the and En parallèle de Cannibales et Vahinés, G.W. Sok (ex-The Ex) et Nicolas Lafourest, respectivement chanteur et guitariste, ont formé The And. L'année dernière, le duo a sorti un single puis un album au mois d'octobre. Plus posé que le Songs for a free body des Cannibales et Vahinés, ces deux productions s'en approchent par un son similaire et un engagement poétique aussi saisissant.

Composé de six titres, l'album éponyme commence sur une reprise de "Rock n'roll suicide" qui clôturait en 72 The rise and fall of Ziggy Stardust and the spiders from Mars de David Bowie. Ramené à la surface quelques mois avant la mort de son auteur, elle est interprétée dans un univers qui ressemble à celui de Lou Reed : calme et troublant. Comme pour nous ancrer dans la musique avant-gardiste des années soixante-dix, The And s'attaque ensuite à un "Love lies" du Captain Beefheart. La guitare tourne ses riffs hypnotiques tandis G.W. Sok fait planer ses mots. L'instant d'après, on peut palper l'urgence pour le chanteur de clamer son poème. Nicolas Lafourest quant à lui, fini de faire trembler la terre en se plongeant dans un rock plus noisy. L'exploration continue par la mise en musique du texte "Stroo" de l'écrivain Néerlandais Jan Arends ayant notamment officié dans le groupe De Kift. Gardées dans leur langue originelle, les paroles sont dures pour notre oreille latine plus habituée à des prononciations chantantes. De la guitare sort une mélodie métallique, cyclique et inattendue qui aurait pu être empruntée à Sonic Youth. The And fait ensuite une pause dans les reprises et autres interprétations. Nous voilà parti pour deux titres composés par ce duo de rock expérimental. "Writer's blog" grandit les espaces. G.W. Sok est à deux doigts de parler complètement son texte sans pour autant relâcher son envoûtement. Les notes de guitare sont si espacées que le calme s'impose de lui-même. L'ambiance posée se poursuit sur "Around the corner". Cela dit, la mélodie est nettement plus rapide et se montre très riche en variations. Pour faire tomber le rideau sur cette opus, The And aborde avec gravité la célèbre "Master of war" de Bob Dylan sur des sonorités plus dissonantes qu'à sa conception. Une petite rallonge ne serait pas de refus...

Tiens justement, j'ai gardé le single "Straw" / "Town of stone" sous le coude. "Straw" est également un texte de Jan Arends mais cette fois-ci les paroles sont en anglais. Le guitariste parachute tour à tour des interruptions et des grincements dans la mélodie. Par décalage, la diction de G.W. Sok n'en prend que plus de volume, plus de place. Entièrement de leur composition, "Town of stone" fait du bien par ce fait. Le titre montre ce que The And sait faire de mieux : invoquer la poésie dans une atmosphère hallucinante.