Formé en 2005 sous le patronyme d'Alcohsonic, le quartet parisien Abrahma est au départ un groupe de stoner rock influencé par les grands noms de la catégorie qui sort deux albums remarqués dans le microcosme hexagonal en 2006 et 2009 (Never drink without sonic element puis Songs from the delirium tremens world) avant de se "saborder" volontairement quelques mois plus tard après son deuxième disque.
Mais tel un Phoenix renaissant de ses cendres, le combo voit rapidement le démon du stoner rock le titiller et se relance en 2011 avec un nouveau nom : Abrahma. Le groupe ferraille sur les scènes parisiennes histoire de parfaire sa griffe musicale et enregistre rapidement un album avant de signer chez le poids lourd du genre qu'est Small Stone Records, chez qui sort à l'été 2012 Through the dusty paths of our lives.
Infos sur Abrahma
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Rubrique :
Alcohsonic
Stoner rock alcoolisé qui a bouffé (et digéré) ses classiques...
Liens pour Abrahma
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Abrahma discographie sélective
lp :
Through the dusty paths of our lives
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Abrahma / Chronique LP > Reflections in the bowel of a bird
Par où commencer ? En déclarant l'évidence qui est qu'Abrahma est incontestablement devenu l'un (si ce n'est le) des meilleurs représentants de la scène heavy rock française ? En annonçant avec urgence, tel un lanceur d'alerte, qu'il faudra à présent les surveiller de très près ? Ou encore en prophétisant que la formation parisienne est porteuse de promesses d'avenir plus que réjouissantes ? Je serais même tenté de conclure dès maintenant en vous ordonnant d'aller acheter cet album le plus vite possible, mais pour avoir l'air un minimum impartial je vais quand même essayer d'argumenter et d'expliquer pourquoi Reflections in the bowel of a bird est un chef d'œuvre made in France comme on en voit que trop rarement et qui mériterait d'être défendu par Arnaud Montebourg lui-même.
Déjà, la pochette, rien que ça. Après tout c'est le premier contact que l'on a avec l'album, du moins quand on se les procure en physique. Alors commençons par le début : l'artwork est une véritable œuvre d'art signée Jàlon de Aquiles, dont les magnifiques travaux sont visibles à l'adresse http://enjalonate.blogspot.fr et qui signe ici une superbe peinture au psychédélisme aussi fascinant qu'effrayant. Un artiste probablement doué de synesthésie tant l'imagerie reflète à merveille la musique que son illustration renferme.
Car il y a à boire et à manger dans ce second effort livré par Abrahma, qui a notamment mis l'accent sur des compos aussi aériennes qu'heavy. Le titre d'ouverture à lui tout seul procure des sensations qu'on n' avait pas ressenties depuis la première écoute de Badmotorfinger. Le spectre des grandes heures de Soundgarden et d'Alice in Chains plane en effet au dessus de cet album aux multiples facettes. Ce qui n'empêche pas les Parisiens de posséder une personnalité bien affirmée ainsi qu'une obsession pour le songwriting de qualité qui habite la galette du début à la fin. La mettre dans le lecteur, c'est ouvrir une boîte de Pandore qui ne se referme jamais et dont on redécouvre le contenu à chaque écoute. Les ambiances crépusculaires, aussi complexes que prenantes, donnent à Reflections in the bowel of a bird un parfum d'épopée heavy épique, dangereuse et intense. Aussi sombres qu'envoûtants, les titres de l'album s'enchaînent avec maestria tels les versets d'un livre saint, la cohérence en plus.
Abrahma possède ce qu'il faut de fureur et de magie, alliant à la perfection les riffs burnés et les mélodies incantatoires d'outre-tombe. Dépeignant des paysages aussi apocalyptiques que vastes et magnifiques, le groupe nous invite dans un voyage interstellaire qui mettra notre imagination à mal. Jamais chiant, jamais trop long, jamais trop court, toujours passionnant et imprévisible, ce second album est une aventure quasi-cinématographique ambitieuse et aboutie qui n'a rien à envier aux canons anglo-saxons du genre. Ce n'est après tout pas pour rien si nos petits frenchies ont réussi à se faire leur trou au sein de Small Stone Records, avec la présence d'Ed Mundell en featuring pour la seconde fois, preuve que les grands esprits finissent toujours par se rencontrer, et faire de la grande musique.
Promis, ce n'est pas mon chauvinisme compulsif qui parle. Reflections in the bowel of a bird est indéniablement l'un des meilleurs albums de rock heavy qu'il m'ait été donné d'entendre jusqu'ici. Je tire donc tout simplement mon chapeau, en espérant qu'Abrahma saura trouver le public qu'il mérite chez nous comme à l'étranger. On a du mal à imaginer comment le prochain album pourrait dépasser une barre déjà si haute, mais de toute façon y a de quoi rêver pendant un bon bout de temps.
Abrahma / Chronique LP > Through the dusty paths of our lives
A l'heure d'Alcohsonic, patronyme sous lequel le quartet francilien a sorti deux albums il y a quelques années, l'"époque" musicale du groupe était à la déconne, son rock branché stoner burné appuyé par une certaine légèreté de ton (de graphisme aussi) lui conférait une couleur 90's et l''inscrivait alors dans la mouvance revival des Black Stone Cherry et autres The Answer. Cette époque-là est terminée. Quasiment auto-sabordé (le terme est un peu fort...) puis relancé quelques temps plus tard pour faire le deuil d'un passé révolu, absolument pas renié mais désormais de plus en plus éloigné de ses aspirations actuelles, la quartet a joué les phoenix renaissant de ses centres pour briller de mille feux au coeur de la scène Rock avec un grand R. Place donc à une nouvelle "entité", avec le même casting mais un nouveau scénario, celui d'Abrahma et d'un Through the dusty paths of our lives inaugural... déjà incandescent.
Pas le temps de se poser de question que déjà l'évidence se fait jour d'elle-même en l'espace de quelques riffs. Le groupe a eu raison de changer de nom. Non pas qu'il ait radicalement modifié son approche stylistique, mais parce que sa nature l'a amené à profondément évoluer pour proposer quelque chose de vraiment différent. Car "Alpha", "Neptune of sorrow" ou "Tears of the sun" mettent en quelques instants cet album sur une orbite heavy psychédélique vs stoner-rock "organique" de premier choix, le dernier-cité inaugurant par ailleurs la valse des guests de luxe (Pascal Mascheroni des Rescue Rangers, Ed Mundell de Monster Magnet et un Thomas Bellier échappé un temps de Blaak Heat Shujaa étant venus apporter à un ensemble qui ne manque certainement pas de corps) et Abrahma pose ses ambiances. Des atmosphères particulièrement ciselées, homogènes, parfois marécageuses, d'autres fois plus spatiales, rendant hommage à l'esprit rock des 70's sans oublier de sonner bien grunge, avec une légère couche de blues en nappage et un riffing stoner aussi ardent que rocailleux ("Honkin' water roof"), qui n'oublie pas les mélodies vénéneuses au fin fond du canyon ("Dandelion dust").
L'album sort chez Small Stone Records et autant dire que vu le pedigree du label américain (Dixie Witch, Dozer, Greenleaf, Hackman, Lo-Pan, Sasquatch, The Glasspack...), les petits frenchies n'ont pas fait semblant. S'offrant un élégant prélude ("Loa's awakening") pour inaugurer la première partie de son triptyque "Vodun" avec un "Samedi's awakening" aux lignes de guitare de cramées et gimmick rock'n'roll de piliers de bar US, ils vont vraiment au charbon. "Big glass cloud" déballe son riffing de patron et le groupe déverse sa complainte stoner sur des litres de bourbon pour adhérer à un feeling d'une efficacité diabolique. Un space-rock lourd, psyché et magnétique sur "Headless horse", un "Vodun pt.II : Zombie" furibard et déjanté avant de se frotter au blues habité d'"Oceans on sand", Through the dusty paths of our lives n'est clairement pas un album de plus à ranger dans la galaxie stoner. Il est au contraire un disque de Rock majuscule en explorant toutes ses facettes, les plus puissamment évocatrices comme les non-moins minimalistes et feutrées, tout cela pour donner naissance à un "tout" qui respire l'air des immensités désertiques nord-américaines, l'esprit des dieux de la musique amplifiée tout en développant une identité propre et polymorphe ("... here sleep ghosts", "Vodun pt.III : Final asagwe", "The maze") pour un album aussi âpre que lumineux, prégnant que ténébreux. La grande classe.