Agora Fidelio : Les Illusions d'une route : Bagdad Après avoir touché au sublime avec Les illusions d'une route : Barcelone, Agora Fidelio a retouché terre en nous amenant à Bagdad... Et c'est davantage la Bagdad actuelle que le lumineux et grouillant carrefour du monde médiéval... Moins magique que son prédécesseur Les illusions d'une route : Bagdad apporte un peu de déception à l'auditeur transi que je suis, la faute à deux premiers titres trop simplistes pour les géniaux Agora Fidelio. Habitué au sensationnel, le bon passe vite pour du moyen... "Drapeau blanc" demande la fin du combat dés le commencement, un texte français parlé amène la relation personnelle sur le champ de bataille, un titre lent où la musique habille un peu l'élan mélodique, l'apparition de l'anglais est certes déposée avec délicatesse mais il m'est difficile de me laisser emporter par cette ouverture.

"Chaos debout" donne du rythme, le combat se déroule rapidement mais sans vraiment de surprise, les riffs sont évidents, d'autres ont pensé avant à cette architecture et à cette attaque graduée, on est loin du meilleur niveau des Toulousains... Heureusement, la suite de l'EP est bien plus proche de ce qu'ils ont l'habitude de faire : nous transporter par des sons, des ambiances et des textes percutants. Guitare insidieuse, chant hypnotisant, "Par mes flèches" touche leur cible, le coeur, blessé mais ravi, on se laisse soigner par "Le sens du vent", d'abord chaleureux, le titre s'excite et vient remuer la pointe dans la plaie, on est donc endolori et aux aguets quand est déclamée "C'est une guerre", cette déclaration est suivie de la déclinaison du champ lexical de bataille puis de sauvages éructations des instruments et de la voix qui cherche à se défendre. Le combat est intense, le titre est donc court, trop court. L'énergie sera bien plus délayée dans "J'ai vu", la guerre est terminée, c'est l'heure de la réflexion sur les ruines chaudes, qui est responsable ? Qui est victime ? Agora Fidelio s'interroge et nous envoie ses pensées directement, la guitare et quelques sons traînent à l'arrière-plan puis viennent occuper les devants du théâtre des opérations nous bousculant lentement, les saturations emplissent l'air, à droite et à gauche, Milka nous donne le tournis, nous force à poser un genou à terre, Il y a eu la guerre ici, il va falloir reconstruire...

Les illusions d'une route : Bagdad n'est pas aussi exceptionnel que la première étape faute d'excellence du début à la fin mais était-il seulement possible d'égaler l'EP précédent ? Et faut-il être déçu quand deux plages ne sont pas aussi bonnes que le reste mais sont tout de même largement supérieures à la production moyenne du paysage musical ? Agora Fidelio est et restera toujours hors norme, cette toute petite faiblesse prouve qu'ils sont bien humains, quelque part, c'est rassurant.