) le mordant qui faisait toute l'efficacité corrosive d'un Die for the government. Le groupe aspire à la révolte contre toute ou partie du système en place et le fait savoir en balançant directement les uppercuts nerveux à une vitesse assez imparable. Un chant qui semble comme arraché des entrailles, des harangues vindicatives, guitares tendues et tempo élevé de rigueur, Anti-Flag fait ce qu'il sait faire de mieux, soit du punk de rue, taillé au cran d'arrêt et purgé à l'acide. La musique adoucie les moeurs ? Pas ici.
Les gouvernements ont le kärcher (sic), le peuple à des groupes comme Anti-Flag, NOFX et bien évidemment les Rage Against The Machine. Soit autant de formation décidées à faire entendre leur voix à leur manière, peu importe le moyen ou les obstacles qui se dresseront devant eux (censure, pression etc...). Le punk est leur espace de liberté, leurs manifestes discographiques résonnent comme autant d'échos appelant à l'insurrection, pacifiste, mais acharnée. Les Anti-Flag ont parfois lâché un peu de lest au cours de leur carrière, ils reviennent aux fondamentaux de leur oeuvre avec The people and the gun : un disque aux mélodies rageuses et amères, des guitares rageuses, des titres courts et cinglants, old-school mais pas trop. Pas un chef d'oeuvre, mais un bon album de punk engagé et dans la plus pure tradition du genre.