Some kind of hate puis "There will be blood", voici les bons points que l'on distribuera à Aiden avec ce nouvel album. Et ce sera tout, ou presque. Le premier ira au titre de l'album, qui évoque à un mot près le très culte "rockumentaire" sur Metallica Some kind of monsters paru au milieu des années 2000 et sans aucun doute l'un des meilleurs films documentaires jamais réalisés sur un groupe de musique à ce jour. Le second, au premier morceau de l'album dont le titre renvoie lui à un autre excellent film, un "vrai" cette fois, signé Paul Thomas Anderson et sûrement l'un des tous meilleurs dramas sorti au cinéma lors des dix dernières années.
Pour le reste, Aiden c'est du punk-rock basique, pas foncièrement mauvais sur le papier mais terriblement convenu au fur et à mesure que les morceaux défilent sur la platine. L'archétype du groupe "tu as écouté un titre, tu les as tous entendu" fatalement signé chez Victory Records régulièrement spécialiste en la matière. Le débat est connu dans ces pages (on en parlait encore dernièrement lors de la chronique d'une autre des sorties récentes du label avec The current will carry us de Counterparts : la maison de disques américaine était une référence absolue la scène alternative il y a une petite décennie. Une époque où les groupes que l'on retrouvait sur le roster de la structure basée à Chicago répondaient aux noms de Bad Brains, Boysetsfire, Madball, Hatebreed ou Thursday. Bon maintenant c'est plus Emmure, A Day to Remember, Otep, God Forbid... ou Aiden.
Musicalement, Some kind of hate compile donc tous les clichés les plus éculés d'un punk-rock mélodique ultra-produit ("Broken bones", "Irony in the shadows"). Par conséquent on passe assez vite sur les premiers morceaux, entrecoupés d'une reprise des Misfits ("London dungeon") et on se retrouve face à deux/trois titres qui, peu à peu, remontent le niveau en donnant dans un rock véloce et énergique, pas du tout original mais plutôt efficace dans son genre ("Deactivate") surtout lorsqu'il s'échappe quelque peu du registre punk-rock standardisé ("The courage to carry on"). Le souci, c'est que les Aiden reviennent invariablement à leurs premiers amours (avec "Grotesque vanity", "Freedom from religion") et que dans ce style là, on trouve mille fois mieux depuis des années. Bref, aussitôt écouté, aussitôt oublié.