Un journaliste des Inrocks a écrit un jour, je cite : Si Animal Collective n'existait pas, il serait impossible de l'inventer. Pour une fois, ces gens-là n'avaient pas totalement tort. Ils auraient seulement du ajouter : "ou inutile" en fin de phrase. Pure provoc ? Oui... et non. Parce que s'il faut bien reconnaître une chose à l'entité basée dans la Grosse Pomme, c'est sa productivité, fait assez rare pour qui soigne sa hype en mettant l'intelligentsia artistique à ses pieds avec une régularité confondante (et des artworks insultant systématiquement le bon goût). Mais pour faire court, Animal Collective a toujours un disque sur le feu. En une grosse décennie d'existence, le groupe a sorti rien moins que... bah dix albums. Et (oui il y a un "et") quatre EP. Sans parler d'une poignée de single et des quelques side-projects pour les moments de solitude. Mais la quantité ne fait évidemment pas tout.
Défricheurs de territoires musicaux psyché-rock, c'est solidement arrimés à quelques mélodies cosmiques et autres petites circonvolutions expérimentales qu'Animal Collective nous sert ces cinq titres composant un Fall be kind en forme d'hallucination... collective. "Graze", "Bleed", "I think I can", à chaque fois la même recette. Une musique bariolée de quelques ornements folkloriques sortis d'on ne sait trop où, des motifs harmoniques à l'étrangeté sidérante, une pause dans la courbe temporelle et pas mal de petites bizarreries pour nourrir son côté extravagant, le quartet américain ne fait rien comme les autres et c'est sans doute là que réside le seul intérêt de sa musique. Là et sur "On a highway", un peu nombriliste mais précieux, pour lequel Animal Collective parvient à éviter l'écueil du fourmillement d'idées se voulant élitistes et faussement ingénues pour un résultat atypique, inventif mais quand même à la limite du stérile. Quatre titre + un interlude assez navrant : soporifique et agaçant. Ou les deux.

1 commentaire   - Commenter-