Music from another dimension Avant d'entamer la lecture de cette chronique, il faut que tu saches que la présence d'Aerosmith dans nos pages a fait l'objet d'un vif débat au sein de la rédaction. A ma gauche, les intégristes avides de décibels et technocrates de l'indépendant. A ma droite, les puristes amateurs de bon goût et, respectueux des aînés qui ont participé à l'avènement du rock. Choisis ton camp, camarade. Je vous rassure tout de suite, je fais partie du deuxième groupe. Mais pourquoi une telle levée de boucliers ? Aerosmith, un groupe has been qui n'a rien à foutre sur ton mag numérique préféré ? Music from another dimension, le disque de trop pour un groupe qui aurait du raccrocher ? Pas si sûr.

Nouvel album depuis 2001, Music from another dimension marque le grand retour aux affaires de la bande de Steven Tyler. Franchement, au moment d'enfourner la galette dans sa platine, on sait à peu près à quoi s'attendre : ça sera classic rock ou ça ne sera pas. Il y aura forcément des riffs imparables, des solis en place et des balades euh... peut-être dispensables. De ce côté-là, pas de surprises donc. Les riffs sont là ( "Oh Yeah", "Beautiful", "Out go the lights"...), les solis sont présents à la pelle et les balades, bah ... elles sont là ("Tell me", "Wath could have been love", "Can't stop lovin' you"). Aucun doute donc, il s'agit bien là d'un album d'Aerosmith. Voilà, pour le fond.
En ce qui concerne la forme, il y a bien sûr des choses à dire pour un disque que les fans attendaient depuis dix piges. Pour les passionnés du son et des arrangements, la production assurée par Jack Douglas et la paire Tyler/Perry est imparable.pour desservir un album pop rock lisse et puissant sans être agressif. Les gars en mettent partout (chœurs vertigineux, instruments à corde, j'imagine les dizaines de pistes sur la console !), ce qui aurait pu rendre le disque indigeste si nous n'étions pas en présence de pros. Malgré le grand nombre d'informations à enregistrer à l'écoute de chaque morceau, on ne pourra pas reprocher aux cinq de Boston d'avoir lésiné sur les moyens.
Aerosmith opte depuis un bon nombre d'années pour une formule mélangeant morceaux rock et ballades dont ils sont devenus des experts. Mais contrairement à Get a grip, grand succès commercial du début des années 90, j'ai du mal à trouver le ou les morceaux qui se détacheront du lot et qui deviendront des tubes interplanétaires. Et même si les musiciens sont en forme (la voix de Steven Tyler est magique, la paire basse batterie fait des merveilles, et les guitares sont globalement inspirées) pour délivrer de bons morceaux, on ressent parfois la désagréable impression que les gars ne sont pas revenus uniquement pour l'amour de la musique et ainsi se retrouver dans un local pour envoyer des répètes endiablées.

En résumé, Music from another dimension est un bon disque malheureusement sans surprise. Le fan d'Aerosmith sera comblé de bonheur à l'écoute de ce disque qui n'aurait très bien pas pu voir le jour (les relations entre les deux têtes pensantes de la formation US ne sont pas vraiment au beau fixe), l'amateur de rock au sens large du terme jettera une oreille attentive sur la nouvelle production d'un groupe qui sait écrire de bonnes chansons tout en regrettant que le quintet ne délivre pas un disque entier de boogie-rock aux rythmes endiablés, et l'intégriste avide de décibels et technocrate de l'indépendant brûlera cette chronique tout en jetant un sort à mon patronyme.