ALTIN GÜN - Ask L'idée d'aborder le sujet Altin Gün dans le mag me trotte dans la tête depuis la découverte de "Goca dünya", excellent tube parfaitement approprié pour la danse paru sur leur premier album, On, en 2018. J'ai sagement attendu le bon moment et notamment la possibilité de chroniquer un nouveau disque du sextet amstellodamois, jusqu'à ce que la promo récente de son cinquième album me fût adressée par Modulor. Cinquième en cinq ans - je préfère préciser au cas où tu n'aurais pas eu le temps de faire le calcul entre ces quelques lignes - ce nouvel album nommé Aşk signe le retour du groupe avec son rock folklorique anatolien des années 70. En effet, il l'avait délaissé le temps de deux albums électro-pop un peu décevant réalisés en 2021 (Yol et Âlem). Considérons cela comme une parenthèse dans leur discographie, comme tout être humain qui a vécu le COVID et les confinements à sa manière.

Loin de moi l'idée de vouloir absolument discourir, passons donc à Aşk. Portant un titre signifiant "Amour" ou "Idylle" en turc, ce disque me rappelle instantanément pourquoi j'avais envie que ce groupe soit sur nos pages. La folk-rock psyché anatolienne n'en est pas à son dernier combat, rappelez-vous, il y a encore quelques temps, je vous avais parlé de Derya Yildirim & Grup Şimşek, un vrai coup de cœur musical qui joue dans la même cour qu'Altin Gün, à la différence près que ce dernier développe davantage de sonorités rock et donc plus d'énergie. En gros, les deux (on peut rajouter aussi le quatuor israëlien Ouzo Bazooka qui n'est pas loin d'eux) envoient des ondes orientales se mêlant au folk-rock avec une touche rétro bienvenue rendant le voyage encore plus passionnant. Aşk est un album qui ne passe pas par quatre chemins, ses morceaux à la fois planants, hypnotiques et parfois fiévreux font mouches, détendent l'atmosphère et sont propices à toutes rêveries réjouissantes.

Souvent plein d'ivresse, les titres sont magistralement chantés par le duo d'origine turc Erdinc Yildiz Ecevit et Merve Dasdemir, ce qui donne l'avantage au sextet de pouvoir ajuster les ambiances assez variées de ses morceaux. Quand "Badi sabah Olmadan", la chanson d'ouverture, nous renvoie son caractère tendu et urgent à la face, "Dere geliyor" vient calmer les ardeurs avec ses guitares slidés type western et ses effets psychédéliques, le groupe répand aussi ses envies funky sur des plages tels que "Çıt Çıt Çedene", voire même disco sur le morceau final "Doktor civanim". Cet album qui tue l'ennui permet réellement de rentrer en communion avec le groupe, et l'on s'imagine que leurs shows doivent être la cerise sur le gâteau avec son groove imparable et ses guitares saillantes et communicatives. Enfin, son approche très traditionnelle avec enregistrement en direct sur bande et son souci des détails lui confère un particularisme quasi suranné qui fait qu'on s'attache assez vite à la démarche et au très convaincant résultat qui en découle.