agora_fidelio.jpg Du post-rock chanté, du rock atmosphérique aux tendances orageuses... A l'image de sa musique qui s'inspire de beaucoup sans jamais copier personne, Agora Fidelio est avec son nouvel album, à la croisée des chemins. Comme toujours, artwork et packaging sont scrupuleusement soignés et après la simple mais sublime pochette d'Altitude zéro, le groupe nous offre un nouveau visuel, peut-être moins classe que son précédesseur, mais tout aussi inspiré (cet effet froissé est une idée est certes futile mais absolument brillante). Une fois passées ces considérations esthétiques, on entre de plein pied dans cet album et on oublie facilement les absurdités que l'on a pu lire sur le groupe, comme quoi la musique d'Agora Fidelio évoquerait invariablement Sigur Ros, Mogwai et/ ou Cult of Luna... Soit. Sans faire injure à l'une ou l'autres de ses formations (loin de là), ni dénigrer le travail des auteurs de Le troisième choix, il faut parfois arrêter de faire des parallèles pour mieux se concentrer sur l'essentiel. Car il est une évidence de dire que dès qu'un groupe évolue dans des sphères proches du post-rock, il évoquera forcément Mogwai, que dès que sa musique a quelque chose de céleste, on pense à Sigur Ros et que si en plus, il joue aussi bien avec le calme qu'avec la tempête, c'est parce qu'il est influencée par le travail des suédois de Cult of Luna... certains groupes n'en conserve pas moins une véritable personnalité musicale, que l'on aime leur art ou pas. Agora Fidelio est de ceux-là. Si l'atmosphère rêveuse qui baigne la majeure partie de l'album a tendance à procurer chez nous le même effet que les ballons qui flottent dans les airs sur l'artwork, Le troisième choix est un disque de rock ascentionnel pour le moins racé. Une oeuvre sensible et souvent sur le fil du rasoir, accompagnée de lignes de guitares surraiguës alors qu'elle baigne dans une tristesse parfois insondable (la mélancolie suicidaire de "Ma violence"). Dressant un constant lucide mais parfois un peu facile des maux de notre monde ("Une époque formidable"), Agora Fidelio offre quelques compositions savamment ciselées ("Finir à Paris", "On sème"), quelques morceaux tantôt calmes et réfléchis, tantôt plus brut de décoffrage, exprimant leur rage dans quelques déchaînement de violences plutôt bien amenés. Et si le chant dans la langue de Molière peut parfois heurter, le groupe parvient avec ce Troisième choix a franchir l'étape de la matûrité artistique, livrant par la même 11 titres, maîtrisés, inspirés et aux qualités mélodiques indéniables ("L'enfance", "Puisqu'on est pas mort"), pour un disque à l'élégance plutôt rare dans le paysage musical hexagonale.