Eryn Non Dae, Zubrowska, Dimitree, Drawers, Psykup, Toulouse a vu émerger de nombreux bons groupes, quand des membres de ces bands s'unissent pour en former un nouveau, avec en renfort un gars de Gorod (plutôt basé à Bordeaux), ça donne Ahasver. Un combo qui a travaillé dans l'ombre durant plusieurs années avant d'éclater au grand jour (quel bel artwork ! Inévitablement signé Jouch) avec un premier album signé chez Lifeforce Records (label qui a bossé/bosse sur Heaven Shall Burn, Doyle Airence, Destinity, Between the Buried and Me, Caliban, Trivium...). Ahasver donc, un nom issu d'une légende médiévale à propos d'un immortel, nommé Ahasverus, il serait le "juif errant", condamné à attendre le retour de Jésus qu'il n'a pas voulu aider... Le personnage est un symbole de faute et de peine, il est souvent accompagné de malédiction et son "histoire" est à la source de nombreux personnages de fiction (Sue, Dumas, Baudelaire, Goethe, Apollinaire, d'Ormesson, García Márquez...), depuis quelques siècles, croiser Ahasver n'était pas synonyme de bonne nouvelle. Les amateurs de mythe et de théologie vont devoir revoir leur copie car cet album correspond à ce que les Grecs de l'Antiquité appelaient une "Evangelion".
Se présentant comme "progressif", le quintet est avant tout aussi métal qu'alternatif, jouant avec les effets, les sonorités et les intonations pour, selon les mesures, paraître plutôt death, plutôt rock, plutôt math, plutôt core, plutôt post... Un animal polymorphe qui transforme en or tout ce qu'il touche car quelques soient les chemins pris, ils aboutissent à des parties particulièrement réussies, qui communiquent parfaitement bien entre elles et forment un tout très cohérent. Causa sui, loin d'être là par génération spontanée, résulte de l'amalgame des différents talents de ses membres qui ont laissé libre cours à leur imagination pour composer des morceaux incisifs, relativement courts (pour cinq d'entre eux en tout cas), qui portent des éléments forts (un riff, un rythme, une ligne de chant...) qui, combinés, forment un bloc compact et solide qui ne ressemble à aucun autre. La variété apportée par le chant (aussi à l'aise dans la clarté que l'obscurité) donne du relief et permet de nous élever jusqu'aux plus hauts sommets (la cerise "Kings"). Quel impressionnant parcours sans faute pour cette première déambulation, on va donc suivre celui qui erre...
Publié dans le Mag #52