En 1987, Jerry Cantrell et Layne Staley se rencontrent dans une soirée. Les atomes crochus sont nombreux, les deux musiciens sympathisent assez rapidement et Jerry décide alors d'embaucher Layne au poste de chanteur dans son groupe, Diamond Lie. La basse est confiée à Mike Starr, un ami de Cantrell. Ce-dernier recrutera Sean Kinney, le petit copain de sa soeur, au poste de batteur. Le groupe compose très vite des morceaux et tourne dans les clubs de Seattle. Ils optent pour un nouveau nom et baptisent le groupe Alice in Chains (AIC) en réaction à un ancien combo de Layne Staley : Alice N' Chainz. Les désormais AIC décrochent un contrat chez Columbia en 1989 et publient leur premier maxi We die young en 1990. La chanson titre connaît un certain succès dans les radios mais c'est véritablement avec "Man in the box" qu'AIC décrochera une renommée plus importante. Le groupe part en tournée avec Van Halen et Iggy Pop. Facelift est certifié disque d'or aux Etats-Unis. Layne Staley commence à avoir quelques problèmes d'addictions, notamment à l'héroïne.
En 1992, le groupe explore un autre visage de sa musique en proposant un maxi Sap contenant uniquement des morceaux acoustiques. Cette même année sort Dirt. L'album est un franc succès. Mike Starr quitte le groupe et est remplacé par Mike Inez alors bassiste chez Ozzy Osbourne. Le succès de cet album leur permet d'être invité au prestigieux festival Loolapalooza aux cotés de Primus, Tool, Rage Against the Machine et Babes in Toyland. En 1994, Alice in Chains publie le maxi Jar of flies qui exploite de nouveau cette facette acoustique. Là encore, le mini-album est un double succès : populaire et critique. Le groupe ne fera pas de tournée pour cet album, ce qui alimentera les rumeurs concernant le mauvais état de santé de Layne Staley. Entre temps, celui-ci participe malgré tout à un projet parallèle avec Mike McCready (guitariste de Pearl Jam) et Barrett Martin (batteur des Screaming Trees, ancien groupe de Mark Lanegan). Ce projet se concrétisera sous le nom de Mad Season. En 1995, Alice in Chains sort un album éponyme souvent nommé Tripod par les fans en raison de la pochette qui contient un chien amputé d'une des pattes avant. L'album connaît également un certain succès mais l'état de santé de Staley ne permet pas aux AIC de tourner comme ils le souhaitent. Le groupe fait un retour très remarqué en 1996 pour un MTV unplugged de haute volée. Layne Staley y apparaît très affaibli mais livre pourtant une prestation vocale assez incroyable. Cette même année, sa petite amie décède des suites d'une endocardite infectieuse, ce qui l'enfonce encore un peu plus dans les abîmes de la dépression et de l'usage de substance prohibées. En 1998, Jerry Cantrell sort son premier album solo, Boggy depot, d'ailleurs considéré par beaucoup comme un album d'AIC à part entière car tous les membres du combo y participent sauf Layne Staley.
La même année, le groupe vivra ce qui sera sa dernière collaboration avec Staley en enregistrant 4 morceaux "Get born again", "Fear the voices", "Lying season" et "Died", lesquels figureront au menu du coffret Music Bank sorti en 1999. Le coffret en question contient 48 titres dont des raretés et des démos qui visent à retracer la carrière du groupe.
En 2000, Les AIC sortent un live intitulé sobrement Live. Deux ans plus tard, le 20 avril 2002, le corps sans vie de Layne Staley est retrouvé dans son appartement : celui-ci n'a pas survécu à un énième shoot mélange de cocaïne et d'héroïne. Jerry Cantrell, très affecté, lui rendra hommage en lui dédiant son deuxième album solo Degradation trip. En 2005, le groupe refera parler de lui avec notamment un concert de charité aux profits des victimes du Tsunami. C'est Pat Lachman du groupe Damageplan qui occupa le poste laissé vacant par Staley. Le 10 mai 2006, AIC réapparaît avec cette fois Phil Anselmo au chant lors du Decades rock lives donné en l'honneur du groupe Heart. S'ensuivra une grosse tournée de festivals avec William DuVall au chant (ex-Comes With the Fall).
Depuis l'été 2006 William a démontré qu'il pouvait être le nouveau chanteur d'Alice in Chains, après quelques concerts, ils entrent en studio en octobre 2008 avec Nick Raskulinecz (Stone Sour, Foo Fighters...). Un an plus tard, Black gives way to blue ravive la flamme dans le coeur des fans et le monde entier attend de vibrer de nouveau "en live".
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Alice in Chains discographie sélective
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Sap
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Alice in Chains dans le magazine
Numéro :
Mag #34
Alice In Chains en interview dans le W-Fenec, c'est fait ! Les vacances n'ont pas été de tout repos avec d'autres interviews comme celles de Eryn Non Dae., Tagada Jones, The Married Monk, Halo Maud, Enob ou Acod mais aussi et surtout plein de reviews de festivals dont le What The Fest, le See You In The Pit, les Eurocks, le Hellfest, le Download ou le Main Square Festival !
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Interview : Alice in Chains, Alice in terview (juillet 2018)
Alice in Chains / Chronique LP > Rainier fog
Comment ne pas être touché par Alice in Chains ? Quand tout allait bien (ou presque), le groupe était capable de transmettre des émotions fortes, aujourd'hui qu'il s'est reconstruit, il est difficile de ne pas se faire embarquer dans leurs histoires comme si on était de la famille puisqu'ils partagent tout avec nous : leurs doutes, leurs chagrins comme leurs aspirations.
Si les Américains restent au-dessus de la mêlée, c'est peut-être aussi qu'avec des fondations réellement six pieds sous terre, ils ne trichent pas, ni avec eux-mêmes ni avec nous. Ils sont toujours hantés par les fantômes de leur passé (le terme "Ghost" revient plusieurs fois) et même le jeunot William DuVall puise dans ses tristes expériences pour sublimer les compositions ("Never fade" peut faire autant référence à sa grand-mère qu'à Chris Cornell). Les autres ont des souvenirs douloureux mais ne les mettent pas de côté, préférant vivre avec, comme ils vivent avec cette image du Seattle des années 90, la ville qui s'est fait un nom en sortant du brouillard et de l'ombre du mont Rainier, la ville a changé, Layne et Mike sont partis, "Rainier fog", le titre comme l'album sont donc une ode au passé, un passé qui permet de bâtir un futur plus lumineux. Cela passe par un William DuVall plus à l'aise que jamais, pour la première fois il écrit seul un titre ("So far under" très old school musicalement) et son travail avec Jerry Cantrell atteint des sommets, en phase, les deux chanteurs se complètent et fondent leurs voix pour brouiller les pistes et faire en sorte que les idées de séparation et de solitude perdent de leur force (le somptueux "Maybe"). Autre moyen de combattre ces sensations, laisser participer un vieil ami, en l'occurrence Chris DeGarmo (ex-guitariste de Queensrÿche) qui pose quelques notes sur "Drone". Pour autant, la vraie réponse du groupe face à son histoire, c'est l'écriture de titres ultra dynamiques, pêchus en diable (ce "The one you know" pour lancer l'opus !) qui dénote une volonté de se battre et de faire face, un peu comme cet homme de dos sur l'artwork qui semble affronter son passé et essayer de voir à travers l'œil omniscient comme au travers d'un judas sur la porte du ciel. Bien entendu, on reste dans des niveaux de gris, du noir et blanc, le brouillard, la mélancolie habite et habitera toujours Alice in Chains, on leur en voudrait même s'ils venaient à s'en émanciper parce que c'est ce qui donne le goût à leur musique, les titres plus légers (comme "Fly" qui porte bien son nom) trouvent moins grâce à mes oreilles, je préfère quand le ciel est bas et lourd, quand ça bourdonne, quand ça traîne et ça s'embourbe comme ce "Deaf ears blind eyes" dans lequel on pourrait rester enlisé bien plus longtemps avec plaisir.
Alice in Chains ne se réinvente pas avec Rainier fog mais continue de grandir et de composer des titres éblouissants de classe malgré des sujets ô combien douloureux que les années et les drames semblent raviver plus qu'atténuer. Mais c'est tout ce qu'est et a toujours été Alice in Chains qui depuis ses débuts vit avec la mort, qu'elle les touche de très près ou d'un peu plus loin ("Killing yourself", "We die young", "Sunshine"...), et y survit par et grâce à la musique.
Publié dans le Mag #34
Alice in Chains / Chronique LP > The devil put dinosaurs here
De tous les groupes estampillés Seattle que l'on a pris sur la gueule au début des années 90 (tu étais né ?), Alice in Chains faisait partie de mes préférés. Je reste toujours en admiration à l'écoute des brulôts rock de Pearl Jam, Nirvana, Stone Temple Pilots ou Mudhoney, mais étrangement, ce sont les albums acoustiques ou de ballades d'AIC (les monumentaux Sap et Jar of flies) qui m'ont le plus bouleversé. Et alors qu'on croyait le groupe à jamais perdu (discographiquement parlant) après la sombre disparition de Layne Staley, Alice in Chains a fait un retour remarqué dans les bacs à la fin des années 2000 avec le gigantesque Black gives way to blue d'une noirceur difficilement descriptible. J'ai eu du mal à me remettre de la claque phénoménale que m'a procuré cet album puissant et déboussolant, et dire que The devil put dinosaurs here était attendu, pour ma part, est un doux euphémisme.
On prend les mêmes et on recommence : la colonne vertébrale quasi originelle est toujours de la partie (Jerry Cantrell à la guitare, Mike Inez à la basse et Sean Kinney à la batterie), tandis que William DuVall s'impose encore un peu plus, non pas comme remplaçant du regretté Staley (ça ne pourra jamais arriver, jamais), mais comme membre à part entière du quatuor de Seattle. The devil put dinosaurs here, dernière cuvée en date, est un album surprenant dans la continuité. Proche de Black gives way to blue, ce nouvel opus rassemble toutes les qualités de son prédécesseur : lourd, pesant, puissant (mon Dieu, ces guitares !!!), dérangeant, lent, noir (quoi qu'un peu moins), et tout simplement génial. Les voix de Jerry Cantrell et DuVall (dont la ressemblance avec le défunt charismatique chanteur est saisissante) se complètent toujours à merveille, ajoutant à la dureté du basse/batterie et aux sonorités dérangeantes des guitares une atmosphère pesante et presque flippante. Ce n'est donc pas une surprise si le groupe balance trois bombes atomiques en ouverture du disque ("Hollow" , "Pretty done" et le sombre "Stone" dont le riff de guitare au beau milieu du morceau mérite à lui seul l'achat de cet album).
Ce disque est toutefois surprenant, car Alice in Chains arrive encore à tenir en haleine son auditeur pendant plus d'une heure, sans que l'on ne puisse lutter devant cette débauche d'énergie et de talent. Les arrangements sont splendides, les émotions intenses, que les morceaux soient lourds et pesants ("Lab monkey", l'énorme "Phantom limb") ou joués avec des sonorités acoustiques à la manière des chefs-d'œuvre composant Sap et Jar of flies ("Voices", "Scalpel", "Choke)". Alice in Chains prend le temps de poser les ambiances caractéristiques à chaque morceau, dévoilant lentement son jeu que l'on sait d'avance imbattable comme pour mieux nous faire languir de plaisir et nous faire succomber à leur folie douce. Je ne dois pas être le seul à être hypnotisé par l'écoute des morceaux composant ce nouvel album, même si les ambiances torturées de la première partie du disque évoluent en une sorte de légèreté toute aussi envoûtante.
Le poids des années et les événements que l'on connaît n'ont pas ébranlé ce monstre qu'est Alice in Chains, sorte de rouleau compresseur toujours actif et au sommet de son art. La puissance des morceaux et la beauté des mélodies vocales démontrent (mais était-ce nécessaire ?) qu'Alice in Chains n'a toujours pas déposé les armes, et que son âme est toujours pure et intacte. L'immense respect que j'éprouve pour ce groupe n'en est que renforcé.
Alice in Chains / Chronique LP > Black gives way to blue
Depuis les reformations épisodiques du groupe, on espérait qu'Alice in Chains se décide à franchir le pas, à sortir du deuil de Layne, à revivre comme un groupe avec quelqu'un à la place de Staley et à se remettre à bosser près de quinze ans après l'éponyme (le Tripod), c'est l'Histoire du groupe, c'est aussi celle du premier texte du skeud, "All secrets known". Pas évident mais dés les premiers titres diffusés (single, clip), force était de constater que William DuVall n'allait pas énormément changer la face du groupe. Le nouvel Alice in Chains ne subirait pas les critiques émises à l'encontre des Sepultura, AC/DC ou autre Archive dont le changement de chanteur avait apporté un changement de registre plus ou moins radical. Là, l'auditeur non averti aura du mal à faire la différence entre les époques tant Alice in Chains propose toujours du (grand) Alice in Chains avec Black gives way to blue. N'oublions pas qu'ils ne leur fallaient pas uniquement "remplacer un chanteur irremplaçable" mais également composer un album suffisament remarquable pour qu'il puisse soutenir la comparaison avec les chefs d'oeuvre des années 90 (Facelift, Dirt, Alice In Chains) et c'était certainement le pari le plus difficile à tenir... L'écoute avancée de "A looking in view" avait permis de dissiper des doutes, ces mecs ont gardé tout leur talent ! Guitares sombres et lourdes, multiples chants donnant des frissons, rythmes puissants et assurés, le Alice de notre jeunesse est bel et bien vivant et continue de me retourner le coeur. Du AIC de grande classe mais peut-être trop "classique" pour les amateurs d'évolution constante... Ceux-là devraient quand même s'agenouiller devant quelques pièces de toute beauté comme "Check my brain" ou "When the sun rose again".
Seule petite anicroche, la pochette, moins réussie que les précédentes mais qui illustre le passage du noir au bleu et un coeur qui a souffert. "Black gives way to blue" est aussi le dernier titre de l'album, une balade inspirée par leur vieil ami dont le fantôme hante bien plus que ce seul morceau, Lay down, I'll remember you, et de là où il est, je suis sûr que Layne est fier de son groupe.
Alice in Chains / Chronique LP > Dirt
On ne le dira jamais assez : la drogue, c'est mal. Un constat évident comme il est tout aussi évident que le couple drogues/musiciens talentueux a souvent été un mélange détonant et catalyseur dans la création de grands disques qui resteront dans l'histoire de la musique. De Syd Barrett en passant par les Doors où plus récemment les Kyuss, ces musiciens ont tous utilisé des procédés chimiques pour amplifier leurs sens afin de les mettre au service de leurs talents et d'une vision souvent avant-gardiste de la musique. Mais à trop vouloir ouvrir les portes (de la perception) de manière abusive, les drogues ouvrent aussi celles des abîmes de la dépendance et du mal-être : un revers de la médaille qui semble inéluctable. Au moment d'enfanter Dirt, la donne est un peu différente du côté de Seattle : les AIC viennent de sortir un album prometteur acclamé et un EP carrément encourageant et s'adonnent sans frein au mode de vie rock'n'roll qu'ils ont toujours envié à leurs idoles (Ozzy Osborne en tête). Les membres d'AIC sont tous en proie à des addictions diverses, à des niveaux variables, mais c'est surtout Layne Staley qui semble le plus empêtré dans les sables mouvants de la dépendance à l'héroïne. Layne se défonce, traverse des périodes d'euphorie intense liées à sa consommation de narcotiques mais expérimente aussi la dépression, le manque, la solitude et l'isolement. C'est à la fois dans et avec cet environnement que les AIC vont créer, s'en inspirer (surtout au niveau des textes) et alimenter en noirceur leur second album intitulé sobrement Dirt.
Facelift avait été l'occasion de démontrer ce que le groupe savait faire avec les amplis à un volume élevé, Sap une opportunité de les contempler dans une posture plus intimiste et d'apparence plus apaisée, Dirt fait de nouveau la part belle aux ambiances électriques tout en ne négligeant pas cette niche ouverte sur Sap. Les composantes qui ont fait le succès d'AIC n'ont à priori pas changé : un Jerry Cantrell pourvoyeur en riffs d'inspirations "sabbathiennes" et un Layne Staley à la voix métallique chromée qui n'a jamais été aussi proche de surpasser ses idoles dans la maîtrise de ses cordes vocales. Pourtant, l'amélioration qualitative est évidente, le songwriting s'est affiné, les AIC semblent avoir trouver la voie à suivre en matière de son et d'identité : à la fois plus massif, plus nuancé et plus chargé encore en ondes négatives. Dirt ou 12 morceaux en forme de déclarations de désamours aux parts obscures de l'Homme. "Them bones", où Layne semble expulser le poison de lui-même, et "Dam that river" étonnent par leur fougue grisante mais c'est surtout sur les morceaux mid-tempo où les AIC excellent, impressionnent et usent du génie enfoui en eux ("Rooster", "Junkhead"). Contrairement à ses auteurs qui les collectionnent, Dirt ne connaît aucunes failles ni faiblesses et d'ailleurs, plus les pistes se succèdent, plus les AIC se montrent brillants et cela jusqu'au terme de l'album. En guise d'"au revoir, à bientôt ?", le groupe conclut Dirt sur 3 perles certifiées AIC qui peuvent, à elles seules, être représentatives de l'étendue de la personnalité volatile du groupe : un "Angry chair" métallique rageur, un "Down in a hole" acoustique à la beauté funèbre et un "Would ?" à l'interrogation désespérée, un triplé indéniablement magnifique qui achèvera de convaincre l'auditeur si ça n'était pas déjà fait.
Avec Dirt, les AIC réalisent l'album cathartique par excellence et par la même occasion, un des disques majeurs de leur carrière. L'adversité donne souvent l'occasion aux personnes de se surpasser et les Alice in Chains nous en donnent un exemple étincelant de talent(s).
Alice in Chains / Chronique LP > Sap
Après un Facelift résolument orienté vers les compositions empreintes d'électricité, le groupe de Seattle prend son public à contre-pied en sortant un E.P acoustique où les guitares électriques ne feront quelques rares apparitions ("Got me wrong" entre autres). Et quand on scrute le background de Jerry Cantrell, ce choix n'est finalement pas si étonnant : le guitariste ayant fait ses premières armes adolescent sur la guitare acoustique offerte par ses parents en reprenant ses idoles d'alors, Ted Nugent, Fleetwood Mac et Kiss. Il a probablement gardé ce goût pour les ambiances apaisées durant cette époque. Sap est donc une collection de quatre ballades évoluant dans un registre folk mais toujours trempé de cette noirceur contagieuse qui caractérise désormais la musique du groupe. Les Alice in Chains sont ils-aussi à l'aise dans un répertoire plus calme et introspectif ? On ne peut que répondre par l'affirmative tant les morceaux sont d'une beauté souvent vénéneuse et contiennent quelques moments d'anthologies. Parmi ceux-là, "Brother" qui commence sur un riff et des percussions aux consonances orientales et raisonne comme un clin d'oeil au Black Sabbath de "Planet caravan". Ou bien "Right turn" qui est un des sommets de cet EP : le morceau voit la participation de Chris Cornell (Soundgarden vient de sortir Badmotorfinger et Mister Cornell avait encore du coffre à cette époque) et de Mark Arm (chanteur de Mudhoney) pour une ballade poignante qui pourrait résumer à elle seule ce qu'était la scène de Seattle à l'époque : une bande de potes qui s'auto-émulaient dans la création musicale.
Les EPs sont souvent synonymes de récréation et de laboratoire pour les groupes et celui-ci ne dérogera pas à cette règle. Sap est une belle exploration d'une facette, alors inconnue, d'AIC. Le groupe continue de se chercher une identité et étend le spectre de ses possibilités : ils passent d'une noirceur extravertie à des ambiances plus introverties avec une facilité déconcertante. Cet EP est une étape qu'il ne faut pas négliger dans la discographie et dans le processus d'élaboration du son AIC qui atteindra une de ses multiples apogées sur Dirt.
Un dernier mot sur l'artwork qui à la mérite d'inciter à la réflexion tout en étant assez évocateur. En ces temps de dématérialisation massive, on ne dira jamais assez combien les pochettes et les livrets de manière générale sont des éléments supplémentaires qui aident à la compréhension de la musique d'un groupe. Et c'est d'autant plus le cas avec Alice in Chains.
Alice in Chains / Chronique LP > Facelift
Facelift est le premier album d'Alice in Chains, fruit de quelques années de gestation. Cet opus a incontestablement contribué à faire d'AIC un groupe à part dans cette scène "grunge" qui rétrospectivement, n'avait que très peu de pertinence, mis à part le fait de rassembler des groupes d'une même provenance géographique. Les intéressés eux-mêmes étaient d'ailleurs assez dubitatifs quant au fait d'être associés dans cette étiquette "grunge" avec les joyeux drilles des Presidents of USA, avec lesquels ils n'avaient pas grand chose en commun musicalement parlant. Les AIC se distinguaient de la masse de groupes proliférant à l'époque par une noirceur globale et des ambiances bien plus pesantes. Les guitares y sont résolument plus métalliques, les influences différentes (Black Sabbath, le glam rock), la violence des maux (des mots ?) est exacerbée. Les deux architectes du son made in AIC que sont Jerry Cantrell et Layne Staley y ont trouvé le moyen d'exorciser leurs démons en explorant les divers abîmes de la condition humaine.
Les hostilités démarrent avec un "We die young" percutant et incisif. Les ingrédients qui feront le succès d'AIC sont dores et déjà présent : le sens inné du riff racé pour le classieux Jerry Cantrell et le timbre de voix de Layne Staley qui s'avère malsain à souhait. Mettre en doute de la sincérité de Layne et d'ailleurs impossible tant cette voix est empreinte de désespoir et de souffrance : un garçon littéralement habité par les textes qu'il chante. On songerait volontiers à un Ozzy Osbourne (de la belle époque de Black Sabbath, d'ailleurs influence majeure de Layne) brut de décoffrage et décomplexé osant s'aventurer aux frontières d'un certain lyrisme (probablement grâce à cet héritage glam rock) Le résultat est édifiant et souvent d'un morbide savoureux. Les AIC poursuivent cette lente descente dans les profondeurs avec un "Man in the box" qui fait partie des classiques du groupe. La voix métallique de Layne et les riffs acérés de Jerry ne font souvent qu'un lors de belles envolées et rendent le propos du groupe d'autant plus riche en émotion. Les morceaux exceptionnels s'enchaînent sans véritable temps mort. Une énumération est vaine et fastidieuse tant les moments de bravoures sont extrêmement nombreux et font de ce Facelift une véritable succession de perles métalliques.
Les Alice in Chains mettent le niveau très haut pour un premier essai : l'album est une collection de moments sombres d'anthologie (prodigieux "Love hate love") et une minorité d'autres finalement plus banals (entre autres "Confusion"). Cet album est probablement le plus humain, à l'image d'une vie de groupe parsemée de hauts et de bas. C'est d'ailleurs dans cette recherche d'une "hauteur" constante et d'une production d'endorphines effrénée que Layne Staley finira par se brûler les ailes à petit feu tout en rendant AIC incontournable dans la galaxie du rock torturé.