Ça faisait quelques années déjà que je voulais faire mes interviews à l'Xtreme Fest dans le télésiège qui mène au lac de Cap Découverte, histoire d'avoir un contexte et cadre qui soient un peu plus atypiques qu'un espace promo lambda. Ayant bien anticipé cette fois, cela a pu se faire et il a même été question que ma camarade Dina filme ces interviews. En attendant de voir le rendu vidéo, voici donc la version retranscrite de la toute première Joining the chairlift ever, avec comme cobayes les bouillants et fort sympathiques jeunes Anglais d'Aerial Salad, Jake (batterie) et Mike (basse), Jamie (guitare/chant) étant resté en plan car il n'y avait que 4 places sur le télésiège et il avait un petit peu le vertige. La traversée est courte (moins de 10 minutes) donc on est plutôt resté en surface mais n'hésitez à creuser davantage ce groupe, they're gonna be big !
Aerial Salad
Vous avez déjà dû faire pas mal d'interviews mais j'imagine que c'est la première dans les airs ?
Mike : C'est effectivement à 100% la première et c'est complètement cool ! On n'a jamais fait un truc pareil !
Jake : Le cadre est vraiment magnifique autour.
Vous vous définissez comme de la "contre-culture audible", sur Bandcamp. Pouvez-vous décrire le groupe en un peu plus que trois mots ?
Mike : En plus de trois mots ? Hum... Post-Brexit, post-punk, post-Fall.
Jake : Madchester punk !
Mike : Ford Fiesta-core ! (rires) Mais ça fait encore trois mots.
Ce sont trois autres mots, ça passe... Il y a un background punk-rock dans votre musique mais c'est aussi un mélange de différentes choses. Est-ce que vous écoutez tous des groupes différents ou bien est-ce que c'est la combinaison de vos trois influences ?
Mike : Il y en a beaucoup. On écoute tous de la musique anglaise, du post-punk, du hardcore et même de la musique brésilienne.
Jake : J'aime énormément la musique hardcore, notamment américaine. Après on a tous ces racines punk-rock de Green Day, Descendents, qu'on écoutait quand on avait 13-14 ans. C'est ce qu'on a en commun et on a tous évolué pour enrichir cette base et essayer de faire notre propre musique.
Vous auriez donc pu vous appeler Musical Salad ?
Mike : Ahaha, pourquoi pas. Comme l'a dit Jake, quand tu débutes tu as tendance à n'écouter qu'un seul truc, et en vieillissant... parce qu'on a démarré très tôt, tu t'ouvres davantage à d'autres styles comme le hardcore, la soul, le hip hop et tu n'es pas bloqué, tu n'as pas d'appréhension à les incorporer dans ta musique.
Comme vous je trouve que c'est mieux quand un groupe s'inspire de plusieurs influences et n'est pas une copie conforme. Vous avez démarré avec comme objectif de jouer au Fest, à Gainesville en Floride et vous avez réussi. Félicitations ! Qu'a-t-il de spécial ce festival ?
Mike : Ça vient de Jamie (guitare/chant). Il y était allé l'année précédente et s'est retrouvé à un concert avec Tony de No Idea qui gère The Fest. Je n'en avais jamais entendu parler mais il nous a dit qu'il fallait absolument qu'on aille jouer là-bas ! On a fait une démo, Tony l'a écoutée et nous as dit que c'était OK, on pouvait venir jouer. On était très chanceux, et très jeunes. Je venais tout juste d'avoir 18 ans, Jamie en avait 20 et les gens était là : mais c'est qui ces gamins anglais ? C'était complètement fou, une expérience unique dans une vie, très intéressant.
Jake : Et c'était genre notre dixième concert max !
Aerial Salad
Vous êtes retournés aux USA depuis ?
Mike : Non. J'ai l'impression que c'est devenu plus dur. Ça a failli se faire mais c'est plus compliqué pour un petit groupe anglais comme nous, les visas coûtent cher, surtout depuis le Brexit. On aimerait bien mais c'est plus facile de tourner en Europe.
Je ne sais pas si c'était un but pour vous mais l'un de vos morceaux a été diffusé sur la radio nationale BBC1. Quel effet ça fait et quel est le prochain objectif maintenant ?
Mike : Réussir à sortir comme ça de chez toi c'est vraiment une étape importante. BBC1 en Angleterre c'est hyper respecté et un réel tremplin pour un groupe. C'est la station que tu écoutes en grandissant. Elle est branchée dans toutes les voitures, tous les endroits où tu vas, même au travail. Être diffusé au milieu de tous ces excellents groupes c'est top et j'étais vraiment ravi.
Jake : Sinon je pense que le prochain objectif en ce qui concerne la vie du groupe c'est de faire le plus de concerts possibles, dans des lieux aussi beaux et cools que celui-ci.
Mike : Oui, et faire des festivals de plus en plus gros comme ici c'est vraiment un rêve qui se réalise. A partir de maintenant, tout le reste ce n'est que du bonus.
C'est donc votre première fois à l'Xtreme Fest, dans ce cadre idyllique avec cette magnifique vue. En tournée, entre deux villes, deux pays, vous avez quand même le temps de profiter un peu des endroits, ou alors tout est focalisé sur le concert ?
Mike : Aujourd'hui on a tout particulièrement fait attention. On a tourné en France au début de l'année et cette fois on a pris un day off à Orléans pour couper la route en deux, et on en a profité pour barboter dans une piscine, manger un délicieux repas...
Jake : Et on s'est levé tôt afin de pouvoir faire un tour sur le site, en profiter pleinement avant de faire notre truc.
Vous venez de Manchester où The Smiths et Morrissey étaient iconiques dans les 80's, Oasis dans les 90's, Aerial Salad va-t-il être le groupe des années 2020 ?
Mike : J'espère bien ! C'est assez jouissif de se retrouver aux côtés d'eux dans la même phrase. (rires)
Et quels étaient les groupes de Madchester dans les années 2000-2010 ?
Jake : Supera Morza.
Mike : Oui, ce sont nos potes. Là comme ça je n'arrive pas à t'en nommer un qui ressort. Il y en a eu quelques-uns mais ils n'étaient vraiment pas aussi gros que les précédents. C'est peut-être moi mais je trouve qu'aucun n'a eu le même impact qu'Oasis, The Fall ou The Smiths.
Jake : Je crois qu'on a épuisé tout notre stock de groupes iconiques à Manchester. (rires)
Aerial Salad
Votre précédent album Dirt mall est sorti en février 2020, autrement dit, la meilleure date possible pour sortir un disque...
Mike : La pire, oui ! Dans mes souvenirs il est sorti, puis deux semaines après il y avait le confinement, alors qu'on avait une tournée de prévue sur les deux mois de mars et avril, tout était calé et a été jeté par la fenêtre. C'était frustrant mais cela nous a servi malgré tout, on a pu recaler certaines dates, et garder des plans pour d'autres tournées, notamment pour ce nouveau disque, R.O.I..
Oui, malgré tout vous avez quand réussi à promouvoir cet album, dont plusieurs concerts en France. Comment s'est faite la connexion avec notre pays ?
Mike : C'est notre bookeuse Mathilde de Pressure Tour Service, qui est super avec nous (merci Mathilde !). Elle avait booké toute la tournée pour Dirt mall...
Jake : Celle qui devait avoir lieu, mais qui ne s'est pas faite donc depuis elle a de la pitié et de la sympathie pour nous, et essaie de nous caler partout où elle peut en France. (rires)
Et vous l'avez connue comment ?
Mike : Je crois que c'est par l'intermédiaire de Fraser de The Murderburgers mais peut-être que je me trompe. En tout cas c'était avec un des groupes de Pressure qui tournaient en Europe et on a croisé Mathilde au moment où on avait besoin d'un coup de pouce. Elle a été super et on est très contents et chanceux de travailler avec elle.
Dernière question car le tour en télésiège touche à sa fin, quels groupe(s) êtes vous excités de voir à l'Xtreme Fest ?
Mike et Jake : Descendents ! Et nos ami.es de The Meffs mais c'est demain.
Ça tombe bien, on doit les interviewer également.
Mike : Excellent, vous leur passerez le bonjour. Merci beaucoup pour l'interview !
Merci à Vincent et Sarah de Pollux Asso, Dina pour la vidéo, Mathilde Pressure et les Aerial Salad (Jamie nous ayant rejoints en bas après).
Publié dans le Mag Fest 2024