La date était marquée au fer rouge, le lundi 26 février passait au Trabendo à Paris l'une des références mondiales actuelles en matière de pop rêveuse et guillerette, j'ai nommé Alvvays. Les Canadiens enchaînaient leur deuxième tournée européenne depuis la sortie en septembre dernier de leur second album, Antisocialites. Et on n'a pas regretté d'être venu !
Alvvays-Trabendo 2018
On le savait, la scène est la deuxième maison de la bande de Molly Rankin, et si l'excentrée salle de la capitale ne met pas trois plombes à se remplir, les Parisiens (parmi lesquels un certain nombre d'anglophones et de Québécois) ont décidé de se bouger les fesses malgré le froid glacial à l'extérieur. Les invités de la soirée sont Spinning Coin, un groupe de Glasgow. Sympathique au début puis vite pénible, cette sorte de "teenage rock band" est porté par un chant alterné selon les titres entre les deux guitaristes dont la justesse ne semble pas être un sujet très pris au sérieux. Musicalement, si l'influence presque naturelle tend vers des pointures écossaises du genre tels que Teenage Fanclub ou The Pastels, on se rend vite à l'évidence que ces charmants garçons de Spinning Coin n'en n'arrivent même pas à leurs chevilles. C'est bien dommage quand on sait le nombre de bonnes découvertes que le public est capable de faire par le biais des premières parties. Et en France, ce n'est pas ce qui manque en la matière. À bon entendeur.
Alvvays arrive sur scène à 21h et lance un "Hey" chaloupé histoire de mettre tout le monde dans le bain de la meilleure des manières. Les Canadiens sont visiblement ravis d'être là et le communiquent régulièrement avec grand sourire à l'audience avec quelques plaisanteries notamment sur le froid. Une bonne partie du show met l'accent sur une relative constance rythmique (la poignante et reposante "Already gone" a-t-elle été volontairement oubliée ?), le groupe balançant une série de tubes indie-pop flamboyants qui vont autant piocher dans le dernier disque ("In undertow", "Plimsoll punks") que dans le premier ("Adult diversion", "Next of kin"). Tout est réuni pour une bonne soirée d'autant plus que les titres prennent une dimension assez grandioses en concert grâce à leurs tournures plus pêchus et dynamiques dans l'ensemble mais également par le biais de la voix pleine d'aisance et de beauté de la ravissante blonde au pull rayé. Molly est assez complice avec son guitariste, Alec O'Hanley, tandis que le reste de la bande fait preuve d'une timidité confondante en restant concentré sur son instrument comme la claviériste Kerri MacLellan qui, en plus d'être toujours aussi mal fagotée, paraît pour le coup totalement shootée à un produit dont on ignore le nom. Notons à cette occasion la bonne performance de Sheridan Riley, la nouvelle batteuse issue de la défunte formation indie-rock Avi Buffalo, qui a apposé de manière amusante le mot "drum" sur sa peau de grosse-caisse là où beaucoup des groupes préfèrent rappeler de manière visible au public qui joue sur scène. Et oui, Alvvays n'est pas tout à fait formé de membres introvertis, et même si la courte durée de leur set devient frustrant (1h10 somme toute logique vu la longueur totale de leur deux albums confondus), les Torontois auront au moins fait découvrir une B-side ("Peckin order") et une reprise d'Elastica avec "Blue". Comprenez bien qu'au vu de ce constat, on a déjà hâte de les revoir.
Alvvays-Trabendo 2018 groupe
Set list :
Hey
Adult diversion
In undertow
Plimsoll punks
Lollipop (Ode to Jim)
Not my baby
Saved by a waif
Forget about life
Your type
Ones who love you
Atop a cake
Archie, marry me
Pecking order
Dreams tonite
Party police
Blue (reprise d'Elastica)
Next of kin
Merci à Camille & Clémence de PIAS, Anne de Super! et Annabelle du Trabendo
Photos : Guillaume Vincent / Studio Paradise Now
Publié dans le Mag #32