L'habit ne fait pas le moine. Après avoir ouvert l'enveloppe contenant Ultimum zero le CD digipack du premier album de Abylifly, et avant d'enfourner le disque dans ma platine (délai qui peut prendre entre cinq secondes et quelques mois !), j'ai scruté comme il se doit la pochette au joli ciel bleu. Et j'étais loin d'imaginer que le fond (c'est-à-dire le son) n'aurait pas grand-chose à voir avec la forme.
Outre la biographie format A4 livrée avec l'exemplaire promo, je suis allé farfouiller sur la toile histoire d'en savoir plus. J'ai notamment eu accès à une page KissKissBankBank qui a pu me donner quelques pistes complémentaires (couplées à celles communiquées par mon pote Yann Cafzic) : Abyylifly est un duo de Mont-de-Marsan et dont les musiciens (Bach et Mimi en l'occurrence) officiaient dans le groupe de punk-rock Timides!. Après un EP et un album, Ultimum zero est donc le deuxième effort longue durée. Dix titres, un poil plus de trente minutes. Largement suffisant pour se faire une (très) (très) (bonne) idée du punk-rock balancé avec rage et talent. Car oui, il s'agit bien de punk-rock (saupoudré de noise) chanté majoritairement en français, mais aussi en anglais et en espagnol. Du punk-rock tendu ("Le marque page", "Ultimum zero"), abrasif ("Monkey"), entêtant ("Information"), de pure tradition alternative mais aux sonorités modernes et à la production dynamique. Penchant nettement du coté UK, les morceaux sont bruts et sans concession. Ils sont joués avec une certaine conviction et surtout, ils sont bien foutus. Pas (ou très peu) d'artifice, pas (ou très peu) de plan alambiqué, juste (et c'est déjà pas mal) beaucoup de talent et de bon goût. Ça ne respire pas la gaîté ("2020"), ça colle au cerveau comme un chewing-gum aux godasses et même le groupe alterne les morceaux speed ("Olvirade", "Tout le monde") et les titres plus lourds et percutants ("Malgré"), c'est dans ce deuxième registre que le groupe se révèle être, à mon sens, le meilleur.
Si tu es curieux (je n'en doute pas) et que tu ne t'arrêtes pas au ciel bleu de l'artwork, tu constateras à l'écoute de ce disque qu'Abylifly tient plus de l'orage sonore. Une belle surprise made in Sud Ouest.
Publié dans le Mag #55