aeria_microcosme.jpg On se serait douté que, le succès aidant, de nombreuses formations dites (et on va être gentils) "suiveuses", chercheraient à emprunter les voies musicales explorées par l'icône The Gathering. Et on aurait donc eu bien raison (sic). Pourtant, objectivement, il convient de différencier deux catégories de groupes : d'un côté, ceux qui plagient sans le moindre remords celui qui a du succès pour n'en être que de vulgaires clones, de l'autre, ceux qui revendiquent humblement un héritage musical, tout en développant un son qui leur soit propre. Aeria Microcosme est de ceux là, de ces groupes de rock atmosphériques qui savent manier l'art de la composition pour livrer des morceaux de rock sombre, éthéré et métaphorique (l'introductif "Ignition") évoquant inévitablement l'oeuvre de The Gathering sans pour autant se laisser enfermer dans le carcan du modèle que l'on essaie vainement de copier.
Un clavier annonciateur d'heures sombres, lignes de guitares désenchantées, un chant au diapason triste et mélancolique, "Ambitions illusoires" est à l'image de son titre. Beau à en pleurer, tout en finesse et émotions. Sensoriel, toujours à fleur de peau, le rock atmosphérique d'Aeria Microcosme déploie lentement ses instrumentations magnifiquement travaillées et sa voix pleine de grâce le temps d'un "Frères de sang", mélodieux, intimiste et élégant. On pense alors que le quintet toulousain va poursuivre dans cette voie. Et l'on se trompe lourdement. Cavalcade batterie/clavier, "Microcosme" marque un changement dans le tempo imprimé jusque là sur cet EP. Le groupe toulousain lâche les chevaux et fait cette fois parler la puissance et la maîtrise technique, sans pour autant délaisser ce qui faisait la beauté des précédents titres : des ambiances progressives, un chant stratosphérique et épuré, des textes plein de finesse, évitant habilement les clichés du genre.
Une fois passé l'exercice de virtuosité formelle, Aeria Microcosme nous offre deux derniers titres, le mélodieux "Le silence m'a dit", et surtout le sublime "Métamorphose". Une pluie de notes au clavier subtilement distillées, une section rythmique toute en retenue, un chant dépouillé, le quintet livre une ultime composition du calibre des cinq précédentes sinon supérieur. Un morceau qui apparaît comme l'essence de ce dont est capable ce jeune groupe toulousain : où quand rage, puissance, intensité, douceur et émotion parviennent à trouver un terrain d'entente, harmonieux et envoûtant ; qu'un jeune groupe faisant ses débuts se révèle être, en l'espace d'un petit EP, l'un des plus sûrs espoirs de la scène rock made in France. En attendant maintenant un premier album. Chapeaux bas.