Ambre - #silence Il y a parfois des EP qui arrivent par la poste et dont la bio interpelle. Dans le cas présent, c'est un ensemble (pochette, bio) qui invite à l'écoute. Il y a également le détail suivant, citer les amis de Darcy comme influence et d'y adosser le nom de Demago qui est également fort apprécié à la rédaction.

C'est donc une attente forte que créé Ambre en attaquant de la sorte. Il faudra que le "Silence" de cet EP soit marquant pour que les gars ne passent pas pour des frimeurs aguicheurs. Dès le premier titre, Ambre ne laisse pas indifférent, telle la pierre organique dont il tire le nom, il plaque un filtre jaune sur la réalité, comme un révélateur. Ses titres sont des cocktails molotov, la hargne est parfois maladroite mais toujours sincère, et plus on écoute les titres plus le côté maladroit apparait fluide plus comme un réflexe pavlovien, un réflexe par rapport à la société dans laquelle on vit, comme un instinct de survie. Rester immobile ferait d'eux une proie, alors Ambre est en constant mouvement, allant chercher des sonorités grunge ou fusion comme celles que Tom Morello sait si bien produire. Si Ambre peut faire également penser à Noir Désir, il faut plus chercher l'influence chez Teyssot Gay que chez le leader décrié.

Sur "Recommence", le riff lancinant fait un écho aux antipodes du chant rappé qui se fait plus mélodique sur le refrain. Un morceau qui ne parle pas de trahison ni du poison ambiant qui tue à petit feu la société comme les précédents ; il parle du possible, de l'avenir, de seconde chance. Et c'est là finalement que Ambre marque des points plus dans la construction future que dans la destruction de l'existant (BFM, politiques, etc.).

Il y a une urgence à décrire le monde brûler comme dans "Brutal" mais Ambre se remonte et ne veut pas être un complice par abstention, alors tel un Néron, Ambre dépeint ce monde sans être la cause de l'incendie et cherche le bon en l'homme pour éteindre l'incendie ou reconstruire sur les braises.

De Darcy, on retient les directs du droit dans les textes ainsi que les riffs assassins, de Demago, Ambre prend le cynisme, l'acidité pour dénoncer ; l'acidité comme pour mieux révéler les travers de l'Homme du XXIème siècle et ses incohérences. Un EP de 20 minutes à qui il ne manque qu'une chose, la suite en long format et la possibilité de brûler les scènes de France.