aereogramme_my_heart_has_a_wish_that_would_not_go.jpg A l'heure de son quatrième opus au titre fleuve : My heart has a wish that you would not go, Aereogramme est revenu porter les couleurs de son Ecosse natale en revenant chez Chemikal Underground (Arab Strap, Mogwai, Mother and addicts) son label d'origine, après une petite infidélité avec Undergroove Records, à l'occasion de Seclusion. Entre-temps, le groupe, qui n'a jamais su être très grand public a par contre partagé un split avec un grand nom de la scène metal indé : Isis : Isis | Aereogramme à l'occasion du 14e volume des Fishtank Sessions, ce qui fait qu'on attend beaucoup de cet opus. Un retour aux sources contractuel et affectif donc, qui pourtant va étonnamment contraster avec l'évolution musicale de cet album plus post-rock et apaisé qu'auparavant.
En réalité, cette évolution est autant voulue que forcée par le groupe, du fait des ennuis de santé de Craig B., vocaliste talentueux mais contraint d'économiser sa voix sur cet opus, lequel bénéficie donc d'un chant moins ravageur que sur Sleep and release par exemple. Instrumentalement, là où les précédents efforts du groupe pouvaient à tout moment s'enfoncer dans des tourments torturés, empreints d'une violence sourde et difficilement contenue, "Conscious life for coma boy" ou "Barriers" dévoilent des mélodies pop habilement plaquées sur des lignes de guitares qui ne sont pas sans évoquer un Oceansize en sourdine. Arrangements à cordes inspirés, ballades pastorales volubiles, le virage à 180° pris par le groupe a de quoi en dérouter plus d'un, tant tout ce qui faisait la force d'impact d'Aereogramme jusqu'à maintenant est aujourd'hui aux abonnés absents.
Même quand il est remplacé par des tonalités plus douces, quelques mélodies graciles, un post-rock céleste, enchanteur et épique ("Exits") aux mouvements progressifs subtilement amenés quand il ne s'égare pas en chemin (les poussifs "A life worth living", "You're always welcome"), on a du mal à suivre. En clair, le Aereogramme nouveau peine à convaincre. Evidemment, My heart has a wish that you would not go se laisse écouter sans déplaisir (mention spéciale tout de même à "Nightmares") mais le groupe semble avoir perdu une partie ce qui faisait toute l'intensité de sa musique, ce qui nous laisse sur notre faim et pas franchement surpris qu'il ait remisé le kilt quelques mois plus tard en scellant la fin de son aventure musicale.